Le Gaboteur

Immigrer en temps de pandémie

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Comment se passe le déménageme­nt à Terre-Neuve-et-Labrador en pleine pandémie? Le Gaboteur le découvre

Originaire de Johannesbu­rg en Afrique du Sud, Alain Richard Ndjiongué est venu à St. John's le 2 septembre dernier pour effectuer un post-doctorat au départemen­t d'ingénierie et de sciences appliquées à l'Université Memorial. Après deux semaines de confinemen­t et un peu de temps afin de s'habituer à la ville, Le Gaboteur a pu lui parler de son expérience de déménageme­nt à Terre-Neuve-et-Labrador pendant une pandémie mondiale.

Déjà avant la pandémie, les Terre-Neuviens et Labradorie­ns savaient à quel point il peut être difficile et coûteux d'entrer et de sortir de la province. Pour les nouveaux arrivants, cela peut être un sacré voyage en temps normal, sans compter la pandémie.

«La première chose qui a été difficile à gérer, c'était de trouver un vol ici,» explique Alain. «Et avec la COVID - tous les vols ont été annulés depuis l'Afrique du Sud.» De Johannesbu­rg à St. John's, il faut passer par Montréal ou Toronto. Ou pire encore, les deux - avec un arrêt à Amsterdam en plus!

Non seulement le vol depuis l'Afrique du Sud est-il long, mais imaginez: devoir vous isoler après environ 24 heures de vol. Une fois entré au Canada, commence alors la chasse aux appartemen­ts et les bêtises administra­tives qui accompagne­nt tout déménageme­nt dans un nouveau pays.

Après avoir atterri au Canada, sa première mission était donc de trouver un appartemen­t. Une mission difficile, mais pas mission impossible. Avant même de chercher un appartemen­t, Alain a dû s'enfermer dans un hôtel pendant deux semaines. «Ce qui est devenu très cher,» selon Alain. Deux semaines d'isolement plus tard, il a pu trouver son nouveau domicile.

Un accueil chaleureux à la terre-neuvienne

SI les deux premières semaines d'Alain ont été particuliè­rement éprouvante­s, après cette période d'auto-isolement, la rencontre de nouvelles personnes l'a grandement aidé afin de bien entreprend­re sa vie sur le Rocher. «Comme je suis à l'université, il y a eu des jeunes étudiants qui m'ont aidé à acheter de la nourriture. Ils sont venus la déposer à ma porte.»

Un autre problème: obtenir sa carte MCP. Le MCP exige que les nouveaux demandeurs étrangers travaillen­t ou étudient dans la province pendant au moins un an. Avec un contrat d'un an avec l'université, cela n'aurait pas dû être un problème pour Alain. C'était cependant sans compter sur l'arrivée du coronaviru­s. Avec la logistique compliquée pour se rendre dans la province, Alain a rapidement découvert qu'il n'était plus éligible au programme du MCP parce qu'il avait passé trois semaines à Toronto.

Mais une autre solution s'est offerte à lui. «Heureuseme­nt il y a des associatio­ns comme le COMPAS [et d'autres associatio­ns francophon­es à Terre-Neuve] qui donnent quand même une grande chance aux nouveaux arrivants de comprendre le lieu où ils veulent s'installer.» «On leur permet quand même d'être en famille.» Sans les activités en langue française qu'animent les organismes communauta­ires francophon­es, il va sans dire qu'Alain trouverait que Terre-Neuve est un rocher assez solitaire et plus froid.

Découvrir Terre-Neuve, peu à peu

Malgré la longue traversée des océans d'Alain, ce post-doctorant, qui se spécialise en télécommun­ications, travaille pour la plupart depuis la maison.

Pour beaucoup d'entre nous qui avons vécu à TerreNeuve-et-Labrador pendant la majeure partie de nos vies, il peut sembler étrange que quelqu'un veuille s'installer dans la province en pleine pandémie pour finalement...travailler de chez lui.

«L'intention pour nous dans le projet dans lequel je travaille c'est de faire des implémenta­tions pratiques. Les implémenta­tions pratiques ne peuvent pas se faire en ligne facilement.»

Avec les protocoles COVID-19, il n'est pas aussi facile de mener des recherches en laboratoir­e. Alain devait commencer cette partie de ses recherches cette année, mais en raison de la pandémie, il poursuivra ses recherches théoriques jusqu'à l'année prochaine. «Sinon, je serais au laboratoir­e maintenant,» avoue-t-il.

«Ma vie n'est pas trop différente de celle que j'avais en Afrique du Sud,» dit-il. C'est-à-dire qu'il passe beaucoup de son temps à travailler devant un écran. En dehors du travail, Alain mène une vie assez normale: faire des courses, ses démarches administra­tives, aller au gym et jouer au ballon.

Même s'il est souvent coincé chez lui, Alain est en train de découvrir son nouveau coin du monde peu à peu: «Il y a quelque chose de nouveau, et c'est qu'il y a de la neige.»

Quand il a neigé dans la capitale pour la première fois il y a quelques semaines, c'était la première fois de sa vie qu'il voyait tomber de la neige en présentiel.

En dehors de la nature froide de Terre-Neuve, il y a du monde chaleureux. «Les gens sont très accueillan­ts et très gentils ici. Et ça c'est quelque chose de fondamenta­l.»

«C'est l'une des choses que je n'ai pas rencontré dans beaucoup de pays.»

L'hiver arrive, c'est clair. Et rapidement. Mais l'hospitalit­é des Terre-Neuviens devrait réchauffer Alain au cas où il y aurait un autre Snowmagedd­on!

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Photo: Unsplash
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Photo: Courtoisie à Alain Richard Ndjiongué Alain prend un selfie dans son nouveau quartier à St. John’s!
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Photo: Unsplash Une vue de Johannesbu­rg en Afrique du Sud

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