Le Journal de Montreal - Weekend
LE CONTE DE FÉES D’ANNE ÉMOND
Acclamée sur le circuit des festivals et aspirante à quelques trophées Jutra, la cinéaste Anne Émond vit un conte de fées à la hauteur du pari risqué qu'elle a pris en mettant en scène un torride et troublant huis clos dans son premier long métrage, Nuit
Ce film d’auteur audacieux, qui s’appuie sur des monologues profonds et une scène de sexe sans pudeur, jouissait déjà d’un fort succès d’estime.
Mais voilà qu’après avoir récemment remporté deux mises en nominations au gala des prix Génie — meilleure actrice pour Catherine de Léan et meilleur scénario pour Anne Émond —, Nuit #1 se retrouve en lice pour trois des principaux prix de la soirée des Jutra : meilleur film, meilleure réalisation et meilleure actrice.
Jointe par Facebook en Suède, où elle prenait part ces jours derniers au Festival de Göteborg, la cinéaste de 29 ans n’a pas caché sa joie devant cette reconnaissance du milieu du septième art.
TOUCHÉE
« Ces nominations nous touchent énormément, moi et toute l’équipe, d’autant plus que c’est une grande année de cinéma qué- bécois. Plusieurs très bons films se sont illustrés en 2011 », a dit Anne Émond, qui affirme avoir été surprise d’avoir été citée dans les catégories du meilleur film et de la meilleure réalisation. « Je ne m’attendais pas à ces nominations. Nous espérions la meilleure actrice et je touchais du bois pour le meilleur film, mais sans trop y croire.
« Je suis très contente pour Catherine de Léan, qui mérite totalement ses nominations aux Jutra et aux Génie. »
Comme plusieurs observateurs, Anne Émond n’a cependant pas été sans remarquer que quelques films, acclamés par la critique, brillent par leur absence dans le palmarès des Jutra.
« Notre fierté, dit-elle, est teintée d’une légère déception en raison de l’absence presque complète des films Marécages (de Guy Édoin) et En terrains connus (de Stéphane Lafleur) dans toutes les catégories. »
NOUVELLE VAGUE
C’est tout de même la preuve qu’une jeune génération de cinéastes talentueux est en train de prendre sa place au Québec. Avec Édoin, Xavier Dolan, Sébastien Pilote ( Le vendeur est cité dans la catégorie du meilleur film) et combien d’autres, les mises en nomination aux Jutra n’ont pas fini de soulever la controverse. « Je ne sais pas si je fais partie d’une nouvelle vague ni si nous partageons des thèmes, des façons de faire, des préoccupations artistiques, sociales, créatives, politiques. Je crois qu’il est trop tôt pour le dire », affirme Émond.
« Une chose est certaine, précise-t-elle, je suis très contente de faire des films au Québec, malgré mon jeune âge et bien qu’il s’agisse d’un cinéma peut-être un peu plus pointu. Je sens que je peux faire des films sincèrement et que ceux-ci peuvent être appréciés. »