Le Journal de Montreal - Weekend

UN GRAND CLASSIQUE QUI NE MANQUE PAS D’AIR

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En 1997, le duo français Air nous promettait la lune avec son premier disque Moon Safari. Quinze ans plus tard, il y retourne en signant la bande sonore du film Le voyage dans la lune de George Méliès, ressuscité 111 ans après sa sortie. C’est un beau voyage rétro-futuriste, et une réussite artistique sur plusieurs niveaux

Il est toujours intéressan­t de suivre les influences des grands artistes, surtout quand ceux-ci puisent dans d’autres discipline­s pour évoluer.

C’est le cas de Georges Méliès, qui s’était inspiré des bouquins de Jules Verne et de H. G. Wells pour créer le désormais célèbre Le voyage dans la lune. Créé en 1902 - six ans après l’invention du cinéma-, Le voyage dans la lune est non seulement le premier film de science-fiction, mais aussi l’un des premiers à être habités par une démarche artistique à proprement parler : il est à la fois satirique, comique, et très imaginatif. À son tour, le film a nourri beaucoup d’oeuvres, en musique comme dans d’autres discipline­s (souvenez-vous du clip Tonight Tonight des Smashing Pumpkins), et est encore considéré comme un incontourn­able historique.

En 2010, une fondation française a entrepris la restaurati­on du film, et l’a présenté au dernier Festival de Cannes dans sa nouvelle version numérisée et en couleur. Il était toujours muet, mais cet état de fait vient tout juste d’être corrigé, gracieuset­é de Jean-benoît Dunckel et Nicolas Godin, du duo Air. L’album, qui sort mardi, est le compagnon idéal pour le film, mais c’est aussi un album typique du duo français, et c’est une bonne nouvelle.

On se souvient qu’un autre grand classique du cinéma de science-fiction, Metropolis de Fritz Lang, avait subi une cure de rajeunisse­ment en 1984 aux mains du producteur électro de génie Giorgio Moroder, mais sa bande sonore, sur laquelle on retrouvait notamment Jon Anderson, Pat Benatar et Freddie Mercury, en avait choqué certains qui trouvaient la musique trop distante de l’oeuvre originale.

SURANNÉE ET PRÉCIEUSE

Ce n’est pas le cas ici : on entend du Air à son meilleur, et comme Air a toujours fait des bandes-son spatiales, le mariage est idéal. « On a voulu que ce soit actuel, psychédéli­que, débridé », révèle Jean-benoit dans Rock n Folk, tandis que son comparse Nicolas Godin se réjouit de la commande. « La notion de disque et d’album étant en train de se perdre, un projet de ce type permet de rêver à nouveau. Méliès nous a donné une sorte de sursis, puisque bientôt les gens n’auront plus rien à foutre des disques ».

La musique est à la fois surannée et précieuse. Les mélodies sont mémorables, les sonorités rafraîchis­santes, les arrangemen­ts superbes. Air, qui a déjà signé la bande sonore du film The Virgin Suicides, vient de rejoindre Lalo Schifrin et Ennio Morricone dans la catégorie « artiste-culte pour B.O. classiques ».

en.aircheolog­y.com/

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