Le Journal de Montreal - Weekend
AURÉLIE CABREL SORT DE L’OMBRE
Elle est la fille aînée de Francis Cabrel, mais aussi une auteure et chanteuse de talent. Elle a mis du temps avant de sortir de l’ombre de son célèbre père, mais à 25 ans elle se découvre avec un premier album, Oserais-je.
Aurélie Cabrel est de passage à Montréal et à Québec pour faire la promotion de son premier album. Ce n’est pas la première fois qu’elle vient au Québec, elle qui a souvent profité des séjours de son père chanteur en sol québécois pour faire ses bagages.
Mais cette fois, le voyage est différent. Cette fois, Aurélie Cabrel rencontre les médias pour parler de sa propre musique, des chansons qu’elle a écrites, de son univers très différent de celui de son père.
Première constatation, la jeune femme est ravie de voir tous « ces sourires qui illuminent les visages » des Québécois qu’elle rencontre. La fille de Cabrel est bien reçue au Québec.
« C’est super, dit-elle, et ça met à l’aise. En plus, le temps est doux. J’avais emmené tous mes pulls, et finalement ça va. »
MÉTIER INCERTAIN
Évidemment, Aurélie doit répondre aux mêmes questions que tout le monde lui pose. Est-ce plus facile pour une débutante de démarrer une carrière quand on a pour père Francis Cabrel ?
« Ce n’est ni plus facile, ni moins facile, répond-elle. À l’heure actuelle, le métier est très incertain. C’est très dur de faire sa place dans le métier de la musique, pour tout le monde. Internet a permis d’ouvrir et de rendre la musique accessible à tous, mais du coup, on se retrouve plusieurs sur le marché.
Parce que mon père est Francis Cabrel, certains rendez-vous arrivent plus vite, avoue-t-elle, mais après, on est attendu au tournant. Donc il y a des choses positives et d’autres négatives. En même temps des artistes qui ne sont pas “la fille de” ou “le fils de” connaissent des succès radio dès leur premier single. Il n’y a pas de règle. »
PINCEMENTS AU COEUR
L’album d’aurélie Cabrel a été très bien accueilli en France et les premiers extraits jouent sur plusieurs radios. Ici, son album est sorti en magasins il y a quelques jours, mais la jeune femme ne s’attend à rien en particulier.
« Je n’espère rien, dit-elle. Évidemment, tout artiste espère pouvoir vivre de sa passion, mais pour le moment je ne veux rien de plus que mes albums plaisent, que mes chansons donnent envie de danser ou de pleurer. C’est pour ça qu’on fait de la musique, pour partager nos émotions avec les gens. »
Après des études en communications, Aurélie Cabrel a été manager pour différents groupes de musique, qu’elle suivait en tournée. Elle connaît tout de ce métier, même l’envers du décor. Travailler comme impresario lui plaisait, mais toutes ces années, secrètement, elle enviait ses artistes qui montaient sur scène.
« Quand les concerts commençaient, quand j’entendais les applaudissements, j’avais des petits pincements au coeur, dit-elle. L’envie grandissait en moi et commençait à devenir insupportable. »
C’est lors des rencontres d’astaffort, en France, un événement pour les jeunes artistes mis sur pied par son père, que l’élément déclencheur est arrivé. En stage d’écriture, Aurélie Cabrel a fait la rencontre de l’auteur-compositeur belge, Esthen. Ils sont devenus amis et collaborateurs.
« Du coup on a été très attaché musicalement, raconte la chanteuse. J’hésitais à me lancer. Il m’a dit : “Vas-y. Je vais t’aider”. Et je me suis lancée avec lui. »
Aurélie Cabrel a signé les paroles de plusieurs chansons, Esthen a fait des musiques et il a réalisé l’album. Oseraisje est né. Une superbe carte de visite.
AUX FRANCOFOLIES SANS SON PÈRE
Aurélie Cabrel travaille avec le producteur québécois Paul Dupont-hébert de Tandem, qui s’occupe de la carrière de Francis Cabrel depuis près de 40 ans au Québec. La jeune chanteuse connaît le producteur qu’elle surnomme Tonton, depuis qu’elle est née. Elle a confiance en lui, le trouve professionnel, intelligent et humain.
« C’est ce que je recherche comme collaboration, dit-elle. Quand on fait de la musique, on n’est jamais très loin des sentiments. Travailler avec Paul est rassurant. C’est comme en famille. »
On pourra voir le spectacle d’aurélie Cabrel aux Francofolies de Montréal cet été. La chanteuse qui a présenté son spectacle une dizaine de fois en France est ravie de revenir chanter pour nous. Il n’est pas question, par contre, qu’on voie Aurélie et Francis Cabrel réunis sur scène dans un avenir rapproché. « On n’a pas envie, ni lui, ni moi de chanter ensemble, indique Aurélie. On a beaucoup de respect l’un envers l’autre et de pudeur. Pour l’instant, on a chacun notre univers très différent, et c’est bien comme ça. Si un jour, je suis vraiment reconnue dans ce que je propose, peutêtre. » Aurélie a deux jeunes soeurs qui ne se dirigent pas du tout dans le métier. Chez les Cabrel, on ne met pas de pression sur le choix de carrière des enfants. « J’ai la chance d’avoir des parents extrêmement respectueux de leurs enfants qui nous aident moralement dans ce qu’on a envie de faire, explique Aurélie. Ils ne m’ont pas trop encouragée, ni trop découragée. Mon père a glissé quelques conseils dans les conversations, mais rien de plus. Il n’a pas tenté de me décourager, mais par contre, j’ai dû prouver que ce que je proposais était bien à la hauteur de faire un album. »