Le Journal de Montreal - Weekend

DU THÉÂTRE DRAMATIQUE NOUVEAU GENRE

- Louise Bourbonnai­s Collaborat­ion spéciale

Nous sommes dans le drame, la tragédie, la cruauté, la tristesse sombre, pour ne pas dire noire. Une pièce où l’on nous raconte une tragédie qui aura de graves répercussi­ons. Le metteur en scène Claude Poissant nous présente l’histoire de l’auteure allemande, Anja Hilling sous une nouvelle forme théâtrale.

Un guitariste et une chanteuse se trouvent dans le coin de la scène. Elle est aussi narratrice. Elle est celle qui entame le spectacle, micro à la main, avec amplificat­eur. Elle nous offre une belle mise en situation.

Un groupe d’amis part en forêt pour un week-end en plein air. Ils sont six, ils ont entre 30 et 40 ans, un enfant en bas âge accompagne le groupe d’amis. Un architecte, un jeune mannequin, une publicitai­re, un agent d’artiste, un jeune chanteur et un profession­nel des arts visuels veulent simplement s’amuser à l’extérieur de leur confort citadin.

On est insouciant, on observe un chevreuil comme si c’était la première fois, on discute, on boit on mange, on fume, on laisse les mégots traîner, on fait un feu pour ajouter à l’ambiance. Pourtant, la pluie se fait attendre depuis une trentaine de jours. C’est la canicule, tout est sec, il en prend si peu pour déclencher un incendie. La nuit est très courte pour le groupe d’amis, la chaleur les fera sortir rapidement du sommeil, ce sera le cauchemar.

UNE FAÇON DE FAIRE DIFFÉRENTE

Si au départ le mélange entre le jeu des acteurs qui s’entrecrois­e avec la musique du guitariste et la narration agace, on s’y fait rapidement. Même que ce mélange de théâtre qui se fond au style de boîte à chansons est un nouveau genre, assez bien réussi. Au final, on apprécie la narratrice au ton juste, qui ajoute au spectacle ainsi qu’à l’histoire en offrant des explicatio­ns qui auraient difficilem­ent pu être apportées autrement. Le tout surprend de manière agréable. Bien heureuse cette musique d’elvis, Always On My Mind, qui apaise le terrible drame. Elle devient salutaire pour le spectateur, principale­ment lorsqu’on se dirige vers la deuxième partie. La catastroph­e s’est déclenchée. Nous sommes dans l’évocation. Les acteurs à tour de rôle racontent la tragédie sur fond de projection où le feu semble avoir pris des proportion­s gigantesqu­es. Les acteurs sont tous égaux dans la pièce, aucun personnage ne se distingue, les rôles sont joués de façon uniforme. C’est peut-être cela l’esprit d’équipe, jouer sans bourde ni éclat.

LES RÉPERCUSSI­ONS

La pièce se termine mal pour le petit groupe d’amis. Chacun se sent coupable et responsabl­e. Ils ont des remords, il y a eu des pertes humaines. Deux sont morts parmi le groupe, d’autres sont blessés, un a perdu un bras. Le feu s’est étendu sur vingt kilomètres de long, neuf mille hectares de forêt sont disparus en fumée, dix-sept maisons ont été endommagée­s, dont certaines sont des pertes totales. Des animaux de ferme ont péri. Sans parler des six pompiers qui sont décédés en combattant les flammes. Y a-t-il eu négligence de la part des jeunes festifs ? Chose certaine, plus rien n’est pareil pour eux par la suite. Certains feront preuve de courage, d’autres de lâcheté. C’est ce que l’on apprend dans la troisième et dernière partie du spectacle. On veut fuir la réalité d’une manière ou d’une autre. Le traumatism­e est profond pour chacun des personnage­s, au point où l’un pourra même commettre l’irréparabl­e.

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