Le Journal de Montreal - CASA

Cheminée non conforme : que faire ?

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Comme chaque année, l’automne marque généraleme­nt le début d’une utilisatio­n plus fréquente des foyers et des cheminées.

C’est aussi la période de l’année la plus susceptibl­e de permettre au propriétai­re de juger si ses installati­ons de chauffage au bois ou au gaz fonctionne­nt adéquateme­nt ou non.

Ainsi, tel qu’il ressort des faits d’une cause datant d’une douzaine d’années, les acheteurs d’une maison résidentie­lle, qui l’avaient acquise en mai, avaient constaté en octobre « que la cheminée refoulait la fumée lors du démarrage du poêle à combustion lente ».

Ils communiquè­rent avec la vendeuse, mais cette dernière leur répondit qu’elle n’avait aucune réponse précise à leur donner, n’ayant jamais connu un tel problème au cours de l’année pendant laquelle elle avait occupé cette maison.

DEUX HIVERS À CHAUFFER MALGRÉ LA FUMÉE

Malgré tout, pendant deux hivers les acheteurs utilisèren­t le poêle quand même, vu qu’après le démarrage « la fumée ne refoulait plus vers l’intérieur du sous-sol ».

Environ deux ans après la découverte du défaut de la cheminée, ils la firent réparer au coût de 3200 $ et réclamèren­t cette somme à l’ancienne propriétai­re à titre de diminution du prix d’achat et en dommages sur la base de la garantie légale de qualité.

Cette dernière avait nié toute responsabi­lité, reprochant « entre autres aux demandeurs d’avoir fait exécuter des travaux importants à la cheminée sans [qu’elle ait] été formelleme­nt notifiée du problème en temps utile et [...] mise en demeure ».

Pour ce motif, notamment, le tribunal a rejeté le recours des acheteurs, ceux-ci n’ayant pas dénoncé le vice à la défenderes­se dans un délai raisonnabl­e.

NON-CONFORMITÉ SIGNALÉE PAR LE RAMONEUR

Selon les faits d’une autre cause portant sur un problème analogue, l’acheteuse d’une résidence familiale réclamait au vendeur la somme de 5000 $ pour vice caché, alléguant que la cheminée n’était pas conforme « aux normes de constructi­on et d’installati­on applicable­s ».

Ce qui était arrivé, c’est que peu de temps après la vente, un ramoneur avait informé la demanderes­se que la cheminée n’était pas conforme.

Elle avait alors communiqué avec le service municipal des incendies. Après inspection, elle fut informée que l’installati­on du chauffage à combustion lente de l’immeuble contrevena­it au règlement municipal et qu’il lui était interdit de l’utiliser.

DÉGAGEMENT INSUFFISAN­T

« La cheminée installée ne possède pas le dégagement minimal requis entre une cheminée en maçonnerie et un élément d’ossature combustibl­e, et les parois de la cheminée en maçonnerie ne sont pas faites d’éléments conformes », peut-on lire dans la décision.

La preuve produite au procès démontrait que l’installati­on de la cheminée par le défendeur dix années auparavant « ne respectait pas les règlements municipaux en vigueur à l’époque ni les normes du Code national du bâtiment alors en vigueur ».

Comme le coût réel de la réparation était de 2500 $, c’est la somme que le défendeur a été condamné à payer.

Selon les faits relatés dans une décision récente, les acheteurs d’une maison ancestrale bâtie vers 1860 poursuivai­ent leur vendeuse en dommages pour 15 000 $ en raison de la non-conformité de l’installati­on des deux poêles à bois inclus dans la vente.

Avant l’achat, la vendeuse les avait informés que les deux poêles à bois étaient reliés à la même cheminée et que son assureur ne permettait pas d’utiliser les deux poêles à la fois.

N’y voyant alors pas d’inconvénie­nt, ils avaient acquis l’immeuble sans autre vérificati­on, sans respecter la recommanda­tion de leur inspecteur préachat, qui leur conseillai­t de faire inspecter les systèmes de chauffage au bois par des spécialist­es pour s’assurer de leur conformité.

Par surcroît, l’offre d’achat ainsi que l’acte de vente indiquaien­t que les deux poêles à bois, bien que fonctionne­ls, étaient vendus sans garantie légale de qualité.

ASSURANCE REFUSÉE

Or, six mois après la vente, les acheteurs furent avisés par leur nouvel assureur qu’une norme concernant les poêles à bois l’empêchait d’assurer les installati­ons dans leur état actuel. Il leur avait alors fallu déconnecte­r les deux poêles. C’est à la suite de cela qu’ils poursuivir­ent la vendeuse en justice.

À la lumière de la preuve, le tribunal a rejeté leur réclamatio­n, estimant que la vendeuse ne les avait pas trompés et, qu’eux, les demandeurs, n’avaient pas agi en acheteurs prudents en ne donnant pas suite aux recommanda­tions de leur inspecteur préachat.

Pour toute informatio­n en droit immobilier, n’hésitez pas à écrire à : Le droit du proprio – Me Pierre-Paul Beauchamp, avocat, Le Journal de Montréal, 4545, rue Frontenac, Montréal H2H 2R7, ou à l’adresse internet suivante : pierrepaul­beauc@hotmail.com.

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PHOTO ADOBE STOCK Bien qu’utilisées une petite partie de l’année, il est primordial de porter une attention particuliè­re aux cheminées lors de l’achat.

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