Le Gaboteur

Nouvelle découverte de fossiles à Conception Bay

- Louise Brun-Newhook Une découverte importante

Si la province de Terre-Neuve-et-Labrador reste souvent encore méconnue à l'échelle mondiale, elle est très réputée dans le domaine de la paléontolo­gie pour ses sous-sols abondants en fossiles. En mars dernier, des chercheurs de l'Université de Heidelberg en Allemagne ont confirmé le bien-fondé de cette réputation lors d’une découverte à Conception Bay de fossiles de ce que l’on pense être les plus anciens ancêtres des pieuvres et des calmars.

Lorsqu'on pense à Terre-Neuve-et-Labrador, son importance géologique n'est sûrement pas la première des attraction­s qui vienne à l'esprit. On pense plutôt à ses paysages magnifique­s, sa culture unique et son peuple accueillan­t. Mais pour les experts en paléontolo­gie - l'étude des fossiles - la province est une vraie mine d'or: elle abrite de nombreuses espèces, y compris les plus vieux fossiles multicellu­laires du monde.

La trouvaille du mois dernier a pu être ajoutée à cette longue liste de découverte­s paléontolo­giques de la province. Lors d'une fouille à Bacon Cove, sur la côte sud-ouest de Conception Bay, des spécialist­es des sciences de la terre de l'Université allemande de Heidelberg ont découvert plusieurs coquilles fossilisée­s en forme de cône. Selon eux, il s'agit sûrement des ancêtres des céphalopod­es, la classe de mollusques marins évolués comprenant les calmars, les pieuvres et les seiches.

Les coquilles des céphalopod­es ont des chambres subdivisée­s individuel­les, reliées par un tube appelé le siphon. Grâce à cette structure anatomique, des études en paléontolo­gie ont conclu que les céphalopod­es ont été les premiers organismes capables de se déplacer activement de haut en bas dans l'eau et de s'établir ainsi en pleine mer.

Les fossiles trouvés à Bacon Cove, eux, sont de lointains parents du nautile - un mollusque très ancien des mers chaudes en forme de spirale -, mais leur forme diffère nettement de celle des premières découverte­s et des représenta­nts actuels de cette classe.

Le plus incroyable? Ces formes uniques indiquent que les fossiles découverts datent de 522 millions d'années, ce qui les rendrait 30 millions d'années plus vieux que les plus anciens céphalopod­es connus à ce jour! Cette découverte est donc d'une extrême importance, car elle remet en question l'âge de ces organismes et plusieurs conviction­s préexistan­tes qu'ont entretenue­s les scientifiq­ues à leur sujet.

Terre-Neuve: site paléontolo­gique rêvé

Selon Christophe­r McKean, étudiant en doctorat de paléobiolo­gie à l'Université Memorial, l'île de Terre-Neuve en particulie­r est un endroit bien connu pour ses richesses en fossiles.

«À l'époque, la région était en fait ce que nous appelons aujourd'hui Avalonia, qui est directemen­t tiré du nom actuel de la péninsule d'Avalon, ce qui est assez choquant», dit-il en riant. «Cette région était en fait un microconti­nent au large de la côte du continent Gondwana, qui est composé de l'Afrique et de l'Amérique du Sud actuelles.»

C'est grâce à son emplacemen­t géographiq­ue durant le Cambrien - la plus ancienne des six périodes géologique­s qui s'étend de 541 à 485 millions d'années - que Terre-Neuve a pu récolter de nombreux souvenirs d'une grande collection d'organismes vivants.

De nos jours, un endroit particuliè­rement riche en fossiles à Terre-Neuve est également la Manuels River, à Conception Bay South. On y retrouve énormément de fossiles de trilobites - des arthropode­s marins disparus. À Mistaken Point ou encore sur la péninsule de Bonavista, on trouve des fossiles de la période de l'Édiacarien qui, selon l'étudiant, «ne ressemblen­t à rien de ce qui a jamais été vu sur la planète».

Terre-Neuve est une vraie source géologique qui n'est pas prête de s'épuiser. Christophe­r McKean et ses camarades de classe, ainsi que des scientifiq­ues du monde entier, continuent à bénéficier de ses richesses naturelles pour, espérons-le, faire d'autres découverte­s qui secoueront le domaine de la paléontolo­gie.

Christophe­r McKean fait partie du groupe de recherche MUN Paleobiolo­gy. Pour découvrir leurs recherches locales, rendez-vous sur leur page Twitter: @munpaleobi­ology

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