Le Journal de Montreal - CASA

Rencontre savoureuse

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Installéda­ns une suite de l’hôtel de l’institut sur la rue St-denis à Montréal, l’homme est là, souriant, détendu, le regard bleu clair, presque coquin, comme un enfant qui s’apprête à faire un mauvais coup, juste pour rire. Je pourrais disserter pendant des pages et des pages sur le personnage, la première impression est souvent la bonne, il est le charme incarné.

Tout de suite, la chose m’est apparue, une révélation, comme la Vierge dans la grotte de Lourdes. Les chefs mondialeme­nt connus et reconnus de cette génération, les Bocuse, Troisgros, Guérad, Roux, Girardet, Chapel, Arzak, Wynants, Mikuni, Robuchon, Lenôtre et Marc Merneau que j’ai rencontrés dernièreme­nt, sont tous des êtres à part.

Du charisme à profusion, du plaisir à transmettr­e, de la passion à partager… Bref, de grands hommes d’abord et avant tout, de grands chefs par la suite, de grands communicat­eurs, des personnage­s qui ne sont jamais, mais alors là, jamais blasé.

Quelle leçon, quel beau message pour les jeunes génération­s de chefs. J’étais heureux de rencontrer cet homme, Michel Roux, grand cuisinier, extraordin­aire pâtissier, homme de goût, dans tous les sens du terme, homme de succès aussi avec plus de deux millions de livres vendus dans le monde.

Sa première phrase avant l’entrevue tonne comme un coup de trique, les jeunes chefs ont toutes les qualités du monde, il faut juste qu’il goûte à ce qu’ils font, ils n’ont plus de repères. Ouf, ça démarre fort.

QRJe suis impatient de voir comment ils ont interprété mes recettes. C’est un peu la même chose avec les lecteurs de mes livres. Ils ont les bases avec mes recettes, mais celles-ci permettent toujours d’y ajouter un petit quelque chose, c’est bien comme ça, chacun peut interpréte­r les recettes à son goût. La cuisine ne doit pas être statique, il faut qu’elle bouge, progresse, le plus grand problème, ce n’est pas de changer un truc, c’est de savoir pourquoi on peut le changer ou pas. Les jeunes chefs ne goûtent pas ou peu leurs réalisatio­ns et ne comprennen­t pas toujours les raisons de ces changement­s, ils en oublient souvent l’essentiel, le goût, le goût, le goût.

Q

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