Le Journal de Montreal - Weekend
UN DOCUMENTAIRE PERCUTANT
En Amérique du Nord, le cancer du sein tue 59 000 femmes par année. Cela en fait le pire tueur de tous les temps et… le plus payant pour les compagnies qui ne demandent pas mieux que de participer à la lucrative campagne du ruban rose.
Marches festives pour la cause, produits « santé » arborant le ruban rose, la voiture de rêve – teintée de rose évidemment – pour celles qu’on a baptisées les survivantes et quoi encore… Il ne faut pas s’illusionner, tous les profits ne vont pas nécessairement à la cause et c’est la sonnette d’alarme que tire Léa Pool avec L’industrie du ruban rose.
Devenue l’enfant chéri des hauts stratèges du marketing qui en ont fait le symbole de la lutte contre le cancer du sein depuis le début des années 1990, la campagne du ruban rose permet d’amasser chaque année des millions de dollars au nom du cancer du sein.
Mais où va tout cet argent et à quoi sert-il au juste ? Pourquoi insiste-t-on autant sur l’importance de trouver un remède au cancer du sein, alors qu’on ne réserve qu’une infime partie de l’argent amassé pour découvrir les causes du cancer ? Le film souligne également qu’un faible pourcentage est attribué à la recherche des causes environnementales, de même qu’à soutenir les femmes qui sont atteintes du cancer du sein et qui en auraient grandement besoin.
APPEL À LA VIGILANCE
Léa Pool soulève habilement des questions en s’appuyant sur des témoignages de médecins, auteures, spécialistes, mais aussi des femmes atteintes du cancer du sein, dont certaines en phase terminale. L’idée, insiste la cinéaste, est de sensibiliser les gens pour qu’ils s’assurent que le geste qu’ils font, l’argent qu’ils donnent, va véritablement aider la cause et non pas enrichir une compagnie.
Très dense et riche en informations, le documentaire est à la fois percutant, émouvant et même choquant à certains égards. C’est le genre de film que tout le monde devrait voir pour saisir l’ampleur du phénomène et se montrer vigilant.