La grève se poursuit à IOC
Les syndiqués du local 5795 des Métallurgistes Unis d’Amérique ont rejeté à 76,5 % l’entente de principe conclue par leurs négociateurs avec la minière IOC, propriété de Rio Tinto. À Labrador City et Wabush, où la majorité des emplois sont reliées à la minière, la vie bat encore au rythme des piquets de grève depuis le 17 avril.
Le samedi 14 avril, lors du passage du Gaboteur sur la ligne de piquetage érigée à l'entrée de Wabush 3, le site de la prochaine expansion de la minière, un vent d'optimisme régnait pourtant. La veille, une entente de principe avait été conclue entre les représentants de leur syndicat, le local 5795 des Métallurgistes Unis d'Amérique, et la compagnie, après une ronde de négociations de 28 heures tenue en présence de conciliateurs du ministère fédéral du Travail et du gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador.
« S'ils nous invitent à nous prononcer sur cette nouvelle offre et nous recommandent de l'accepter, elle doit être bonne », ont dit en substance les grévistes rencontrés. Tous attendaient donc avec impatience de connaître le contenu de cette entente qui, espéraient-ils, mettrait fin au conflit.
Or, le lundi 16 avril, la présentation de ces nouvelles offres par leurs négociateurs a été accueillie par des huées. Sur la page Facebook du local 5795, les commentaires allaient tous dans le même sens : il faut rejeter ces offres qui, selon la majorité des intervenants, maintenaient le double standard entre les employés permanents et les temporaires pourtant rejetés à 92 % par les syndiqués trois semaines plus tôt.
Le mécontentement des grévistes s'est exprimé haut et fort lors du vote sur ces nouvelles offres, le l7 avril : 76,5 % des membres votants les ont rejetées. Immédiatement après le vote, les syndiqués sont retournés sur les trois lignes de piquetage érigées à Labrador City depuis le début de la grève, le 26 mars.
Pour l’avenir aussi
De tous les points en litige, le sort prévu pour les travailleurs temporaires était également sur toutes les lèvres lors de notre passage sur la ligne de piquetage du site Wabush 3, le 14 avril.
« Nous ne pouvons accepter, dans un contrat qui sera en vigueur pendant les cinq prochaines années, que des travailleurs qui font exactement les mêmes tâches que nous se retrouvent sans avantages sociaux et soient obligés de travailler 14 jours sans interruptions avant d'avoir droit à une pause », a expliqué Yannick Sergerie, soudeur à la mine IOC depuis 8 ans et à l'emploi d'un sous-traitant pour IOC les cinq années précédentes. « Cet employé avec des conditions moindres, ce sera peutêtre mon fils, un jour. Nous nous battons pour le futur, » a-t-il poursuivi. Bien qu'espérant, au moment de cette entrevue, une fin rapide du conflit, Yannick Sergerie a tenu à souligner le fort appui aux grévistes des autres syndicats de la région et de la population. « Les gens nous apportent de la nourriture et du café » a-t-il donné en exemple. Les grévistes ont également reçu des dons importants d'autres unités syndicales, dont un chèque de 25 000 $ des travailleurs de l'IOC à Sept-îles.
Impacts
À la mi-avril, trois semaines du déclenchement de la grève, les impacts sur la panoplie de sous-traitants qui vivent de la mine ne s'étaient pas encore fait sentir, mais ça viendra. Les anciens de Labrador City et Wabush, qui ont déjà vécu d'autres grèves à la minière, craignent maintenant un long conflit. Le plus récent remonte à 2007. La grève avait alors eu lieu entre le 9 mars et le 23 avril.
Lors du déclenchement de la grève, Dany Maltais, un représentant des Métallurgiste Unis d'Amérique, a tenu à rappeler sur les ondes de Radio-Canada Côte Nord, que Rio Tinto, propriétaire de IOC, a enregistré des profits de 8,8 milliards de dollars en 2017 et a distribué 5,5 milliards en dividendes à ses actionnaires.