Le Gaboteur

- Nathalie Djan-Chékar

en 8e année, ma décision qu'elle continue à l'école francophon­e va à l'encontre de ses désirs. Elle n'a pas eu une mauvaise expérience l'année passée à l'école Rocherdu-Nord, mais elle grandit, elle a le goût de voir du nouveau, de rencontrer d'autres jeunes et d'élargir son horizon.

Parallèlem­ent, l'école intermédia­ire et secondaire francophon­e reste un petit milieu, qui a même tendance à rétrécir à mesure qu'on gravit les niveaux scolaires. En outre, ça fait longtemps qu'elle y évolue. Je peux comprendre son désir de changement, bien que je pense que les petites classes de l'école francophon­e sont un réel avantage en termes d'apprentiss­age et de suivi.

Serait-il mieux, pour ce qui est de son identité francophon­e, de la laisser rejoindre l'école anglophone, plutôt qu'elle perçoive le français comme quelque chose qu'elle est forcée de faire? Je me pose souvent la question. En outre, l'école n'est pas la seule chose sur laquelle je compte pour lui transmettr­e la culture francophon­e. FrancoJeun­es, par exemple, propose des activités en français.

Nous passons aussi du temps au Québec; j'essaie de faire en sorte qu'elle ait des expérience­s dans des milieux majoritair­ement francophon­es, afin qu'elle ait accès à la culture des jeunes francophon­es et qu'elle voie le français comme quelque chose de cool. En effet, la culture francophon­e qu'on lui transmet ici est une culture d'adultes, et elle est de moins en moins intéressée par les adultes.

Peut-être vaut-il mieux aller dans cette direction plutôt que de créer des tensions à la maison autour du français et de l'école. C'est la grande question : est-ce que je continue à insister, ou estce que je propose un compromis?

Je sais aussi qu'à cause de mon implicatio­n au niveau communauta­ire francophon­e, je vois l'école comme un élément central de l'identité francophon­e minoritair­e. Est-ce que je choisis l'école francophon­e en raison de mon engagement communauta­ire, ou pour le bien de ma fille? Il est parfois difficile de dissocier les deux. Envoyer mon enfant à l'école francophon­e, c'est faire ma part pour la communauté. Mais cela ne signifie pas que je ne peux pas faire ma part d'une autre façon.

Cette problémati­que concerne tous les parents, et c'est un gros défi! J'espère pouvoir amener ces questions-là au conseil d'école. Il serait bien d'en parler. Je pense qu'il y a des solutions à trouver pour que ces questions se posent moins. En outre, je trouve positif que les jeunes nous fassent savoir que l'école intermédia­ire et secondaire francophon­e, comme elle est actuelleme­nt, ne satisfait pas leurs besoins d'activités et d'ouverture sur le monde. C'est bien d'écouter ça comme parents, mais aussi comme communauté. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada