Solidarité interprovinciale pour les grévistes de la minière Rio Tinto IOC
Les appuis tangibles aux 1300 syndiqués de la minière RIO Tinto IOC à Labrador City se multiplient depuis le déclenchement de leur grève, le 26 mars dernier. Le soutien vient tout autant du Québec que de Terre-Neuve-et-Labrador.
Le 30 avril, veille de la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs, des représentants du local 5778 du Syndicat des Métallos, qui regroupe 1 200 travailleurs à la mine du Mont Wright d'ArcelorMittal ainsi que 200 autres travailleurs syndiqués à Fermont, ont rejoint leurs collègues de Labrador City afin de leur remettre un chèque de 4 800 $ assorti de l'engagement de verser 1 200 $ par semaine, aussi longtemps que durera l'arrêt de travail. Ils ont de plus décidé qu'ils soutiendraient financièrement les confrères d'IOC à Sept-Îles si une grève devait être déclenchée, à raison de 300 $ par semaine.
Ce soutien financier s'ajoute aux 2 500 $ versés pour le fonds de grève par le local 9508 des Métallos de Voises Bay, au Labrador. Un autre don est venu de la section locale 2351 de la Fraternité internationale des ouvriers en électricité (International Brotherhood of Electrical Workers). Ses membres sont à l'emploi de Nalcor, à Churchill Falls.
Mais la plus importante contribution en appui au gréviste de Labrador City est venue des syndiqués membres du local 9344 du Syndicat des Métallos affectés à la voie ferrée et aux installations portuaires de Rio Tinto IOC à Sept-îles. Ces derniers ont injecté 25 000 $ dans le fonds de grève labradorien. Ils ont de plus, les 18 et 19 avril derniers, rejeté dans une proportion de 94,4 % l'entente de principe conclue entre le comité de négociations et la minière. Le 20 avril dernier, ils ont enfin organisé un rassemblement de solidarité qui a réuni plusieurs centaines de personnes dans les rues de la ville.
Unité Nord-Sud
Selon le président de la section locale 9344 des Métallos, Eddy Wright, le rejet des offres patronales par les employés de Rio Tinto à Sept-Îles doit être vu comme un geste de solidarité envers les grévistes labradoriens. « Nous croyions que nous avions entre les mains une entente satisfaisante. Mais le rejet de la part des membres des autres sections locales au Labrador, dont les enjeux sont à certains égards différents des nôtres, est venu changer la donne. Nous souhaitons reprendre les négociations à la même table que nos confrères et consoeurs du Labrador », a-til fait valoir. Le coordonnateur des Métallos sur la Côte-Nord, Nicolas Lapierre partage cette analyse. « Il faut voir ce rejet [des syndiqués de Sept-Îles] dans la suite logique de ce qui s'est passé avec les confrères de la mine au Labrador. Ces derniers ont eux aussi rejeté l'entente de principe et choisi de poursuivre leur grève. Nos membres n'étaient pas à l'aise dans ce contexte d'entériner un nouveau contrat de travail. De toute façon, il faut être lucide, tant qu'il n'y a pas reprise des activités au nord, il n'y a pas de boulot à transporter du minerai pour nos membres sur le chemin de fer et au port. C'est la grève ou les mises à pied pour nous », explique-t-il.
Grève ou… mises à pied
Les 305 syndiqués de Sept-Îles membres du local 9344 des Métallos ont théoriquement le droit de grève depuis le 10 avril dernier, mais ne peuvent l'exercer, faute d'entente avec l'employeur quant au niveau de services essentiels à maintenir notamment en ce qui a trait au seul lien terrestre vers Schefferville, le chemin de fer QNS&L, qui assure un service de passagers et un ravitaillement de marchandises vers cette localité québécoise. Un arbitre fédéral doit statuer à ce sujet au cours des prochaines semaines.
Dans l'intervalle, Rio Tinto IOC a annoncé qu'elle mettra à pied quelque 120 travailleurs de ses installations de Sept-Îles à compter du 14 mai prochain. La directrice des relations médias chez Rio Tinto, Claudine Gagnon, a expliqué que cette décision est la conséquence de la grève qui perdure à Labrador City tout en ajoutant que la compagnie est ouverte aux discussions et espère trouver des solutions rapidement.