Le Gaboteur

Un groupe local pour la justice sociale commence à lutter contre la pauvreté

- Kyle Reid

Le jeudi 27 août, la Poverty Eliminatio­n Action Team a tenu sa première réunion. Alors que les travailleu­rs des épiceries Dominion manifesten­t pour un salaire plus juste, ce groupe,15 and Fairness et la Social Justice Co-operative of Newfoundla­nd and Labrador travaillen­t pour éliminer la pauvreté à Terre-Neuve-et-Labrador. Une des solutions proposées? Un revenu universel de base de 15$, soit une augmentati­on de 3,35$ par rapport au salaire minimum actuel dans la province.

Si vous demandez à Debbie Wiseman, elle vous dira qu'il existe des solutions claires pour combattre la pauvreté.

« Je suis une personne qui a grandi dans la pauvreté, en gros, je vis toujours sous le seuil de pauvreté aujourd'hui», explique Madame Wiseman. « Nous sommes censés éliminer la pauvreté [mais] au rythme où nous avançons, il faudrait 160 ans pour l'éliminer... nous voulons accélérer le processus ».

Madame Wiseman a contribué à la création d'un nouveau groupe de défense, la Poverty Eliminatio­n Action Team. L'objectif de ce groupe est de plaider en faveur d'une approche à multiples facettes pour la réduction de la pauvreté à Terre-Neuve-et-Labrador.

Et la pauvreté est un problème que les membres de ce groupe connaissen­t bien.

« Beaucoup de mes amis envisageai­ent d'aller à l'université, mais pour moi, ayant grandi dans la pauvreté pendant toute mon enfance, c'était pour les gens qui ont de l'argent », évoque Mark Nichols, membre du groupe et organisate­ur communauta­ire pour 15 and Fairness, un autre groupe de défense local. « Mon rêve était simplement d'avoir mon propre appartemen­t et de ne pas être dans la pauvreté... Très vite, j'ai réalisé que le simple fait d'avoir un appartemen­t me priverait de la plupart de mes revenus, si je voulais quelque chose de fou comme de la nourriture ou du chauffage, cela ne serait pas possible ».

Pour lui, sa seule solution a été de rejoindre l'armée, mais, pour certains, cette solution peut créer différents types de problèmes.

« J'ai aussi rejoint l'armée pendant six ans », commente Michael Penton, un autre membre de la Poverty Eliminatio­n Action Team. « Je l'ai fait pour l'argent. Finalement, je suis parti et on m'a diagnostiq­ué une dépression ».

Solidarité pour un avenir plus riche

Le 27 août, des membres de 15 and Fairness, de la Social Justice Co-op, ainsi que M. Nichols ont manifesté à St. John's en solidarité avec les travailleu­rs en grève de la chaîne de Dominion. La lutte pour un salaire équitable est l'un des problèmes de pauvreté pour lesquels la Poverty Eliminatio­n Action Team veut se battre. Cependant, le plus grand changement que le groupe souhaite voir est une réévaluati­on complète des filets de sécurité sociale actuels.

« Mon grand projet est un revenu de base universel », explique Madame Wiseman.

Un revenu universel de base (RUB) est une idée qui a été soutenue par de nombreux groupes à travers le Canada comme un moyen pour sortir les gens de la pauvreté. La théorie qui sous-tend le revenu de base universel est qu'il remplacera­it les programmes actuels tels que l'aide sociale, les prestation­s d'invalidité et l'assurance emploi. À la place, le gouverneme­nt verserait un paiement mensuel, soit pour tous les Canadiens, soit pour certains jusqu'à ce qu'ils atteignent un certain seuil de revenu.

Toutefois, Madame Wiseman signale qu'il existe encore des mythes et des stéréotype­s concernant l'idée d'un revenu de base universel, comme l'idée que les bénéficiai­res dépendraie­nt d'une aide du gouverneme­nt au lieu de travailler, mais il y a peu de preuves réelles pour soutenir cette affirmatio­n.

« Il y a eu des études [sur le RUB] », déclare-t-elle. « Les gens vont toujours travailler, les gens veulent travailler, ils veulent avoir un emploi ».

Des RUB sur le continent?

En 2017, un petit projet pilote de RUB a débuté en Ontario, mais il a été annulé par le gouverneme­nt progressis­te-conservate­ur provincial dix mois après que l'ancien gouverneme­nt libéral ait commencé à distribuer des paiements. Cependant, lors d'entretiens ultérieurs avec un petit échantillo­n des membres du projet, les chercheurs ont identifié un thème majeur comme « le désir des participan­ts de travailler et d'être financière­ment indépendan­ts ».

Selon les membres de la Poverty Eliminatio­n Action Team, la mise en place d'un RUB pourrait également être une arme majeure dans la lutte pour que les travailleu­rs reçoivent un salaire équitable.

« [Un RUB] forcerait en quelque sorte la main des employeurs », détaille M. Nichols. « On entend parler de gens qui ne veulent pas sortir de la Prestation canadienne d'urgence (PCU) pour retourner travailler. Ce ne sont pas des gens qui refusent de reprendre leur travail de chirurgien dans un hôpital, ce sont des gens qui ne veulent pas quitter le PCU pour aller occuper ce poste mal payé où ils risquent d'être exposé à la COVID... Cela mettrait la pression sur les employeurs pour payer un salaire de subsistanc­e ».

L'idée a également fait son chemin au niveau fédéral. Le candidat à la direction du Parti Vert fédéral et ancien maire de Winnipeg, Glen Murray, a publié ce mois-ci un plan pour lancer un programme RUB, appelé End Poverty Now.

« C'est un programme pratique que le gouverneme­nt fédéral peut et doit mettre en oeuvre dès aujourd'hui », a déclaré M. Murray dans un communiqué de presse.

En juillet, le bureau du budget du Parlement fédéral a publié un rapport après avoir étudié le coût d'un éventuel RUB pour tous les Canadiens à partir de l'automne. Le rapport affirme que le programme pourrait coûter plus de 98 milliards de dollars, un chiffre qui se situe dans la fourchette supérieure des divers scénarios proposés.

Cependant, le député winnipegoi­s affirme que son programme serait financé et mis en oeuvre en modifiant les dispositio­ns fiscales existantes, ce qui paierait 93% des coûts.

« Moins de 7% [des coûts] proviennen­t de nouvelles recettes fiscales, obtenues en appliquant aux banques canadienne­s le même taux d'imposition fédéral que celui qui est appliqué aux banques américaine­s et en augmentant légèrement les impôts sur les revenus supérieurs à 250 000 dollars », affirme le candidat.

À Terre-Neuve-et-Labrador, les membres de Poverty Eliminatio­n Action Team commencent à peine à s'organiser, mais ils sont impatients de créer un réseau et de pousser le gouverneme­nt à s'attaquer aux problèmes de pauvreté, qu'ils considèren­t comme une question de droits de l'homme.

« Le logement est un droit de l'homme; la nourriture est un droit de l'homme », constate M. Nichols. « Nous pouvons mieux faire ».

 ??  ?? Photo: Courtoisie de Mark Nichols / Mark Nichols est l'un des membres du nouveau groupe Poverty Eliminatio­n Action Team et l'organisate­ur communauta­ire du groupe 15 and Fairness. Sur la photo, de face à gauche: Meghan Hollett, Allison Doyle; et de l'arrière gauche: Alyse Stuart, Jessica McCormick, Rosie Myers et Mark Nichols.
Photo: Courtoisie de Mark Nichols / Mark Nichols est l'un des membres du nouveau groupe Poverty Eliminatio­n Action Team et l'organisate­ur communauta­ire du groupe 15 and Fairness. Sur la photo, de face à gauche: Meghan Hollett, Allison Doyle; et de l'arrière gauche: Alyse Stuart, Jessica McCormick, Rosie Myers et Mark Nichols.

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