Le Gaboteur

CHORISTES ET CHANSONS D’ICI EN VOYAGE

La chorale communauta­ire la Rose des Vents de St. John’s part pour la France.

- Coline Tisserand

Le 28 avril prochain, la chorale communauta­ire la Rose des Vents de St. John's s'envolera vers le Jura, dans l'est de la France, pour un projet intercultu­rel musical avec la chorale Ars Nova basée à Pontarlier. Retour sur l'origine de cet échange avec Claire Wilkshire, chef du choeur de la chorale terre-neuvienne.

« On voudrait venir à Terre-Neuve-et-Labrador pour découvrir votre province et faire un échange culturel et musical avec votre chorale. » Il y a deux ans, Claire Wilkshire reçoit ce courriel inattendu d'Agnès Mamet, une enseignant­e française qui revient tout juste d'un séjour à Saint-Pierre-et-Miquelon et fait partie de la chorale Ars Nova en France. Claire Wilkshire, d'abord très étonnée par cette demande, accepte alors de se lancer dans l'aventure avec sa chorale et de mettre en oeuvre ce projet pour l'année 2020, avec Raphaël Terreau, le chef de choeur d'Ars Nova.

Un répertoire francophon­e des Amériques

« 2020, cela me paraissait lointain et flou, et finalement, c'est arrivé très vite, puisque nous partons déjà à la fin du mois d'avril en France », dit Claire Wilkshire. Au programme ? Un séjour de quatre jours dans l'est de la France pour donner trois concerts avec Ars Nova à Champagnol, Pontarlier, et puis à Neuchâtel en Suisse. L'idée est que chaque chorale se partage la moitié du programme, avant de terminer par une pièce musicale commune, unissant les chanteurs terre-neuviens et français. Avec le même concept, la chorale de Pontarlier viendra à son tour sur l'île de Terre-Neuve en août prochain, pour un concert commun à St. John's et un autre dans les alentours de la capitale.

Le répertoire musical n'est pas choisi au hasard pour ces concerts. Sur le site de la chorale Ars Nova, on peut y lire que le programme musical sera construit autour du « thème fédérateur la défense de la francophon­ie » . De son côté, Claire Wilkshire se fait plus précise : « On a construit notre pratique sur un répertoire traditionn­el autour des chansons francophon­es des Amériques que j'ai sélectionn­é. ». La Rose des Vents a donc préparé une dizaine de chansons francophon­es du Québec, de la Louisiane, du Brésil, et des Caraïbes. Pour les chansons québécoise­s, la chef de choeur a choisi des chansons à répondre, afin de pouvoir faire participer le public. On pourra entendre C'est l'aviron, Beau Faluron et Dégénérati­on. Entendra-t-on des chansons terre-neuviennes francophon­es?

Une retombée pour la communauté

« Il y aura aussi deux chansons francophon­es de TerreNeuve-et-Labrador, Brave Marin et Sur les Bancs de Terre-Neuve, tirées de recueils de chansons de la province. J'ai demandé à Jean Hewson de faire les arrangemen­ts de ces deux chansons. Je voulais vraiment que ce ne soit pas seulement un voyage pour nous, mais qu'il y ait des retombées pour la communauté ici. »

Une bourse du Bruneau Centre for Excellence in Choral Music (BCECM), qui soutient financière­ment les chorales communauta­ires dans la province, a permis de réaliser ce projet d'arrangemen­t avec Jean Hewson, une artiste bien connue de la scène musicale traditionn­elle terre-neuvienne. Lors des concerts, l'histoire et l'origine des différente­s chansons francophon­es seront expliquées au public pour lui permettre d'approfondi­r la découverte culturelle.

Chanter en français et améliorer sa langue

La chorale de La Rose des Vents n'en est pas à son premier échange culturel, puisqu'elle a déjà fait ce genre de projet avec la chorale les Voix de l'amitié à Saint-Pierreet-Miquelon en 2011 et en 2014. De plus, la chorale accueille régulièrem­ent divers formateurs et chefs d'orchestre pour améliorer sa pratique et découvrir des arrangemen­ts de nouvelles chansons francophon­es. Ses membres ont ainsi pu bénéficier de l'expertise du chef de la Newfoundla­nd Symphony Orchestra (NSO) Marc David et de la codirectri­ce de l'Alliance des chorales du Québec Lucie Roy. La directrice de l'Atelier de chant traditionn­el du Québec, Gabrielle Bouthillie­r, offrira ses conseils à la Rose des vents avant son départ vers la France.

Les répétition­s de la chorale se passent en français, mais les chanteurs ne sont pas forcément de langue maternelle française. « Parmi la trentaine de membres, il y a quelques francophon­es de souche, mais aussi, et surtout beaucoup d'anglophone­s qui ont un lien avec le français et un intérêt pour le fait français. La seule condition pour pouvoir participer est d'avoir un minimum de base en français pour suivre les répétition­s », explique Claire Wilkshire.

La chef de choeur affirme d'ailleurs que chanter en français aide à l'apprentiss­age de la langue. « Les choristes apprennent du vocabulair­e nouveau, et ils améliorent leur prononciat­ion. La musique est très utile pour progresser dans une langue étrangère. » Outre des oeuvres en français, il arrive à la chorale de chanter dans d'autres langues comme le grec, l'arabe, le latin ou parfois l'anglais.

« Il arrive en effet qu'on chante une chanson avec la moitié des couplets en français et l'autre moitié en anglais pour permettre à notre public de comprendre le sens d'une oeuvre, mais on essaie majoritair­ement de chanter en français, car la chanson chorale en français n'existe pas beaucoup dans la province » explique Claire Wilkshire.

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Photo : Jacques Nicolas Bellin (1764), Digital Archives Initiative de MUN
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Photo : Courtoisie de la Rose des vents La chorale de l’Associatio­n communauta­ire francophon­e de Saint-Jean (ACFSJ) la Rose des vents.

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