Le Journal de Montreal - CASA

L’âge de ses bouteilles

À force de vieillir soi-même dans sa propre bouteille, et de constater que ça fait un moment déjà qu’on a atteint l’âge de la maturité, on en vient à voir les choses différemme­nt.

- CLAUDE LANGLOIS Collaborat­ion spéciale claude. langlois@ quebecorme­dia.com

Etcela se répercute forcément sur la façon d’acheter du vin. Vous l’ai-je déjà dit? Je n’ai à peu près plus de grandes bouteilles dans ma cave, les ayant déjà presque toutes bues, pour cette bonne raison que je les avais achetées quand j’étais plus jeune, alors qu’elles avaient un potentiel de garde de 15, 20 voire 25 ans et plus, et qu’elles ont fini par atteindre leur apogée.

Il serait ridicule, à l’âge certain que j’ai maintenant, de continuer à acheter des vins qui ne seront prêts à boire que lorsque je serai probableme­nt moi-même sur le déclin.

Aussi, les vins que j’achète maintenant sont des bons vins dont le potentiel de garde est forcément proportion­nel à ma propre garde, si je peux dire.

Ce qui implique des vins qui évoluent plus rapidement, ou sinon des vins plus jeunes, qu’il fait bon boire alors qu’ils ont encore le pimpant et la fougue de la jeunesse.

Aussi, je ne manquerai pas de faire quelques provisions de quelques-uns des bordeaux qui nous sont proposés depuis jeudi dans l’espace Cellier.

CELLIER

Château Croix du Rival 2010, Lussac Saint-Émilion (24,20 $): très joli nez, peut-être le plus beau de la sélection de bordeaux, moyennemen­t corsé, avec des nuances d’encre, de graphite, et une pointe torréfiée. En bouche, du fruit, de la profondeur, équilibré (on ne sent pas ses 14,5 degrés), très bon. Château Lacombe Noillac 2010, Médoc (21,95 $): moka-torréfié au nez, bouche peu corsée, mais harmonieus­e, élégante; franc de goût, c’est un bon bordeaux bien fait, qui ne se prend pas la grosse tête. Château Tayet 2010 Cuvée Prestige, Bordeaux Supérieur (19,65 $): beau nez de bordeaux avec de beaux accents médocains. Le vin a de la densité, il est équilibré, les saveurs sont franches; à mon sens, le meilleur rapport qualité-prix de cette sélection de bordeaux du nouvel arrivage Cellier. Enfin, toujours dans le «nouvel arrivage» de Cellier: Rasteau Les Argiles Bleues 2012, Domaine de Beaurenard (29,30 $): un côtes-du-rhône sérieux, et savoureux (assemblage de Grenache et de Syrah), de corps moyen, équilibré en dépit de son gabarit (15 degrés d’alcool tout de même, qu’on ne sent pas). J’ai toujours aimé les vins de cette maison.

COMPLÉMENT

Et pour compléter mes propositio­ns, cette semaine, les quatre vins qui suivent, deux blancs, deux rouges:

Les Chanteaux 2014, Chinon Blanc, Couly-Dutheil (23 $): du chenin tendu, presque fendant, avec en même temps du gras, de la profondeur et de l’amplitude; on s’entend que le chouïa de sucre résiduel que le vin contient est largement neutralisé par l’acidité du chenin. Bref, ça claque presque sur la langue. J’adore! Combe aux Jacques 2013, Saint-Véran, Louis Jadot (22,50 $): un autre grand classique de nos succursale­s, toujours fidèle à lui-même, typiquemen­t bourguigno­n; de la droiture, de la vivacité, bien que le vin ait vu un peu le bois, mais c’est un boisé discret qui apporte de subtiles notes de beurre frais et une touche aussi subtile de «grillé». C’est franchemen­t très bon. Mas Les Cabes 2012, Côtes du Roussillon (17,40 $): j’ai bien aimé cet assemblage de Syrah et de Grenache, pas compliqué, mais qui ne se prend pas pour ce qu’il n’est pas et qui ne force pas son talent; on apprécie son fruit, sa souplesse et sa gouleyance. Fort sympathiqu­e. Barbera d’Alba Bricco 2013, Paolo Conterno (18,45 $): peu expressif au nez, il a besoin d’un coup de carafe pour se réveiller un peu; on découvre alors une bouche légère, moyennemen­t corsée, vineuse, agréable.

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