COMPRENDRE LA SANTÉ DES PATIENTS D’ORIGINES DIVERSES
Quand on demande à Françoise Guigné de nous raconter une journée type, on se rend compte qu'elle a en fait plus d'une corde à son arc. En plus de pratiquer la médecine familiale au Health Science Centre trois demi-journées par semaine, elle accueille des jeunes de 15 à 30 ans en consultation sans rendez-vous deux demi-journées par semaine à Choices For Youth, le centre d'hébergement pour les jeunes.
Elle s'occupe aussi de l'admission des nouveaux réfugiés pour leurs premiers examens médicaux à la clinique Refugee Health Collaborative à Saint-Jean. Ces patients sont notamment originaires de la Syrie, l'Erythrée, l'Ethiopie, le Congo et le Soudan. Pour bien les connaître, elle collabore donc régulièrement avec l'Association des Nouveaux Canadiens (ANC).
La Dre Guigné est également très investie dans la vie académique de la Faculté de médecine de l'Université Memorial. Outre la supervision d'étudiants de médecine dans différents projets, elle va bientôt prendre en charge la direction du programme de soins aux populations mal desservies (Care of Underserved Populations Enhanced Skills Program). Elle a également participé à la révision des guides provinciaux dans le domaine de la tuberculose latente. Enfin, elle anime mensuellement le Besrour Café, une plateforme en ligne avec des jeunes médecins francophones d'Afrique pour échanger sur divers sujets en lien avec la médecine familiale.
Au département de médecine familiale de l'Université Memorial, elle occupe la fonction de leader en matière de responsabilité sociale -social accountability lead«Concrètement, il s'agit de développer une conscience sociale en médecine familiale en soulevant des questions telles, Comment utilise-t-on les ressources ? Est-ce qu'on sert ceux qui sont d'habitude moins servis ? Sont-ils représentés dans notre curriculum ?», explique-t-elle.
UN PASSAGE ATYPIQUE PAR L’ANTHROPOLOGIE
Avant de commencer sa formation en médecine à l'Université Mémorial, Françoise a complété une maîtrise en anthropologie. « Mon intérêt pour l'anthropologie est né lors de ma participation à un projet pilote avec le Pearson College : j'ai alors vécu quelques mois en Ouganda et à Fort Smith, dans les Territoires du NordOuest. Pendant ces séjours, ma curiosité a été piquée par les problèmes autour de la santé des autochtones. J'ai réalisé que je voulais travailler avec les gens et en même temps dans le domaine la santé, d'où mon orientation vers l'anthropologie, puis vers la médecine. »
« J'ai pu développer une sensibilité aux gens et à leur santé à travers mon expérience en anthropologie. Elle m'apporte beaucoup pour comprendre l'histoire des personnes et ce qu'ils amènent avec eux. Il y a certains problèmes de santé que je ne comprendrais pas sans la perspective de l'anthropologie, qui me permet de penser aux problèmes de façon plus créative.
UNE IDENTITÉ FRANCOPHONE CONSCIEMMENT CONSTRUITE
La langue française a toujours fait partie de la vie de cette Terre-Neuvienne, née à Saint-Jean d'une mère anglophone et d'un père francophone, originaire de Saint Boniface, au Manitoba. Françoise fréquente l'école française et reçoit une éducation bilingue. « J'ai vraiment commencé à embrasser le concept de francophonie durant ma scolarité à l'école française, notamment à travers la semaine de la francophonie et ma participation au programme Franco-Jeunes pour représenter la province, puis plus tard en vivant en colocation avec une Française. »
De retour à Terre-Neuve-et-Labrador en 2017, elle choisit de garder son nom de famille après son mariage avec un anglophone. « Mon identité francophone est très consciente. Je veux pouvoir être facilement identifiée comme médecin francophone dans la province, car ce n'est pas toujours facile de savoir quels médecins parlent français ici. Je me présente dans les deux langues. »
Une chose qu'elle préfère particulièrement dans son travail ? « J'adore tout ce que je fais et je suis passionnée par la santé des réfugiés, j'apprends énormément avec mes différentes équipes de travail. J'ai la vie que je veux, le métier que je veux. Je suis exactement où je voulais être dans ma vie aujourd'hui. »