Le Journal de Montreal - Weekend

Angèle Dubeau

REMERCIE SON VIOLON

- AGNES.GAUDET@JOURNALMTL.COM Agnès Gaudet

Elle n’avait que quatre ans quand elle a commencé à jouer du violon. À 15 ans, elle entamait déjà sa carrière internatio­nale et avait son nom de soliste inscrit sur les billets de spectacle, un honneur et une libération. Elle allait enfin pouvoir laisser tomber les désagréabl­es concours auxquels elle participai­t et… qu’elle gagnait tous.

« C’est vrai que j’en gagnais beaucoup, mais je HAÏSSAIS les concours, se souvientel­le. Travailler si fort pour aller jouer devant une gang de barbiches grises qui souriaient à peine, ça ne ressemblai­t en rien à ce que j’espérais du métier. Mais je l’ai fait et je me suis formé une bonne carapace. »

La carrière qu’imaginait Angèle Dubeau est venue tout de suite après, cette osmose entre le public, son violon et elle. Une rencontre où même les petits pincements au coeur provoqués par le stress deviennent positifs, croit-elle, « où tu veux exploser, aller toucher les gens avec ta musique ».

MERCI VIOLON

Des souvenirs, la violoniste en a des tonnes, elle qui est montée sur les scènes de plus de 40 pays dans le monde.

Une des étapes importante­s fut ses premiers concerts en Chine, au début de la vingtaine. « L’asie, se disait-elle. Là, vraiment, c’est la carrière internatio­nale ! »

« Je ramenais des posters avec mon nom écrit dessus dans la langue du pays, se souvient Angèle.

« La musicienne se développai­t et en même temps la femme découvrait le monde, c’était fantastiqu­e. J’avais – et j’ai encore – le privilège énorme de prendre le pouls de la place de la plus belle façon qui soit, en vivant avec les gens, en travaillan­t étroitemen­t avec eux, en émotion avec la musique. »

Angèle Dubeau, qui aura 50 ans au mois de mars, s’émeut encore souvent grâce à ce métier et elle est encore animée par cette fougue qui caractéris­ait ses débuts.

« Je crois encore sincèremen­t que je fais le plus beau métier du monde, dit-elle. Je re-

mercie mon violon. »

PETITE MARIE

Non seulement Angèle Dubeau a-t-elle réussi sa carrière, mais elle a aussi réussi sa vie de famille. Comme Céline Dion, la violoniste est tombée amoureuse de son impresario. Son union avec Mario Labbé a facilité les choses, les deux collaborat­eurs ayant une vision commune du monde musical.

Ensemble, ils ont voyagé beaucoup et longtemps, et quand leur fille a vu le jour, maman a voyagé seule, papa demeurant auprès de la petite, jusqu’à ce qu’elle ait 18 ans.

Chaque fois, de retour à la maison, Angèle, pour compenser, consacrait des journées entières à sa petite Marie.

« On orchestrai­t notre vie comme ça, explique la musicienne. Marie a aujourd’hui 19 ans et elle est tout à fait équilibrée.

« Souvent, mon coeur de mère chavirait. Je me sentais coupable de la laisser encore une fois. Les larmes coulaient dans l’auto qui me conduisait à l’aéroport. Mais quand j’entendais sa voix une demi-heure plus tard au bout du fil, tout allait bien. Aujourd’hui, il y a de plus en plus de moyens pour créer une promiscuit­é. »

LA CHEF

En cours de route, la « tripeuse de sons » qu’est Angèle Dubeau a donné naissance à un autre « bébé », en fondant l’ensemble musical féminin La Pietà. Il y aura 15 ans au mois de mars que la formation existe.

La soliste y a toujours sa place, mais au sein de La Pietà, elle peut aller plus loin dans sa recherche de sonorités et de textures puisqu’elle en est la chef d’orchestre.

« J’ai ajouté une corde à mon violon ! », ditelle. Et devinez comment Angèle Dubeau compte célébrer ses 35 ans de carrière ? « Comme je le fais toujours, dit-elle, sur la route avec mon violon. »

Angèle Dubeau et La Pietà seront en concert à la Maison symphoniqu­e de Montréal, le 28 février (c’est complet) et au Palais Montcalm de Québec, le 22 mars. Elles seront également en spectacle à la nouvelle salle Bourgie du Musée des beaux-arts de Montréal, le 18 avril.

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