Le Journal de Montreal - Weekend

RAY MANZAREK SE SOUVIENT

Considéré par de nombreux critiques comme le chef-d’oeuvre des Doors, l’album L.A. Woman fête son 40e anniversai­re avec les artifices habituels de l’industrie musicale : réédition de l’album, DVD, chanson inédite. Vecteur des classiques L.A. Woman, Riders

- Cédric Bélanger Agence QMI

« En l’enregistra­nt, jamais nous ne nous sommes doutés que ce serait notre dernier album. Nous ne savions même pas que Jim planifiait de partir pour Paris. » Le claviérist­e Ray Manzarek demeure un interlocut­eur passionnan­t quand vient le temps de se remémorer la formidable épopée des Doors.

Quels souvenirs gardez-vous de l’enregistre­ment de L. A. Woman, qui a été bouclé en 10 jours, en décembre 1970 et janvier 1971 ?

Ce fut très rapide, en effet. Nous l’avons enregistré au Doors Workshop, notre studio d’enregistre­ment à West Hollywood. Les bureaux de notre label Elektra étaient situés de l’autre côté, où il y avait un gros piano droit Yamaha. Nous, les gars des Doors, l’avons roulé jusqu’à nos studios, de l’autre côté de la rue, en arrêtant la circulatio­n. Nous avons mis le piano au rez-dechaussée. Jim chantait dans la salle de bain, pour l’isolation. Il était donc le vocaliste de la salle de bain (rires).

D’où vient la chanson She Smells So Nice, l’inédite qui se retrouve sur l’édition 40e anniversai­re de l’album ?

Nous avions complèteme­nt oublié que nous avions enregistré cette chanson. Personne ne savait qu’elle existait. Après tout, ça fait plus de 40 ans. Bruce (Botnick, le producteur) l’a entendue en réécoutant toutes les bandes et nous a dit de tous venir au studio pour entendre ce trésor enfoui. Ce fut une surprise totale pour nous tous.

Existe-t-il d’autres trésors enfouis ?

Je ne vous le dirai pas. Ce sera une surprise. Un mystère.

Croyez-vous que L. A. Woman est le meilleur album des Doors, comme plusieurs le soutiennen­t ?

Non. Mon favori est Strange Days. C’est celui que j’ai eu le plus de plaisir à faire. Nous avions appris à manipuler un studio d’enregistre­ment. On avait fait plein de trucs complèteme­nt fous. Jim hurlait ses paroles tandis que le groupe créait des sons de chaos et de désordre. Nous avions un son incroyable. Techniquem­ent, c’est mon album favori.

Quand avez-vous vu Jim Morrison pour la dernière fois ?

Nous en étions au mixage de L. A. Woman et tout allait bien. La voix de Jim était un peu rauque, mais il avait donné tout ce qu’il pouvait. Puis, il nous a dit qu’il avait une annonce à nous faire. Il s’en allait à Paris dans les jours suivants. Mais, voyons, lui a-t-on dit, nous n’avons pas fini l’album ! Il nous a dit qu’on se débrouilla­it très bien et il est parti. Je ne l’ai plus jamais revu.

Est-ce qu’il vous manque ?

Oh, oui ! Je fais le même rêve tous les six mois. Jim revient. John, Robby et moi sommes dans notre studio en train de répéter. La porte coulissant­e s’ouvre et arrive Jim Morrison avec son cahier de notes. On lui demande comment il va et il répond: « Je vais bien et j’ai de nouvelles chansons. » Nous disons tous: « Très bien, mettonsnou­s au travail. » Et c’est tout. Le rêve est terminé, je me réveille. Je n’ai jamais entendu les nouvelles chansons. Si ça avait été le cas, nous en aurions fait un nouvel album. Dans mon rêve, il est en santé, comme s’il revenait après un an d’exil à Paris. Comme cela aurait dû se passer.

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