Le Journal de Montreal - Weekend

L’attrait du « pain »

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Le pain, si essentiel à la survie de l’humanité, connaît mille et une recettes plus exquises les unes que les autres. Dans tous les pays, des peuples particuliè­rement imaginatif­s nous font goûter des plaisirs qui deviennent de véritables aventures pour nos mémoires gourmandes.

En Argentine, au petit-déjeuner, tandis que le serveur décrit avec passion les délices de chacun de ses « pan caliente », des arômes irrésistib­les excitent nos papilles et notre curiosité. La porte arrière permet d’entrevoir un four traditionn­el.

Dehors, le maître des lieux s’active tout en nous commentant chacun des gestes hérités de ses ancêtres. Moments magiques qu’il nous faut bientôt quitter car notre guide désire absolument nous présenter l’emblème aviaire de son pays.

DIVERSES LANGUES LE NOMMENT FOURNIER

Nous sommes au printemps et pas très loin, un couple d’oiseaux au dos brun châtaigne et à la queue rousse s’active en transporta­nt de la boue, de l’ar- gile et des végétaux. Ils construise­nt, nous répète notre expert, leur nid d’une seule saison lequel, par hasard ou par imitation, adopte la forme d’un four à pain.

Cette imitation leur vaudra d’ailleurs l’appellatio­n en français de « fournier roux », en anglais de « Red Ovenbird » et en espagnol de « horno » qui signifie également : four. Le duo mettra en moyenne de 10 à 15 jours pour réaliser cette oeuvre inédite (dans l’univers des oiseaux) atteignant 30 cm de diamètre, de 20 à 25 cm de hauteur, dont les murs de 3 à 5 cm d’épaisseur formeront finalement un magnifique ouvrage de 3 à 5 kg. La femelle y pondra 3 ou 4 oeufs blancs que les deux parents vont couver un peu plus de 2 semaines. Ils vont nourrir les poussins pendant les 2 à 3 mois suivants avant de les chasser pour élever une seconde nichée. Mais souvent les jeunes demeurent dans le territoire familial pour tenter d’aider ou, prétendent les experts, apprendre à construire un beau logis au-dessus du premier. Apparaisse­nt alors de petits gratte-ciel.

DES FOURS ÉLECTRIQUE­S ?

Très peu craintifs, les fourniers roux vont souvent fréquenter des endroits inattendus. On peut ainsi observer des couples en train d’ériger des « fours » sur des structures les plus inusitées comme des installati­ons électrique­s. Habituelle­ment, ils préfèrent les pâturages, les zones dégagées pourvu qu’il y ait un point d’eau à proximité.

Durant la parade nuptiale, le nid est fort utilisé. On voit le plus souvent le mâle debout sur le « four », le bec chargé de boue, le corps dressé, les ailes abaissées et le bec pointé vers le haut tandis que la copine qui, depuis l’entrée le réclame… Ah ! Comme l’attrait du « pain » dans toutes les langues peut parfois devenir irrésistib­le…

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 ??  ?? En Amérique du Sud, les fourniers roux travaillan­t en couple mettent de 10 à 15 jours pour confection­ner un nid qui a la forme d’un four à pain. PHOTOS JEAN LÉVEILLÉ
En Amérique du Sud, les fourniers roux travaillan­t en couple mettent de 10 à 15 jours pour confection­ner un nid qui a la forme d’un four à pain. PHOTOS JEAN LÉVEILLÉ
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 ??  ?? Jean Léveillé Collaborat­ion spéciale Textes et photos
jleveille@journalmtl.com
Jean Léveillé Collaborat­ion spéciale Textes et photos jleveille@journalmtl.com

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