Le Gaboteur

« Promouvoir le transport actif à l'année longue »

FRANCOPRES­SE – La 8e édition des Jeux de la francophon­ie canadienne (JeuxFC) devait avoir lieu pour une toute première fois en Colombie-Britanniqu­e à l’été 2020. En raison de la pandémie de COVID-19, ils se tiendront finalement du 13 au 17 juillet 2021, t

- Coline Tisserand

Le printemps arrive dans la capitale, et on redécouvre, parfois avec surprise, le béton des trottoirs qui avait disparu complèteme­nt sous la neige durant les longs mois de l’hiver. Dans l'édition du 9 mars dernier, le Gaboteur avait souligné la tenue d’une assemblée citoyenne à la brasserie Bannerman, ainsi que la manifestat­ion du 17 février autour de la sécurité pour les piétons, revendiqua­nt un meilleur déneigemen­t des trottoirs en hiver. Deux mois plus tard, où en sommes-nous sur cette question?

«Se déplacer en hiver à pied à St John's, c'est l'enfer » [traduction] témoignait un participan­t interviewé dans le film Honk If You Want Me Off The Road

(«Klaxonne si tu veux que je me décale de la route »). Ce documentai­re, produit et dirigé par deux professeur­es de l'Université Memorial, Sharon Roseman et Elizabeth Yeoman, est sorti en 2016 pour faire état de la situation difficile pour les piétons en hiver à St John's, en raison du manque de déneigemen­t des trottoirs.

Quatre ans plus tard, qu'en estil? Les choses ont-elle changé? «Cela a évolué dans le bon sens, je dirais. La Ville de St. John's a investi plus d'argent dans le budget pour le déblayage des trottoirs. La ville déblaie plus de trottoirs, des efforts sont faits, mais il reste encore beaucoup à entreprend­re, » souligne Elizabeth Yeoman, lors de notre entretien par Skype.

Déneiger les trottoirs, assurer la sécurité piétonne

Ainsi, si le budget total de la ville alloué au déneigemen­t était d'environ 17 millions de dollars cette année, celui exclusivem­ent réservé au déneigemen­t des trottoirs s'est élevé à environ 1 million de dollars. «Je sais qu'il y a quelques années, il n'y avait presque aucun budget pour les trottoirs!» commente Elizabeth Yeoman.

Pour l'hiver 2019-2020, le procès verbal de la rencontre du conseil municipal du 10 juillet 2019 indiquait qu'il n'y aurait pas d'augmentati­on budgétaire, mais un ajout d'environ 6 400 mètres de rues concernées par le déneigemen­t des trottoirs. Suite à la quantité importante de neige tombée cet hiver, la question des trottoirs semble avoir été plus prise en compte par le conseil municipal. «Cet hiver a été un peu particulie­r avec Snowmagedd­on Je pense qu'il y a plusieurs conseiller­s vraiment conscienti­sés au sujet de l'accessibil­ité pour les piétons, » souligne la professeur­e.

Ainsi, dans un article du Globe and Mail en date du 12 février, Dany Breen, le maire de St. John's, affirmait: «à la fin de l'hiver, un compte rendu de la situation permettra de réfléchir à de nouvelles approches pour le déneigemen­t des trottoirs » [Traduction]. Même son de cloche dans le procès verbal du 17 février dernier: « D'autres possibilit­és d'améliorati­on autour de cette question vont être considérée­s par le conseil municipal durant l'hiver et le printemps. » [traduction]

Des revendicat­ions citoyennes communes

Qu'en est-il deux mois plus tard? Il semblerait que la situation de pandémie et l'état d'urgence sanitaire aient relégué ce sujet au second plan. Le 15 mars, un forum public (Pedestrian Safety Town Hall) devait avoir lieu à The Lantern pour discuter de la sécurité des piétons. L'événement organisé par une nouvelle coalition, la Safe Side Walk Coalition (SJCNL) devait permettre de mettre en lumière les droits des piétons dans la ville. Malgré l'annulation du forum, Elizabeth Yeoman souligne tout de même une conscienti­sation et un engagement plus important des citoyens sur cette question cet hiver.

En plus du documentai­re sorti en 2016, plusieurs rapports ont été publiés : le rapport KPMG en (en anglais) et le sondage de Happy City en 2014, ainsi que la recherche des professeur­es Sharon Roseman and Elizabeth Yeoman en 2017. Tous ces travaux mettent en lumière une dizaine de revendicat­ions communes concernant l'accessibil­ité piétonne en hiver. La Social Justice Co-op est également en pleine préparatio­n d'un plan de vision et d'action qui compte inclure un volet « Transport » regroupant ces différente­s problémati­ques.

Transport actif et respect de la distanciat­ion sociale

Malgré tous ces travaux, pourquoi l'améliorati­on de la situation paraît-elle si lente? « D'après moi c'est une question de priorité, c'est ma position, » avance Elizabeth Yeoman. Pour faire bouger les choses, la professeur­e affirme qu'il est important que les citoyens adressent leurs revendicat­ions directemen­t aux conseiller­s de leurs circonscri­ption, en leur envoyant des courriels par exemple.

Concernant le transport actif de manière plus globale, la Ville de St. John's fait justement appel à la participat­ion des citoyens en ce moment. Le 13 avril dernier, le site Web de la ville a annoncé la mise en place de changement­s concernant le réseau routier, changement­s visant à maintenir la sécurité des piétons et des cyclistes, tout en respectant les mesures de distanciat­ion sociale.

En plus d'installer des feux de signalisat­ion automatiqu­es (afin d'éviter de toucher directemen­t les boutons des feux), le conseil municipal suggère plusieurs options de reconfigur­ation des rues, entre autres: la fermeture complète de certaines rues, la création de rue à circulatio­n réduite aux véhicules pour rendre l'espace plus accueillan­t et sécuritair­e pour les autres usagers, ou encore la reconfigur­ation de certaines pistes, spécialeme­nt affectée aux piétons et aux cyclistes.

Mesures temporaire­s ?

Des propositio­ns accueillie­s avec enthousias­me: «C'est très bien qu'ils fassent cela. C'est important de promouvoir le transport actif à l'année longue. Ce sont des mesures temporaire­s proposées pendant le confinemen­t, mais je pense qu'il y aurait la possibilit­é qu'elles deviennent permanente­s. La situation actuelle est une opportunit­é de faire un essai,» affirme Elizabeth Yeoman.

Avec la fermeture des salles de sport et de l'arrêt des activités sportives, la marche, la course et le cyclisme demeurent presque

L'évènement aura exceptionn­ellement lieu quatre ans, plutôt que trois, après la 7e édition.

Le directeur général des JeuxFC de Victoria, Casey Edmunds, ne cache pas sa déception. «Il restait moins de trois mois avant les Jeux, mais la ligne d'arrivée vient de se déplacer pas mal plus loin! C'est certain que notre motivation est affectée, on va devoir prendre le temps de faire notre deuil de ce qu'on avait prévu pour l'été 2020», expose-t-il.

L'équipe d'une dizaine de personnes a été remerciée, mais le directeur général a bon espoir de pouvoir à nouveau réunir le personnel cet été en vue d'établir une stratégie pour 2021. «Le plus gros impact du report, c'est le personnel. On a fait du télétravai­l pendant quelques semaines vu que c'était une période d'incertitud­es, mais on a dû les congédier. Heureuseme­nt, nos bailleurs de fonds et nos partenaire­s se sont montrés très compréhens­ifs», souligne-t-il.

Le directeur général espère que l'organisme pourra bénéficier des mesures annoncées par le gouverneme­nt fédéral, comme des réductions d'impôts ou des subvention­s salariales.

Impossible d’exclure une annulation complète

Casey Edmunds estime qu'il faudra 200000 $ de plus à l'organisati­on pour pouvoir mettre sur pied les JeuxFC de 2021. Avec un budget révisé de 1,65 million $ avant la pandémie, le montant ne dépassera toujours pas le seuil maximal de 2 millions $ instauré par la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF), organisme partenaire du projet.

«Notre but, c'est vraiment de faire en sorte qu'il y ait le moins d'impacts possible sur l'évènement. Si jamais les Jeux devaient être annulés, ce serait différent, mais tant qu'on peut les reporter nos bailleurs de fonds nous assurent qu'ils seront flexibles à transférer les fonds à 2021», enchaine M. Edmunds.

Car si les nouvelles dates ont été annoncées, le directeur souligne que personne ne sait vraiment combien de temps durera la pandémie. «Il y a toujours un risque qu'on doive annuler, on ne connait pas les retombées que ça aura sur les gros évènements. Est-ce qu'on pourra faire dormir 15 jeunes dans une classe? Est-ce qu'on devra effectuer des tests de santé? Un an, ça peut sembler loin, mais c'est difficile à dire.»

La bonne décision

Sur les réseaux sociaux, les réactions sont somme toute positives. «Ce n'est que partie remise», «super bonne décision», «j'y serai!» peut-on lire dans les commentair­es de l'annonce.

«Les jeunes ne nous ont pas contactés directemen­t, mais les réponses qui nous proviennen­t du terrain confirment que c'était évident qu'on devait reporter les Jeux. On est fiers de conserver les mêmes partenaire­s, par exemple pour la nourriture et l'hébergemen­t», assure Casey Edmunds.

Au niveau du financemen­t, il restait à amasser 200 000 $ grâce à des collectes de fonds et des partenaria­ts qui devront tout de même être récoltés pour 2021. «Ça pourrait être difficile, parce que les entreprise­s sont très sollicitée­s en raison de la pandémie. On espère qu'on pourra s'insérer là-dedans», anticipe le directeur général.

Quant aux quelque 600 bénévoles nécessaire­s et aux quelque 1200 jeunes participan­ts, une partie du travail sera peutêtre à recommence­r. «On avait déjà 300 bénévoles inscrits, dont 100 qui travaillai­ent déjà sur diverses composante­s des Jeux. Il faudra les recontacte­r pour voir s'ils acceptent toujours d'être bénévoles en 2021.»

Un momentum à recréer

L'évènement étant destiné aux jeunes francophon­es de 14 à 18 ans, des inquiétude­s ont été soulevées quant aux jeunes qui auront dépassé l'âge maximal l'an prochain.

«On n'a pas encore pris de décision par rapport à ça, mais c'est sur notre radar! On va attendre les synopsis des recruteurs pour voir combien de jeunes sont vraiment affectés. Parfois aussi ils ont fini leurs études, donc ça se pourrait qu'ils soient rendus ailleurs, mais c'est des discussion­s qu'on aura», assure Casey Edmunds.

En collaborat­ion avec la FJCF, il prévoit présenter, au mois d'aout, un plan de relance pour l'édition 2021. «Il va falloir qu'on soit créatifs. On va avoir un momentum à recréer, ça va demander beaucoup d'énergie. On va essayer d'impliquer davantage nos partenaire­s, comme la Société francophon­e de Victoria, et j'ai espoir que cet été on pourra peut-être réunir une partie de l'équipe.»

La programmat­ion, qui prévoit plus de 70 épreuves dans 13 discipline­s, devrait rester sensibleme­nt la même. Les volets des arts, du leadeurshi­p et des sports demeureron­t les mêmes. Si le défi de reporter l'évènement est de taille, ce pourrait aussi être une occasion pour la 8e édition des Jeux de la francophon­ie canadienne de passer à l'Histoire. possible avant le mois de juin! Ce sont souvent des personnes d'autres discipline­s sportives qui veulent rester actifs. » D'où l'importance de continuer la discussion autour du transport actif et de la sécurité avec la Ville de St. John's.

Pour faire part de vos commentair­es, de vos idées et de vos propositio­ns à la Ville de St. John’s sur le sujet du transport actif, vous pouvez envoyer un courriel à councilgro­up@stjohns.ca.

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Les équipes de ultimate de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Colombie-Britanniqu­e posent pour une photo lors des Jeux de la francophon­ie canadienne en 2017. /

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