La Commission d’enquête sur Muskrat Falls et nous
Vous suiviez la Commission d'enquête sur le projet hydroélectrique de Muskrat Falls? Si vous n'avez pas lu ses milliers de pages de documents mis en ligne pratiquement chaque jour et que vous n'êtes pas rivé à ses Webcasts pour entendre les témoins en direct, vous êtes un être humain normal.
Néanmoins, il s'y passe quelque chose qui nous concerne tous, citoyennes et citoyens de cette province, et qui oblige Le Gaboteur à s'y intéresser, au moins de du Public Utility Board (PUB) et l'avocat Ron Penney, ancien haut fonctionnaire à la Ville de St. John's et au gouvernement de Terre-Neuve-etLabrador. Les deux hommes ont ouvertement questionné et critiqué ce projet avant et depuis sa sanction. Ils ont été qualifiés de Nay Sayers.
Qu'est-ce qu'un Nay Sayer? Le Linguee en ligne propose plusieurs traductions françaises. Nous n'en retiendrons que deux : défaitiste et rabat-joie. juge Richard LeBlanc, c'est que de nombreux Nay Sayers, comme Vardy et Penney, qui avaient donné leur avis publiquement au risque d'être trainés dans la boue, avaient vu juste. Mais c'est surtout qu'ils étaient loin d'être les seuls à avoir de sérieuses craintes de dérapage.
C'était notamment le cas de fonctionnaires provinciaux et d'ingénieurs d'expérience travaillant sur le projet mais à la différence des Nay Sayers, ils réelle écoute, on en serait arrivé à de meilleures solutions écologiques et économiques.
Devoir de parole et d’écoute
La construction d'une école neuve intégrant des locaux communautaires dans la région de la capitale est, de loin, le plus important projet de la francophonie provinciale depuis des décennies. Le conseil d'administration du CSFP et sa direction planchent corps et âme pour faire avancer le projet, avec le soutien d'experts. C'est leur responsabilité.
Or, malgré trois rencontres publiques organisées par le CSFP en juin et octobre derniers, très peu de parents se sont exprimés sur le projet, alors qu'ils sont les décideurs ultimes du choix de l'école de leurs enfants. Le personnel enseignant, qui connaît bien la réalité des élèves et également des parents, semble aussi à l'écart des réflexions.
Tout ce beau monde n'en pense pas moins. Tout ce beau monde devrait dire tout haut, respectueusement et calmement, ce qu'il pense tout bas. Et comme l'a si bien résumé le groupe québécois Harmonium, à qui un hommage émouvant a été rendu au plus récent gala de l'ADISQ diffusé sur les ondes de Radio-Canada : « On a mis quelqu'un au monde, on devrait peut-être l'écouter ».