en 8e année, ma décision qu'elle continue à l'école francophone va à l'encontre de ses désirs. Elle n'a pas eu une mauvaise expérience l'année passée à l'école Rocherdu-Nord, mais elle grandit, elle a le goût de voir du nouveau, de rencontrer d'autres jeunes et d'élargir son horizon.
Parallèlement, l'école intermédiaire et secondaire francophone reste un petit milieu, qui a même tendance à rétrécir à mesure qu'on gravit les niveaux scolaires. En outre, ça fait longtemps qu'elle y évolue. Je peux comprendre son désir de changement, bien que je pense que les petites classes de l'école francophone sont un réel avantage en termes d'apprentissage et de suivi.
Serait-il mieux, pour ce qui est de son identité francophone, de la laisser rejoindre l'école anglophone, plutôt qu'elle perçoive le français comme quelque chose qu'elle est forcée de faire? Je me pose souvent la question. En outre, l'école n'est pas la seule chose sur laquelle je compte pour lui transmettre la culture francophone. FrancoJeunes, par exemple, propose des activités en français.
Nous passons aussi du temps au Québec; j'essaie de faire en sorte qu'elle ait des expériences dans des milieux majoritairement francophones, afin qu'elle ait accès à la culture des jeunes francophones et qu'elle voie le français comme quelque chose de cool. En effet, la culture francophone qu'on lui transmet ici est une culture d'adultes, et elle est de moins en moins intéressée par les adultes.
Peut-être vaut-il mieux aller dans cette direction plutôt que de créer des tensions à la maison autour du français et de l'école. C'est la grande question : est-ce que je continue à insister, ou estce que je propose un compromis?
Je sais aussi qu'à cause de mon implication au niveau communautaire francophone, je vois l'école comme un élément central de l'identité francophone minoritaire. Est-ce que je choisis l'école francophone en raison de mon engagement communautaire, ou pour le bien de ma fille? Il est parfois difficile de dissocier les deux. Envoyer mon enfant à l'école francophone, c'est faire ma part pour la communauté. Mais cela ne signifie pas que je ne peux pas faire ma part d'une autre façon.
Cette problématique concerne tous les parents, et c'est un gros défi! J'espère pouvoir amener ces questions-là au conseil d'école. Il serait bien d'en parler. Je pense qu'il y a des solutions à trouver pour que ces questions se posent moins. En outre, je trouve positif que les jeunes nous fassent savoir que l'école intermédiaire et secondaire francophone, comme elle est actuellement, ne satisfait pas leurs besoins d'activités et d'ouverture sur le monde. C'est bien d'écouter ça comme parents, mais aussi comme communauté. »