Le Journal de Montreal - Évasion
SUR LES CHEMINS DÉSERTIQUES DE LA NAMIBIE
S’il y a un pays qui peut se vanter d’être une terre de grands espaces sauvages, c’est bien la Namibie. Situé en Afrique australe, ce territoire fait partie des pays enregistrant la plus faible densité de population par kilomètre carré. Survoler ces paysa
Durant une escale rapide à Dorro Nawas, je patiente à l’ombre d’une tente en bord de piste. Tout simplement envoûté, j’essaie d’assimiler autant que possible les beautés que nous avons survolées. Mon cerveau est complètement subjugué par ce décor inhabituel. De nouveau à bord du Cessna Caravan, le dernier tronçon de vol me laisse sans mot. J’en oublie presque les fortes turbulences qui secouent violemment l’avion. Les yeux rivés au hublot, j’admire la mer de sable doré d’où émergent des montagnes dentelées de couleur sombre.
La région de Kunene sera mon terrain d’exploration des prochains jours. Situé à l’extrême nord-ouest de la Namibie, le territoire compte parmi les plus désertiques et les moins développés de cette partie de l’Afrique.
Malgré le caractère austère des lieux, le camp Serra Cafema accueille ses visiteurs avec style et assure un confort des plus surprenants. L’approche est assurément intime et chaleureuse. De plus, le camp luxueux de Wilderness Safaris est alimenté par l’énergie solaire. Il est construit sur pilotis au coeur d’une oasis en bordure de la rivière Kunene, l’un des seuls points d’eau de la région, la préservation de la ressource est donc une priorité. Cette rivière bordée de montagnes magnifiques sert de frontière naturelle avec le pays voisin, l’Angola. Comme la chaleur est torride, il serait tout indiqué d’y plonger pour se rafraîchir. Mais ici, pas de baignade. Il y a des voisins avec qui l’on souhaite conserver une certaine distance… Le crocodile du Nil abonde dans la région !
Staintly, guide et chauffeur, négocie habilement les dunes au volant du Toyota Land Cruiser. Dans ces vastes étendues, pas de route. Que des pistes à même les dunes et le paysage rocailleux. Les traces laissées la veille sont balayées par le vent et donnent l’impression que nous sommes les premiers à passer par là. Le désert sait se régénérer au gré du vent. Staintly est un jeune homme du groupe ethnique des Himbas. Parcourir le désert en sa compagnie est un pur bonheur et un apprentissage exceptionnel. Ses connaissances de la région m’ébahissent et stimulent mon intérêt envers le Namib !
INCURSION CULTURELLE
Au loin, à la limite de l’horizon, des silhouettes humaines se dessinent dans un effet de mirage. Nous approchons d’un petit village himba. Quelques huttes, des enfants qui courent. Des femmes, près d’un feu, qui cuisinent. Saintly a fait un bon choix de m’amener à cet endroit. Isolé sur ce territoire sauvage, le village semble figé dans le temps. L’expérience se révèle différemment de ce que j’ai lu sur ces communautés vivant en bordure de routes namibiennes.
Bien que notre visite soit une incursion dans le quotidien des Himbas, la rencontre de ce peuple semi-nomade devient rapidement chaleureuse. Après un moment au village, on se dirige vers les dunes qui dominent l’endroit. Chemin faisant, une vipère terrée dans le sable attire notre attention. Ensuite, je fais quelques portraits des femmes du village. Les enfants attendent leur tour pour se faire photographier. Ils affichent un non-verbal des plus révélateurs. Soudainement, ils disparaissent derrière la dune et réapparaissent quasi planant dans des tourbillons de sable. Enfin, je n’oublierai probablement jamais leurs rires de pure joie…