La pauvreté a un sexe
Pour la gravir, il faut, collectivement, se mettre à l'alpinisme.
Cette triste donnée vient illustrer, une fois de plus, que le boom économique qu'a connu la province au début dans les années 2000 a fait des gagnants, bien sûr, mais il a aussi son lot de laissés pour compte. Les femmes, d'abord, et les autochtones, également loin derrière, avec un revenu moyen de quelque 16 000 $ de moins que celui des hommes. Et Vital Signs ne sépare pas entre les sexes ce revenu moyen chez les autochtones. Il y a fort à parier qu'il y a, là aussi, écart important.
Avant d'intégrer l'article sur Vital Signs dans cette édition, deux autres textes rapportaient des progrès majeurs des femmes d'ici vers l'équité dans l'univers de la culture. En page 7, nous présentons un entretien avec la réalisatrice Deanne Foley, réalisatrice du film d'ouverture du Women's Film Festival An Audience of Chairs, récipiendaire dès son lancement de quatre grands prix. En pages centrales, nous faisons état de la parité hommes-femmes dans la programmation du récent Festival du conte de St. John's. Catherine Wright, la directrice de cet événement, estime cette visibilité des conteuses parfaitement normale. Elle a raison. Mais les femmes ont longtemps été reléguées à raconter leurs histoires loin des feux de la rampe et bien peu d'entre elles ont atteint la célébrité de certains conteurs, comme Émile Benoit.
Cette présence de plus en plus affirmée des femmes et de leur parole, sur scène et à l'écran, fait partie des armes menant à leur conquête vers l'équité et il faut s'en réjouir. Il faut cependant se garder de pavoiser trop vite. Il faudra bien plus qu'un micro ou une apparition au cinéma pour en arriver à la parité réelle, celle qui fera qu'un jour, il sera impossible de donner en titre à une éditorial « La pauvreté a un sexe ».