Le Journal de Montreal - Weekend
L’EUPHORIE DES OSCARS
Trois acteurs, trois façons différentes d’apprendre que le film dans lequel on a tourné s’en va aux Oscars, mais une même euphorie. Retour sur un mardi matin de bonheur avec les acteurs de Monsieur Lazhar Brigitte Poupart, Danielle Proulx et Émilien Néron
Si Danielle Proulx a appris la nouvelle de la sélection de Monsieur Lazhar parmi les finalistes à l’oscar du meilleur film en langue étrangère de façon plus traditionnelle − par un bon vieux coup de téléphone −, Brigitte Poupart a pour sa part eu la puce à l’oreille quand les messages textes ont commencé à se multiplier.
« J’ai appris ça par les gens qui m’ont harcelée sur Facebook, ni plus ni moins (rires). Je m’en allais à une réunion à Radio-canada parce que je fais la mise en scène des Jutra. Je ne pensais pas à ça et quand j’ai vu que les textos déferlaient, j’ai su qu’on venait d’avoir la nomination. »
Le jeune comédien Émilien Néron était en classe, en plein coeur d’un cours de français. À 8 h 30 précises, au moment où la cérémonie d’annonce des mises en nomination se mettait en branle à Los Angeles, son intuition lui a dicté qu’une bonne nouvelle l’attendait.
« Après mon cours, je suis allé voir madame la directrice pour lui demander si je pouvais emprunter son ordinateur. C’était marqué : “Monsieur Lazhar aux Oscars.” C’était vraiment cool. »
PAS UNE SURPRISE
Étrangement, Danielle Proulx et Brigit- te Poupart ont toutes deux affirmé qu’elles ne sont pas surprises par cette présence aux Oscars du long-métrage de Philippe Falardeau. « Je n’étais pas vraiment surprise parce qu’à partir du moment où nous étions dans la courte liste, je pense que le film de Philippe avait beaucoup de chances », dit Mme Proulx, tandis que sa collègue raconte qu’elle entrevoit un destin fabuleux depuis belle lurette pour Monsieur Lazhar.
« Dominique Michel me racontait que, quand elle a fait Le déclin de l’empire américain, elle sentait sur le tournage que quelque chose de magique se passait avec ce film. Ils ont vécu la même chose avec les Oscars, et elle a dit qu’elle le sentait depuis le début. C’est drôle, j’ai senti la même chose.
« Dès le tournage, j’avais le feeling qu’il y avait quelque chose de magique. Après, les nominations et les prix, ce n’était pas une surprise. Je m’y attendais. C’était évident que ce film allait connaître ce genre de destin. Et quand j’ai vu que nous étions sur la short list, c’était certain qu’on se rendait jusqu’au bout », confie Brigitte Poupart.
MAGNIFIQUE PORTE D’ENTRÉE
Les deux actrices se réjouissent aussi des lendemains qui chantent que cette mise en nomination apportera au réalisateur ainsi qu’au film.
« Se retrouver dans la courte liste était déjà un tremplin formidable. Être dans les cinq finalistes, c’est une porte d’entrée magnifique pour un réalisateur », évalue Danielle Proulx.
« C’est extraordinaire pour un curriculum vitæ, mais c’est surtout satisfaisant de savoir que le film va être vu par tellement de monde. C’est ce qui est fabuleux. Souvent, on fait des trucs qui sont vus par peu de gens.
« De vivre une aventure comme celle-là, c’est très particulier pour un acteur », conclut Brigitte Poupart.