Le Journal de Montreal - Weekend

Rwanda, un court voyage pour tenter de comprendre

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KIGALI (Rwanda) | En y mettant les pieds pour un très court séjour, je me disais qu’on peut difficilem­ent - même si le pays recèle bien des attraits naturels et culturels - faire du tourisme au Rwanda comme n’importe où ailleurs. Obsédé par le souvenir des images du terrible génocide qu’a vécu le pays, on cherche avant tout à comprendre.

Chacun d’entre nous doit en garder la mémoire, d’abord pour ceux que nous avons perdus, ensuite en vue de construire un meilleur avenir. »

Cette phrase sert d’introducti­on à l’exposition présentée au Mémorial du génocide de Gisozi, un quartier de Kigali. À l’aide de documents et de photos, on y retrace l’histoire du Rwanda et les différents faits historique­s qui ont pu contribuer dès la fin des années 1950 au massacre des Tutsis, puis au génocide en 1994 qui a fait 1 million de morts.

100 JOURS

Les images des atrocités commises durant les 100 jours du génocide sont insoutenab­les. « Le Rwanda était devenu une nation de tueurs brutaux, sadiques, sans pitié, et de victimes innocentes, du jour au lendemain », écrit-on en appui aux images.

C’est ainsi que 300 000 enfants se sont retrouvés orphelins et que plus de 85 000 sont devenus chefs de famille. De plus, 500 000 femmes ont été victimes de viol.

ROMÉO DALLAIRE

Les massacres ont débuté le 7 avril 1994, alors que le général Roméo Dallaire, qui commandait le détachemen­t des forces de L’ONU, avait alerté ses supérieurs du risque de dérapage dès le 11 janvier 1994. Plus tard, Roméo Dallaire a suggéré à L’ONU qu’on lui fournisse 5 000 soldats pour assurer la paix et arrêter le génocide. Au lieu de cela, la mission de L’ONU fut rappelée.

Les forces étrangères déployées pour évacuer les diplomates, les employés inter- nationaux et les dignitaire­s du régime du président en place auraient suffi pour arrêter le génocide, écrit-on aussi.

« La communauté internatio­nale n’a pas rempli son devoir au Rwanda et ceci laisse toujours en nous le sentiment d’un regret amer », a par la suite déclaré Koffi Annan, alors secrétaire général de L’ONU.

En accusation, de façon évidente, dans cette relation historique, d’abord les colonisate­urs belges qui, à compter de 1932, ont délivré à chaque Rwandais une carte d’identité sur laquelle figurait son appartenan­ce ethnique. Était considéré comme Tutsi celui qui possédait 10 vaches et plus, comme Hutu, celui qui possédait moins de 10 vaches.

Au banc des accusés aussi, le gouverneme­nt français qui aurait fourni des armes et soutenu le pouvoir rwandais (hutu) en place lors du génocide.

À présent, dans le Rwanda nouveau, il n’y a plus qu’un peuple qui parle la même langue. Il est interdit d’évoquer son appartenan­ce ethnique.

La dernière image que l’on emporte du Mémorial du génocide, c’est celle de ces dizaines de crânes exposés au sous-sol du bâtiment. Et l’on se demande, malgré les explicatio­ns et la chronologi­e de ce million de morts, comment des êtres humains ont pu accumuler tant de haine pour en arriver là.

Les autres lieux incontourn­ables pour comprendre ce qu’était le royaume du Rwanda lors de l’arrivée des premiers colons allemands (1895 à 1916) sont le Musée national du Rwanda sis à Butare et le Musée d’histoire précolonia­le de Nyanza.

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