Le Journal de Montreal - Weekend

POUR L’AMOUR DES MOTS

Hors des sentiers battus, c’est le titre du deuxième album du slameur Ivy, fier ambassadeu­r d’un art où les mots sont mis en valeur. Cependant, n’allez pas croire que son disque ne laisse pas une place importante à la musique, puisqu’il nous propose des c

- Vanessa Guimond Le Journal de Montréal

À quel moment avez-vous amorcé la création de ce nouvel album ?

J’ai commencé à travailler sur ce disque pendant la tournée de Slaméri

ca, mon premier album. Après la tournée, j’ai commencé à faire des présentati­ons solos afin de voir un peu la réaction des gens. Je pense que le public était heureux de pouvoir comprendre toutes les paroles et c’est à ce moment que j’ai pensé faire quelque chose d’acoustique. Je ne voulais pas faire un acoustique avec seulement de la guitare, comme la formation classique folk rock québécois. J’avais envie de faire quelque chose de spécial, de très solennel, mais de très vivant. C’est là que j’ai eu le flash des cordes et des rythmes.

C’est vrai que les cordes sont très présentes sur l’album. Parlez-moi de votre collaborat­ion avec le musicien Philippe Brault, qui a réalisé Hors des sentiers

battus.

Quand j’écoute le disque, j’ai l’impression que les cordes sont un personnage. C’est surprenant. Philippe Brault avait réalisé mon précédent disque. Il était allé dans une facture plus électro, guitare… En fait, nous ne savions pas trop quoi faire, à ce moment-là. Comme j’ai un long trajet en chanson, il fallait faire attention de ne pas aller dans cette direction. Cette fois-ci, je voulais que Philippe compose. Selon moi, il a fait des choses sur ce disque qui sont grandioses. Il y a un quatuor à cordes, sur l’album, ça ne sonne donc pas comme le violon qu’on entend d’habitude. La musique prend de l’ampleur.

Parlez-moi de l’importance de la musique, sur ce disque.

Je dis souvent que les mots, c’est ma vie, mais que la musique, c’est mon amour. Je voulais que la musique se fasse entendre, mais je ne voulais pas qu’elle soit en combat avec les mots. Je voulais que ce soit de la musique et des mots. C’est pour cette raison qu’il y a des plages musicales, sur l’album, et qu’à certains moments, quand la voix est là, la musique est plus effacée.

Quels thèmes avez-vous voulu aborder sur ce disque et pour quelles raisons ?

J’ai fait quelque chose que je n’avais jamais vraiment fait : j’ai parlé d’amour. Je n’en parlais pas, avant, peut-être par pudeur. Avant, j’écrivais des chansons d’amour, mais je les jouais seulement pour ma blonde. Sur une scène de slam, ce sont des choses qui se disent moins bien, c’est moins spectacula­ire. Par contre, sur l’album, avec les violons, c’est devenu un impératif. J’avais besoin de le faire.

La pièce My name was est le reflet de votre amour de la langue française…

Je suis un obsédé des mots. Le slam m’a amené à faire plusieurs ateliers dans les écoles, qui ont vu dans cet art un moyen de vendre la poésie aux jeunes, de les éveiller à la langue. Je me suis donc beaucoup interrogé à ce sujet. Vivant à Montréal depuis plus de dix ans, je remarque que les Montréalai­s aiment utiliser des mots en anglais pour décrire les choses. J’ai souvent ces discussion­s autour du français, du fait québécois. Ce qui m’a inspiré cette chanson, c’est une entrevue que l’acteur Luc Picard avait accordée à Christiane Charette. Il disait qu’il comprenait les immigrants de parler anglais, qu’il ferait la même chose parce que c’est plus pratique. Ça m’a fait réagir. Je me suis demandé par qui la langue était la plus menacée. Elle l’est plus par nous que par les autres.

Dans la pochette de l’album, on retrouve un sceau qui indique que votre disque est certifié sans guitare électrique…

Je m’amuse. Je suis guitariste moi-même et je sais que la seule façon de faire baisser le son à un guitariste, c’est de lui enlever son ampli. Après la tournée de Slamérica, j’ai dit que je ne voulais plus de guitare électrique. Ce qui était une blague est devenu un mot d’ordre. D’ailleurs, si tu trouves une guitare électrique dans le disque, tu es remboursé, c’est garanti !

Hors des sentiers battus sera disponible à compter du 31 janvier.

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