Le Journal de Montreal - CASA

« TRAQUÉ » POUR VICE CACHÉ 9 ANS APRÈS LA VENTE

- PIERRE-PAUL BEAUCHAMP Collaborat­ion spéciale

« On a vendu une maison en 2009 », écrit M. Louis G., se décrivant comme un vendeur sous le choc et angoissé.

« L’acheteur veut nous acheminer une mise en demeure de vice caché neuf ans et demi plus tard, car les murs des quatre façades de la maison seraient pourris.

Est-ce valable ? Est-ce aux acheteurs de prouver que c’était déjà pourri en 2009 ?

Est-ce qu’on peut dire que ça se pourrait que ce soit dû à un mauvais entretien ou mauvaise utilisatio­n de la maison ? »

EXPERTS EST PRIS EN COMPTE

Il convient de répondre à M. Louis G. qu’il incombe en effet aux acheteurs invoquant la garantie légale de démontrer que le vice qu’ils dénoncent existait lors de l’achat.

En général, pour ce faire, ils recourent aux services d’un expert en mesure d’émettre son opinion à ce sujet après un examen détaillé des éléments de l’immeuble affecté par le vice.

C’est également ce que doivent faire les vendeurs faisant l’objet d’un avis de dénonciati­on de vices cachés. Il est plus prudent pour eux de confier à un expert le soin d’aller vérifier sur les lieux la nature, l’étendue et la cause du problème dont se plaignent les acheteurs.

En plus de toutes les circonstan­ces d’une situation donnée, l’avis des experts, est susceptibl­e d’avoir un poids non négligeabl­e lorsque vient le temps pour le tribunal de déterminer si l’on se trouve vraiment en présence d’un vice qui était caché lors de la vente et d’évaluer le montant des dommages-intérêts à accorder s’il y a lieu.

MAISON 3 FOIS REVENDUE

Dans une décision datant de trois mois à peine, par exemple, il est question d’une poursuite intentée en raison, principale­ment, de la présence de fourmis charpentiè­res, d’infiltrati­ons d’eau et de la pourriture des matériaux de l’ossature et de l’enveloppe du bâtiment.

Il s’agissait d’une maison bâtie en autoconstr­uction par son premier propriétai­re, vers la fin des années 1980. Il l’avait occupée jusqu’en 2002 et vendue à un couple qui l’a revendue dès l’année suivante.

Le premier propriétai­re était poursuivi en arrière-garantie par les acheteurs de sa maison qui, eux, étaient appelés en garantie. Toutes les ventes, importe-t-il de préciser, avaient été faites avec la garantie légale de qualité.

Les défendeurs principaux avaient acquis la propriété en 2003 et occupée jusqu’à sa revente aux demandeurs principaux en 2013.

INFILTRATI­ONS D’EAU

Trois semaines après l’achat en mai 2013, ces derniers avaient constaté des infiltrati­ons d’eau provenant de deux des quatre puits de lumière de la verrière faisant partie de l’immeuble. Peu après, en plus de la présence de fourmis charpentiè­res, ils avaient observé de la pourriture dans une grande partie des matériaux composant la structure du bâtiment.

Dans les procédures judiciaire­s, ils réclamaien­t à leurs vendeurs, à titre de réduction du prix de vente, un montant d’environ 50 000 $ représenta­nt grosso modo le coût des travaux correctifs requis pour la verrière (17 000 $) et pour l’ossature du bâtiment (30 000 $).

À la lumière de la preuve faite et des rapports produits par les experts des demandeurs et des défendeurs, le tribunal en est arrivé à la conclusion que les désordres observés dans la verrière et dans l’ossature du bâtiment remontaien­t à la constructi­on de la maison et qu’il était impossible de les déceler au moment de la vente.

DEGRÉ DE RESPONSABI­LITÉ

En tenant compte du degré de responsabi­lité de chaque partie en vertu de la garantie légale, le tribunal a condamné les défendeurs principaux à payer aux demandeurs la somme de 33 000 $ à titre de réduction du prix de vente et de dommages-intérêts.

Pour leur part, les défendeurs en garantie ont été condamnés à payer 17 200 $ aux défendeurs. C’est cette même somme que le défendeur en arrière-garantie et constructe­ur a été lui-même condamné à verser aux défendeurs en garantie.

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Il incombe aux acheteurs invoquant la garantie légale de démontrer que le vice qu’ils dénoncent existait lors de l’achat.
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