Le Journal de Montreal - Weekend
UN PUBLIC CONQUIS
Acclamé partout sur son passage depuis sa création, Belles-soeurs, le théâtre musical adapté du chefd'oeuvre de Michel Tremblay, a conquis le public de Québec lors des neuf représentations à la Salle AlbertRousseau. La troupe est désormais en tournée dans la province avant de s’envoler pour Paris début mars.
Les spectateurs de la Salle AlbertRousseau à Québec ont ri, applaudi, se sont laissés attendrir et séduire par les voix impressionnantes des comédiennes. Applaudissements nourris et ovation, il ne fait aucun doute, l'adaptation musicale est une grande réussite.
La mise en scène de René Richard Cyr est rythmée et d'une réjouissante efficacité. La soirée s'ouvre avec l'irruption dans la salle de messagers... musiciens, les bras chargés des caisses de timbres à livrer chez Germaine Lauzon, avant de prendre place à leurs instruments disposés légèrement en retrait, de chaque côté de la cuisine.
Aussitôt, l'heureuse gagnante d'un million de timbres n'en revient pas de sa chance et de recevoir déjà ses fameux et précieux timbres qui, on le sait, auront tôt fait de susciter la convoitise et la jalousie de ses soeurs et belles-soeurs.
Dans la robe de chambre jaune de Germaine, Marie-thérèse Fortin offre une prestation absolument superbe qui ramène aussitôt le public près de 50 ans en arrière, dans les cuisines drabes du monde ordinaire. Surexcitée, Germaine annonce à sa fille qu'elle a organisé un party de femmes pour coller ses timbres, une soirée qui, on le sait, tournera au drame.
Pendant ce temps, installées dans un décor brillamment conçu par Jean Bard, 13 des 15 comédiennes sont assises sur une passerelle surplombant la cuisine, en attendant leur entrée en scène qui se fera au fur et à mesure que les invitées de Germaine Lauzon s'amèneront pour la soirée.
La musique de Daniel Bélanger colle parfaitement aux différentes scènes, adaptées au musical par René Richard Cyr, tantôt drôles, dramatiques ou tendres. Belles-soeurs passe à merveille des répliques dites aux chansons colorées et extrêmement éloquentes.
Toutes les comédiennes offrent un jeu impeccable à commencer, bien sûr, par Marie-thérèse Fortin, Guylaine Tremblay, bouleversante dans la petite robe à motifs de Rose Ouimet, particulièrement quand elle confie sa détresse de femme mariée obligée de faire son devoir deux fois par jour. Sans oublier Maude Guérin, dont la Thérèse s'amène à l'improviste chez sa soeur...
Toutes sont fantastiques, mais ce qui surprend par-dessus tout, c'est la qualité et la variété des voix. Absolument magnifique, peu importe le... timbre. À voir et à revoir. L'adaptation musicale du chef-d'oeuvre de Michel Tremblay lui donne une autre dimension au moins aussi vibrante que la commotion provoquée par Les Belles-soeurs lors de sa création en 1968. Du 26 au 29 janvier au Théâtre du Vieux-terrebonne, du 2 au 4 février 2012 à L’étoile Banque Nationale à Brossard et du 20 au 29 septembre au Monument National à Montréal. Pour toutes les dates, www.belles-soeurs.ca