Le Gaboteur

Préparatif­s pour un conflit de travail chez IOC Rio Tinto à Labrador City

- Éric Cyr LE TRAIT D’UNION DU NORD

Une grève semble imminente à la minière IOC à Sept-Îles et Labrador City. Aucun navire n'est à l'horaire après le 1er avril pour le chargement de minerai de fer au quai d'IOC à Sept-Îles. Le Syndicat des Métallos croit que cette situation inhabituel­le laisse présager que la minière se prépare en vue d'un conflit de travail.

Après la rupture des pourparler­s au sujet du renouvelle­ment de la convention collective à deux reprises et malgré l'interventi­on de deux conciliate­urs nommés par deux paliers de gouverneme­nt, un pour le Québec et un pour Terre-Neuve-et-Labrador, le Syndicat des Métallos a rejeté de façon indéniable les demandes de concession­s de la minière Rio Tinto IOC sur la Côte-Nord du Québec et au Labrador. Ses adhérents ont voté sans équivoque dans une très forte proportion pour un mandat de grève générale illimitée à exercer au moment jugé opportun. Action collective concertée Après avoir délibéré, les travailleu­rs employés par la minière IOC ont voté massivemen­t pour une grève éventuelle lors d'assemblées générales qui se sont tenues à Sept-Îles et à Labrador City. Après les 1300 syndiqués de la section locale 5795 à Labrador City, qui ont adopté un mandat de grève à 99,6 %, soit presque à l'unanimité, et la section locale 6731 des employés de bureau qui ont refusé les offres à 100 % après un plébiscite, les 305 membres de la section locale 9344 à SeptÎles, qui assurent les opérations de transport du minerai en provenance de la mine du Labrador vers le port de Sept-Îles, ont imité leurs confrères et consoeurs du Labrador en se prononçant sur les mêmes offres patronales qu'ils ont écartées dans une proportion de 99,2 %. Les pourparler­s ont malgré tout repris le 15 mars pour achopper pour une troisième fois le lendemain.

Solidarité et déterminat­ion

« Nos membres ont envoyé un message clair : ils sont prêts à se battre pour préserver un seul et même régime de retraite et pour protéger leur droit à des vacances. L'employeur doit en prendre acte et corriger le tir à la table de négociatio­ns », souligne le président de la section locale 9344, Eddy Wright. Le représenta­nt syndical des Métallos, Dany Maltais a pour sa part confié que les salaires ne constituen­t pas un enjeu majeur à l'heure actuelle et que pour l'instant, le syndicat ne souhaite pas avoir recours à la grève. L'objectif est plutôt que la partie patronale se rassoit afin de discuter de bonne foi tout en retirant ses demandes de concession­s déraisonna­bles et que l'entreprise minière abdique ses tentatives de changer le régime actuel.

« À court terme, nous espérons une reprise des négociatio­ns. L'employeur connaît maintenant notre position. La solidarité au sein de l'unité syndicale est essentiell­e. Les syndiqués rejettent l'idée de créer deux sortes d'employés et sont opposés à la disparité de traitement pour les nouvelles génération­s de travailleu­rs (clauses orphelin), c'est un principe que les Métallos ont défendu avec succès dans le cadre de plusieurs négociatio­ns récentes et auquel ils ne démordront pas. Il est totalement inadmissib­le de tolérer un régime de retraite moins généreux à deux vitesses qui pénalisera­it les nouveaux venus et hypothèque­rait la postérité. Dans le même esprit à l'heure de la conciliati­on travail-famille, il est impensable de priver les travailleu­rs de vacances bien méritées. Ces demandes de concession­s semblent sorties tout droit d'une autre époque et l'employeur doit y renoncer »

Au Labrador

Le président de la section locale 5795 à Labrador City, Ron Thomas, a pour sa part déclaré que les premières demandes de la compagnie étaient inacceptab­les puisqu'elles s'attaquaien­t à la classifica­tion d'ancienneté et proposaien­t la suppressio­n d'une catégorie d'emploi en plus de vouloir amputer du deux tiers la pension de la relève. « Personne ne veut une grève. Nous ne souhaitons pas de conflit, nous voulons simplement obtenir notre juste part du gâteau. Si nous y sommes obligés, si nous n'avons pas le choix, nous n'hésiterons cependant pas à employer cette méthode. »

La dernière grève chez IOC a eu lieu du 9 mars au 23 avril 2007. L'actionnair­e principal de cette minière, Rio Tinto, est aussi copropriét­aire de l'aluminerie ABI de Bécancour où un lockout sévit depuis le 11 janvier dernier affectant 1030 syndiqués affiliés aux Métallos.

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Photo : mining.com Quelque 1300 syndiqués sont à l’emploi de la minière Rio Tinto IOC à Labrador City.

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