Le Journal de Montreal - Weekend
DANS LE VENTRE DE LA GUERRE
Film de d’angelina Jolie. Avec Zana Marjanovic et Goran Kostic.
Au pays du sang et du miel raconte le vécu des gens en temps de guerre. L’histoire est une cruelle épreuve de survie physique et émotionnelle. Scénarisé et réalisé par Angelina Jolie, ce film offre un regard implacable sur la dure réalité des conflits et leurs sinistres à-côtés.
Afin de donner du relief à son conte, Jolie a misé sur une relation en particulier. Nous sommes en 1992, l’année où la Bosnie déclare son indépendance et où débute le génocide. Une artiste appelée Ajla (Zana Marjanovic) se prépare pour une sortie avec un garçon qu’elle vient, de toute évidence, de rencontrer. Danijel (Goran Kostic) l’emmène danser. Les atomes crochus sont manifestes, mais leur soirée est interrompue dans la violence, et l’histoire fait ensuite un bond en avant, quelques mois plus tard.
Durant ce bref laps de temps, la situation a dégénéré. Ajla et sa soeur, des musulmanes bosniaques, sont réveillés par le tapage résultant de l’expulsion des locataires de leur immeuble. Les hommes sont mis de côté. Quelques femmes sont emmenées dans des autobus. Ajla est une de ces femmes aboutit dans un camp de prisonniers où les femmes seront violées par les soldats. Tout cela se déroule de façon complètement surréaliste.
ASSURER SA SURVIE
Contre toute attente, elle trouve son ami Danijel au camp, en officier serbe. Il la met à l’abri de tout danger et lui parle de façon familière, content de voir la jeune femme et légèrement insensible à sa situation. Danijel lui confie qu’il n’est pas heureux d’avoir à abattre des gens avec qui il est allé à l’école. Ajla est horrifiée, mais elle se laisse entraîner dans une sorte de relation avec Danijel, pour assurer sa propre survie. En fait, l’histoire est loin d’être aussi simple, mais disons que les émotions qui la motivent à le côtoyer sont bien authentiques. Il peut la protéger, de certaines façons.
En parallèle avec l’histoire d’ajla, sa soeur, demeurée à l’appartement, fait de son mieux pour assurer sa survie et celle de son jeune fils. Son existence se déroule désormais au milieu d’un paysage de ruines urbaines : la ville qu’elles habitaient n’est plus qu’une coquille vide, dévastée par une pluie quotidienne de bombes.
PARIS RÉUSSIS POUR JOLIE
La page d’histoire qu’il raconte et la qualité de son scénario font du film un projet remarquable. Jolie a fait quelques paris réussis, notamment du côté de la distribution, à la fois superbe et presque complètement inconnue du public occidental, ce qui aide toujours à favoriser le sentiment d’immersion des spectateurs.
Le film a aussi bénéficié de la touche artistique de son directeur photo, Dean Semler, dont les magnifiques images soulignent discrètement l’horreur des événements dépeints. En somme, voici un projet qui respire une intelligence et un courage inhabituels, mais qui se montre également profondément perturbant.