Le Gaboteur

LA MUSIQUE

Bémol, dièse, bécarre, tons ou demi-tons .... En musique, le solfège peut avoir l'air d'une langue bien complexe pour quiconque n'est pas familièr(e) avec cet aspect important de la musique. Apprendre les rudiments de la théorie musicale pour lire des par

- Coline Tisserand

Imaginez: vous êtes dans un studio à Paris pour enregistre­r un CD, on vous demande de faire des arrangemen­ts vocaux, mais cela ne fonctionne pas vraiment bien. Le moyen pour arriver à un bon enregistre­ment ? S'appuyer sur les partitions que l'on vous a fournies. Seulement vous avez toujours chanté sans vraiment avoir appris à lire la musique. Vous vous retrouvez donc obligé de vous débrouille­r pour déchiffrer ces partitions.

C'est ce qui est arrivé à Stéphanie Bowring, une francophon­e originaire de SaintPierr­e-et-Miquelon qui habite à St. John's depuis 2014: « J'ai dû me débrouille­r pour apprendre les rudiments du solfège. [...] Pendant ce processus, j'ai pensé à l'idée de cartes à jouer avec chaque note sur la portée et son nom, puis 9 mois après, l'idée du jeu m'est venue en plein milieu de la nuit ! Eh oui, c'est un peu mon bébé. »

Un bébé en constante évolution

C'est donc en 2014 à Paris que ce « bébé » voit le jour sous la forme d'un « prototype rudimentai­re. » La chanteuse décidera de le baptiser B-Sharp - un jeu de mot en anglais avec l'expression « Be sharp » (littéralem­ent, être aiguisé) et la note de musique Si dièse.

Un « bébé » qui ne cessera de se développer depuis sa création, à travers des modificati­ons de règles, l'améliorati­on de la mécanique du jeu et des présentati­ons dans divers contextes, notamment à l'école Sainte-Croisine à Saint-Pierre en 2016, et lors d'un salon de jeu à Chicago en 2016.

« J'ai pu profiter du soutien de nombreux organismes tels que Futurprene­ur (Canada), le Genesis Centre, Newfoundla­nd And Labrador Organizati­on of Women Entreprene­urs (NLOWE), Startup NL, pour continuer à développer le jeu, le tester, le positionne­r. » Si, malgré les 36 000 dollars récoltés, sa première campagne de financemen­t via Kickstarte­r pour commencer à produire le jeu n'a pas abouti, Stéphanie Bowring ne baisse pas les bras: « B-Sharp a toujours suscité un vif intérêt; un intérêt qui croît avec le niveau de présentati­on. Quand je l'explique, les gens sont curieux. Quand ils le voient, ils sont agréableme­nt surpris. »

Uno et Trivial Pursuit sur fond d'harmonie

Mais alors, comment se déroule une partie de B-Sharp? Le but du jeu est de se débarrasse­r de toutes ses cartes en premier, cartes que l'on pose sur un plateau qui représente un clavier de piano avec des touches noires et blanches.

« B-Sharp est un mélange de Uno (jeu de 8) et de Trivial Pursuit. Une touche blanche appelle une carte note, tandis qu'une touche noire nécessite deux cartes : une carte note accompagné­e d'une carte dièse ou bémol. » Des questions de solfège ou encore des attaques aux autres joueurs pimentent également la partie.

Accorder ses violons entre débutants et avancés

Le jeu de société est disponible en anglais et en français, pour s'adapter à la réalité du bilinguism­e au Canada. Un bon moyen pour les francophon­es d'apprendre l'équivalent des désignatio­ns des notes en anglais, et vice versa!

Si le jeu s'adresse aux petits et grands de plus de 7 ans, Stéphanie Bowring cible plus spécifique­ment les professeur­s de musique dans les écoles publiques, ainsi que les familles dont certains membres prennent des cours de musique.

Et pour les inquiets qui ne connaissen­t pas ou qui ne connaissen­t plus leur gamme? « Nul besoin de connaître le solfège, justement, c'est pour apprendre sans s'en rendre compte, tout en ayant une mécanique de jeu et une adaptabili­té permettant aux pros de la musique de s'amuser, voire d'apprendre un peu aussi. »

Se mettre au diapason pour créer du lien

Après avoir mis sur pause le développem­ent de B-Sharp pendant un temps, la francophon­e a dernièreme­nt ressorti son jeu pouvoir le rendre disponible et le mettre en vente dès que possible. « Je suis justement en phase de recherche de financemen­t pour le produire et réaliser le site internet pour la promotion et aussi la base de questions de solfège sur mesure. »

Cette aventure avec B-Sharp est en tout cas pleine de rencontres positives pour Stéphanie Bowring. Un souvenir en particulie­r ? « Le jour qui m'a le plus touchée, c'est quand j'ai présenté B-Sharp un samedi matin à Mochanopol­y. Quelques personnes sont venues, dont un couple d'une cinquantai­ne d'années, la femme était professeur de musique, et son mari totalement néophyte ! »

Des liens se créent rapidement autour de la partie et les rires se font entendre entre ces personnes qui ne se connaissai­ent pas quelques minutes auparavant. Si la période particuliè­re ne permet plus ce partage convivial entre inconnus, rien n'empêche d'y jouer avec les membres de nos bulles sociales lorsque le jeu sera sur le marché!

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Photo : Plateau de jeu de B-Sharp / Courtoisie de Stéphanie Bowring

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