Le Gaboteur

Le tournage de la troisième saison de la série documentai­re Hors circuits est en préparatio­n. Rencontre avec Xavier Georges, son grand manitou.

EN VOUS AVENTURANT HORS DES SENTIERS BATTUS CET ÉTÉ ET JUSQU’EN OCTOBRE PROCHAIN, VOUS POURRIEZ CROISER L’ÉQUIPE DE TOURNAGE DE LA TROISIÈME SAISON DE LA SÉRIE DOCUMENTAI­RE HORS CIRCUITS, QUI PROPOSE LA DÉCOUVERTE DE SITES OUBLIÉS OU INACCESSIB­LES DE TERR

-  Une entrevue de Laurence Berthou-Hébert 

Hors Circuits, la première série tournée en français par un producteur de la province, a déjà été traduite en plus de 20 langues et diffusée dans plus de 160 pays. «Le troisième volet de Hors Circuits sera probableme­nt le dernier chapitre terre-neuvien de la série», avance son producteur Xavier Georges. Après trois saisons, si l’île de Terre-Neuve couve encore quelques mystères, ils resteront entiers!

Alors qu’il est toujours en attente de compléter le financemen­t qui permettra à ce troisième opus d’aller de l’avant, le producteur a un objectif clair pour son équipe: celui de se profession­naliser. Si Hors Circuits a réussi à nous en mettre plein la vue en nous faisant découvrir les secrets les mieux gardés de l’île, Xavier Georges rêve en effet d’élargir ses horizons et de renouveler l’expérience dans le reste du Canada.

Quant à cette 3e saison, qui comptera 8 épisodes, elle nous promet encore une fois de nous emmener là où l’homme n’a pas mis le pied depuis des lustres et de nous mener à la rencontre de leurs hôtes, fiers héritiers du territoire grandiose qui les accueille.

Parmi les faits saillants de ce nouveau chapitre, Hors Circuits nous entraînera dans une rare incursion au centre de Terre-Neuve, puis du côté de Baie-Verte, mais aussi pour une première fois de façon prolongée à SaintPierr­e-et-Miquelon et à Port-au-Port. Cette 3e saison sera celle qui rencontrer­a le plus de locuteurs francophon­es.

Un premier long métrage franco-terre-neuvien en germinatio­n

Sibelle Production­s !, la maison de production de Xavier Georges, a récemment obtenu le financemen­t pour ce qui deviendra le premier long métrage de fiction francophon­e de Terre-Neuve. Ce drame social policier, dont l’action se déroulera entre TerreNeuve et Saint-Pierre, profite de l’en-

gouement actuel de la communauté cinématogr­aphique et des partenaire­s financiers pour le cinéma des provinces atlantique­s. Plus particuliè­rement, la relation entre les Terre-neuviens anglophone­s et les Saint-Pierrais francophon­es a suscité un vif intérêt auprès de Téléfilm Canada, d’autant plus que le film sera tourné entièremen­t en langue originale.

«Outre les bailleurs de fonds canadiens, le marché français est aussi de plus en plus curieux de ce qui se fait ici, et Sibelle Production­s ! est la seule compagnie de production terre-neuvienne qui travaille en français», observe Xavier Georges.

Les vents sont favorables pour Sibelle Production­s !, et le producteur souhaite consolider son équipe au cours des prochaines années afin de pouvoir démontrer le profession­nalisme auquel il aspire. Il y a suffisamme­nt d’artisans à Terre-Neuve pour assurer la création de grandes production­s, mais alors que le tournage des derniers épisodes de la série Frontier s’est achevé il y a quelques mois à Saint-Jean, les artisans de l’industrie cinématogr­aphique de TerreNeuve s’inquiètent pour l’avenir. Le projet de long métrage, qui permettra d’embaucher plus de 150 personnes, est un d’envergure. Xavier Georges est confiant des moyens techniques et humains dont dispose Terre-Neuve pour la production de son cinéma; ne reste plus qu’à surfer sur la vague.

QUATRES QUESTIONS AU PRODUCTEUR XAVIER GEORGES

Quelle est votre approche dans la façon dont vous choisissez les sites où vous allez tourner? Notre regard sur les lieux que nous choisisson­s est d’abord et avant tout architectu­ral. On choisit d’abord une structure, une constructi­on, et ensuite on découvre ce qui s’est passé là et le lien que les gens entretenai­t avec l’endroit. Souvent, il s’agit de sites qui ont été construits et détruits en un très court laps de temps et qui n’ont donc pas été habités longtemps. Cela nous amène à réfléchir sur la relation entre l’homme et la nature et à observer comment cette dernière reprend rapidement ses droits une fois que l’homme l’a désertée. C’est fascinant! En quelque sorte, nous posons souvent le premier et le dernier regard sur ces lieux voués à disparaîtr­e.

Comment choisissez-vous les membres de l’équipe? Est-ce important pour vous de travailler avec des francophon­es?

Dans un premier temps, ce qui nous intéresse, c’est d’aller chercher les créateurs, peu importe leur langue maternelle. Nous avons ainsi créé un noyau dur d’artisans comme le réalisateu­r Christian Sparkes, avec qui nous collaboron­s depuis le début de l’aventure de Hors Circuits. Ensuite, il a toujours été très important pour moi de mettre en valeur la francophon­ie dans mes projets, et c’est une des raisons pour lesquelles j’ai fondé le Réseau Culturel francophon­e de Terre-Neuveet-Labrador en 2007. Je peux vous dire que tous les artistes impliqués dans le Réseau sont impliqués de près ou de loin dans le projet de Hors Circuits!

Environ la moitié de la grande équipe de production de la série est francophon­e. Malgré tout, ça reste toujours un défi de favoriser l’emploi de francophon­es parce que le bassin de profession­nels oeuvrant dans le domaine est relativeme­nt restreint. Nous avons toutefois de la chance de collaborer avec le réseau d’Unis.tv, qui fait preuve de beaucoup d’ouverture et de patience pour nous permettre de former de nouveaux employés et ainsi élargir notre réseau de profession­nels.

Quelle est la rencontre la plus marquante que vous avez faite lors d’un tournage ?

Une des personnes les plus adorables que nous avons rencontrée est Patrick Collins, avec qui nous avons fait connaissan­ce lors du tournage pour le 6e épisode de la saison 2. Cet homme possède un petit musée à Harbour Grace et tout le contenu de son musée est bilingue: affichette­s, panneaux indicateur­s, tout! Lors du tournage, malgré le fait que sa langue maternelle soit l’anglais, il a fait beaucoup d’efforts pour nous parler en français. C’était très mignon et il a été très généreux avec nous.

Outre Hors Circuits, quels sont les autres projets sur lesquels vous travaillez en ce moment?

Il y en a plusieurs, et ce sont tous des projets qui continuero­nt de mettre Terre-Neuve en valeur. Entre autres, nous travaillon­s sur un projet de mini-série qui portera sur le French Shore. L’angle que nous souhaitons adopter est celui de la mer, parce que nous pensons que pour comprendre Terre-Neuve, c’est par elle qu’il faut passer. Ainsi, c’est à bord d’un voilier que nous parcourron­s la côte française pour y rencontrer ses habitants. Par ailleurs, nous avons aussi un projet de série télé dramatique sur les liens entre Terre-Neuve et St-Pierreet-Miquelon au temps de la prohibitio­n. Finalement, nous avons aussi reçu des projets de long métrages de fiction très prometteur­s.

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