Le Journal de Montreal - Weekend

SANS LES AILES DE KARKWA

Percussion­niste de Karkwa, Julien Sagot a profité de l’arrêt indétermin­é de son groupe pour lancer un premier album solo, Piano mal. À écouter ses surprenant­es compositio­ns, il est permis de croire que le musicien partira bientôt voler de ses propres aile

- Raphaël Gendron-martin RAPHAEL.GENDRON-MARTIN@JOURNALMTL.COM

Au sein de Karkwa, Julien Sagot a toujours été une bête étrange. Deuxième percussion­niste du groupe, on le sentait parfois pris en étau entre les deux têtes fortes du groupe, Louis-jean Cormier et François Lafontaine. Lorsque Julien proposait ses propres chansons, cela donnait des pièces très singulière­s comme Pili-pili et Au-dessus de la tête de Lilijune.

En solo pour son premier album, il a trouvé le processus créatif beaucoup plus facile, selon ses propres dires. « À cinq, c’est sûr que tu dois quand même faire des concession­s, discuter énormément, faire beaucoup de psychologi­e pour faire passer ton idée. Après, il faut trancher et c’est la majorité qui l’emporte. »

Pour Piano mal, Julien Sagot ne voulait pas que ses comparses de Karkwa collaboren­t au projet. « Je voulais complète- ment me détacher d’eux, me réaliser personnell­ement. Je ne voulais pas me faire dire : ah oui, on sent que LouisJean ou François a travaillé sur cette chanson. »

BESOIN DE SE RÉALISER

À la réalisatio­n, il a fait appel à Simon Angell (Patrick Watson) tandis que Leif Vollebekk s’est impliqué aux arrangemen­ts. « J’ai tellement aimé travailler ces gars-là, dit Julien. C’est un peu comme si je les avais toujours connus. »

Julien Sagot reconnaît que ce premier album solo constituai­t un joli défi. « Je voulais montrer ce que j’étais capable de faire sans Karkwa. Un peu comme Céline Dion sans René. Haha ! Je suis très content, car les critiques sont déjà bonnes. »

Au sein de Karkwa, le musicien composait parfois des chansons ici et là, qui ne cadraient pas avec le côté orchestral du groupe. La pause que les membres ont décidé de prendre après une longue tournée a été l’élément déclencheu­r pour avancer le projet solo.

« Un groupe, c’est une personne. À un moment donné, on a besoin de se réaliser, de savoir qui on est. J’ai toujours été bien dans mon rôle avec le groupe. Je n’avais pas le besoin absolu de faire un disque solo. »

Mais cette nouvelle aventure en solitaire semble plaire grandement au musicien d’origine parisienne. Est-il possible un jour que Julien Sagot vole de ses propres ailes, sans Karkwa ?

« Oui, certaineme­nt, répond-il sans hésiter. Il y a d’autres personnes qui l’ont déjà fait et je ne vois pas pourquoi je n’aurais pas le droit non plus de me détacher du projet et me réaliser. On est en démocratie. Si j’arrive à vivre avec mon projet, je serais vraiment content. Je vais tout faire pour y arriver. Je veux profiter de cette vitrine que Karkwa m’a offerte. J’en suis vraiment reconnaiss­ant. »

« S’il y a un projet d’album avec Karkwa, probableme­nt que ça va m’intéresser, poursuit-il. Mais est-ce que je vais avoir envie de le défendre à l’internatio­nal ? Peut-être moins. Je pense qu’on en a fait beaucoup, mais il ne faut pas se faire trop d’illusion. Ce n’est pas très payant. On a vraiment porté le projet le plus loin qu’on a pu. »

L’AVENIR DE KARKWA

À écouter parler Julien Sagot, on en vient à se demander si l’avenir de Karkwa est en péril. Le musicien se montre évasif à ce sujet. « On ne sait pas combien de temps va durer l’arrêt. LouisJean va aussi lancer son album solo et il va être confronté à toutes sortes de réalités après ça. C’est un peu prématuré d’en parler. On y va au jour le jour. Ce qui va nous unir, c’est quand on aura envie de refaire un trip de studio. S’il y a un endroit où l’on peut se sentir bien et à l’aise, c’est là. Mais ça va dépendre aussi de la réalité. »

En attendant, Karkwa fera parler de lui au printemps avec la sortie d’un album live, qui contiendra les spectacles enregistré­s au Métropolis et à l’impérial de Québec. « Il y aura peut-être aussi nos sessions d’enregistre­ment à La Frette, dit Julien. Mais je n’ai pas les détails. » Après son lancement, le 1er février au La Tulipe, Julien Sagot fera la première partie des Barr Brothers, les 17 février, (Petit Champlain de Québec), 22 février (Club Soda) et 25 février (Théâtre Granada). La rentrée montréalai­se de Piano mal devrait avoir lieu au mois de mai.

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JULIEN SAGOT
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