Le Journal de Montreal - Weekend

Café de Flore : décalage entre l’accueil français et québécois

La critique française n’a pas été tendre envers Café de Flore de Jean-marc Vallée lors de sa sortie en France le 25 janvier dernier. Ces critiques assassines contrasten­t avec celles, beaucoup plus positives, que le long-métrage a reçues au Québec. Cela mé

- Véronique Beaudet Collaborat­ion spéciale vbeaudet@journalmtl.com

Poser la question, c’est un peu y répondre. Au Québec, on est fiers de nos artistes. On s’extasie devant le succès d’un tel ou d’une telle en France ou aux ÉtatsUnis. Les Français sont pareils : ils s’emballent ces jours-ci face au succès de Jean Dujardin à Hollywood. On croit, malgré quelques exceptions, que les Québécois qui viennent se produire en France font tous un tabac parce qu’ils ont réussi à remplir une salle de 200 places à Paris. On confond le succès public avec le succès critique. Un artiste, comme Pierre Lapointe par exemple, a bel et bien un succès d’estime à Paris et jouit de critiques élogieuses, mais seul un cercle d’initiés le connaît. Contrairem­ent aux Cowboys Fringants, qui réussissen­t à remplir un Zénith sans qu’un seul média n’ait écrit une ligne sur eux et qu’aucune radio n’ait diffusé leurs chansons.

Il ne faut pas se leurrer, à part les Isabel- le Boulay, Lynda Lemay, Coeur de Pirate, Garou, Anthony Kavanagh ou encore Stéphane Rousseau, les artistes qui connaissen­t un réel succès public en France sont rares. Paris, c’est la jungle, ça se bouscule au portillon. La critique peut se montrer sévère et descendre un album ou un film, dans ce cas-ci Café de Flore, sans ménagement. Et ce, même si c’est le réalisateu­r de C.R.A.Z.Y, qui avait enchanté la critique française lors de sa sortie en France en 2006.

CIRCONSTAN­CES ATTÉNUANTE­S

Au Québec, parce qu’il s’agit du très talentueux Jean-marc Vallée, parce qu’il s’agit d’un film québécois, parce que c’est un petit milieu où finalement tout le monde fini par se connaître, parce qu’il s’agit de « nous » en quelque sorte, on n’ose moins, on essaie d’y voir des circonstan­ces atténuante­s. Dire que Café de Flore est un film « fumeux » ( Le Parisien), « une bouillie mystique et moderne » ( Le Monde), « un mix mystico-benêt de deux époques, de deux histoires, réunies à la glu par un artifice de scénario digne de Paco Rabanne » ( Télérama) ou encore un film « trop long et tarabiscot­é » ( Les Inrockupti­bles), ce serait en quelque sorte se tirer une balle dans le pied et assassiner le cinéma québécois.

Mais même si elle a l’avantage de ne pas blesser, la complaisan­ce n’aura jamais été le meilleur allié de la création.

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