Le Journal de Montreal - Weekend

FAIRE LES CHOSES À SA MANIERE

Ian Kelly a toujours mené sa barque comme il l’entendait. Et à l’écouter parler, ce n’est pas demain la veille que ça va changer.

- Marc-andré Lemieux Le Journal de Montréal

« Je choisis ce que je fais. Je ne booke pas de show le jour où je veux aller faire du ski avec ma fille, dit le père de famille. Mon but, ce n’est pas de travailler 365 jours par année, de ne jamais être à la maison. Je veux faire carrière en musique, mais je veux vivre autre chose. Il n’y a pas juste vendre des disques dans la vie ! »

Né d’une mère anglophone et d’un père francophon­e, Ian Kelly a grandi dans le quartier Notre-dame-de-grâce dans l’ouest de Montréal. Musicien autodidact­e, il a écrit, arrangé, enregistré et réalisé son premier album, Insecurity (2005), seul chez lui. Il a même publié l’opus sur sa propre étiquette de disques, Me, Myself and I Music.

Sorti à l’automne 2008, son deuxième effort, Speak Your Mind, a franchi le cap des 40 000 exemplaire­s vendus au Canada dans les semaines qui ont précédé le lancement sa troisième galette, Diamonds & Plastic, en mai 2011.

Ce disque se distingue des précédente­s offrandes du chanteur par son ton moins mélancoliq­ue et surtout, par son penchant pour les sonorités plus organiques. « Pour la première fois, je n’ai pas enregistré l’album seul. Comme j’avais un batteur et un bassiste avec moi, j’ai moins senti le besoin de programmer des boucles », explique Kelly.

« Depuis trois ans, je n’ai pas écouté beaucoup de musiques électroniq­ues, poursuit-il. J’ai découvert beaucoup de chanteuses canadienne­s, comme Sarah Sleen avec qui je vais faire plein de shows au cours des prochaines semaines. J’ai aussi écouté beaucoup de rock canadien, comme Sam Roberts. Ça m’a énormément influencé, tout comme le groupe britanniqu­e Elbow, Andrew Bird et le plus récent album Bon Iver ».

Ian Kelly doit ses plus récentes découverte­s musicales à son épouse. « C’est elle qui m’a introduit à Sarah Sleen, précise-t-il. En fait, j’écoute beaucoup les disques de ma femme. Dans l’auto, ce n’est pas moi qui contrôle la radio ! »

LA TOURNÉE

Ian Kelly ne chômera pas au cours des prochains mois. Mercredi, il entame une tournée provincial­e qui s’étirera jusqu’en avril. Il effectuera sa rentrée montréalai­se le samedi 4 février au théâtre Corona.

« Je viens de passer un mois complet à la maison. C’est correct si je dois donner un show à tous les deux jours au mois de février. C’est l’fun être occupé. C’est l’fun quand il se passe des affaires ! » s’exclame-t-il.

Ian Kelly amène rarement ses deux enfants avec lui sur la route. « Ils ne m’ont jamais suivi en Europe parce que ça coûte plus cher, souligne-t-il. Les condi- tions ne le permettent pas. Je ne suis pas Coeur de pirate. Quand je joue à Paris, je ne joue pas à l’olympia; je joue dans des caves humides devant 30 à 40 personnes ! Je ne me verrais pas avec les enfants dans de pareilles circonstan­ces. »

DE L’ALLEMAGNE À LA BELGIQUE

Les nombreux voyages de Ian Kelly ont porté fruit l’automne dernier, puisque celui-ci a signé avec un label européen grâce auquel son album Speak Your Mind sortira en Allemagne, en Suisse et en Autriche.

« On a aussi trouvé un agent de spectacles pour les mêmes territoire­s », ajoute-t-il.

Quant à Diamonds & Plastic, il vient d’être lancé en Belgique, que le chanteur visite régulièrem­ent. « J’aime faire les trucs à petite échelle et pouvoir m’impliquer dans tous les aspects de ma carrière. C’est la manière dont j’ai envie de faire les choses. J’ai toujours voulu être impliqué à tous les niveaux. »

En mars, il s’envolera pour Austin, au Texas, afin de participer à l’événement South by Southwest. Il s’agit d’un rendez-vous musical très en vue aux ÉtatsUnis, en raison des nombreux journalist­es, producteur­s et groupes qui s’y présentent.

Quand on lui demande s’il souhaite pouvoir se servir de ce festival comme tremplin pour une carrière aux ÉtatsUnis, Ian Kelly s’avance avec prudence.

« Je vais avoir 33 ans. Ça fait un petit bout que je fais de la musique. Je suis réaliste : j’espère le mieux, mais je m’at- tends toujours au pire. Chaque jour est une belle surprise. Je n’ose pas me créé des attentes. Est-ce que je pense que je peux avoir une carrière aux États-unis dans six mois ? Non. Est-ce que je pense que je peux rencontrer des bands sympathiqu­es avec qui je vais faire des shows ? Peut-être. »

UNE REPRISE DE BILLY IDOL

Ian Kelly signe chacune des 13 pièces qui figurent sur Diamonds & Plastic. Toutes sauf une : White Wedding, de Billy Idol. Le Québécois propose une relecture très personnell­e de ce vieux tube du rockeur britanniqu­e. « On m’a commandé cette chanson-là pour un film étudiant il y a huit ans, raconte Kelly. J’ai hésité avant de l’endisquer parce que je voulais qu’on me connaisse pour mes talents d’auteur-compositeu­r avant tout. J’ai failli l’enlever du disque parce que je ne voulais pas qu’elle vole le show. Mais je vis tellement bien avec que je pense qu’on va faire un vidéoclip. » « Si tu reprends une chanson, il faut que tu proposes quelque chose de nouveau, poursuit-il. Je ne comprends pas le monde qui achète un disque avec des reprises identiques aux versions originales. Ça me dépasse... mais il y a ben des choses que je ne comprends pas de l’humain ! » Ian Kelly se produira au théâtre Corona de Montréal le samedi 4 février. Diamonds & Plastic est présenteme­nt offert en magasin.

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IAN KELLY
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