Trois jours plus tôt, l'Académie canadienne du cinéma et de la télévision avait aussi rendu hommage aux artisans et à un genre parfois négligé, le documentaire. C'est lors de cette soirée que Balade à Toronto (connu dorénavant sous le nom de Balade) a permis à David Batea, Philippe Burnet, Renée De Sousa et Simon Madore de Machine Gum de récolter un Gémeau pour la meilleure composante numérique pour une émission ou une série variétés.
En tant que producteur, Philippe Batea s'attendait-il à cet honneur pour cette série qui fut diffusée pour la première fois en 2014? « Bien franchement, non! Ça fait plusieurs années — 3 — que nous sommes en nomination dans cette catégorie. La compétition est féroce et on était en vraiment bonne compagnie dans cette catégorie — Les Productions J de Julie Snyder notamment. Alors, on ne l'attendait pas. Ça fait vraiment chaud au coeur d'être récompensé par ses pairs. »
Le producteur torontois explique que la composante numérique vient compléter l'offre télévisuelle. Ce sont des contenus musicaux originaux qui permettent de découvrir la relève musicale franco-canadienne. Elle vient en quelque sorte «prolonger l'expérience pour les adeptes de la série ».
Lors de l'avant-première précédant le Gala, une autre maison de production franco-ontarienne, mais celle-là d'Ottawa, Slalom, aurait pu être récompensée. Mehdi et Val était, en effet, en compétition pour la meilleure émission ou série jeunesse pour les 12 ans et moins. C'est finalement l'émission québécoise Ari Cui Cui qui a récolté ce Gémeau.
Sous-représentées, les productions franco-canadiennes ?
À travers le désir d'être plus inclusif comme on a pu le constater dimanche sur les ondes de Radio-Canada, on peut se demander si une demi-douzaine de productions franco-canadiennes en nomination représente fidèlement la créativité en matière de télévision du côté des maisons de production oeuvrant en milieu minoritaire.
Sur 150 productions finalistes dans la catégorie « Émissions » — et c'est sans tenir compte de la catégorie métiers dans laquelle, on retrouve, entre autres, les réalisateurs et les auteurs —, on compte 4 % de nominations franco-canadiennes, soit 6 émissions produites par 5 maisons de production.
Philippe Batea, qui siège aussi au conseil d'administration de l'Alliance des producteurs francophones du Canada (APFC), croit-il que les artisans franco-canadiens sous suffisamment représentés dans un tel gala? «Les histoires et la réalité des francophones qui vivent à travers le pays se doivent d'être reflétées sur nos écrans. Ça prend du monde comme nous qui a le désir et le talent de produire ces contenus. C'est un gage de confiance quand des productions issues des communautés des langues officielles en situation minoritaire se voient récompenser par l'Académie canadienne du cinéma et de la télévision. C'est certain qu'il y a un désir de toujours voir plus d'artisans de chez nous être nominés et récompensés. Ceci dit, notre industrie est en croissance et la base de talent ne fait que de grandir et s'épanouir. J'ai aucun doute qu'on verra de plus en plus d'artisans franco-canadiens en lice. »