Le Journal de Montreal - Weekend
Pour le meilleur et pour le pire
Le nouveau Q.U.B.E. rappellera sans doute à plusieurs les remarquables Portal. Cette ressemblance est une bonne chose, et pour deux bonnes raisons : d’abord, les jeux Portal sont fabuleux, et tout ce qui peut s’inspirer de cette excellence a des chances de plaire et de réussir. Ensuite, les similitudes sont en grande partie superficielles. Q.U.B.E. est son propre univers. Pour le meilleur et pour le pire.
Conçu par une équipe d’étudiants du Pays de Galles et téléchargeable par le biais du système de téléchargement en ligne Steam, pour environ 15 $, Q.U.B.E. est le premier jeu édité par le Indie Fund, une initiative mise sur pied par une coalition de développeurs importants pour favoriser l’épanouissement de nouveaux talents créateurs.
Les points communs entre Q.U.B.E. et les fantastiques Portal et Portal 2 de Valve Software se limitent donc surtout à leur présentation visuelle. Comme ces jeux, Q.U.B.E. - un mignon acronyme de « Quick Understanding of Block Extrusion » - est un jeu subjectif de casse-tête physiques. Sans histoire de fond, le joueur est lancé dans une série d’espaces énigmatiques, blancs et aseptisés, avec pour seul objectif de les résoudre, un à un, pour passer au suivant. Pas d’arme, pas de mort, pas de dialogue, que la puissance pure du cerveau.
Chaque nouvel espace est une énigme en soi, et le seul moyen d’interaction du joueur avec l’univers du jeu est une paire de gants high-tech qui peuvent activer, à distance, des cubes de couleur. Les cubes rouges sortent du mur pour former des colonnes ou des corniches, les cubes bleus propulsent le joueur (ou d’autres objets) dans les airs, les cubes jaunes s’empilent pour former des volées de marches d’escalier, les cubes mauves font pivoter une section de la pièce, et ainsi de suite.
TROP DE COMPLEXITÉ ?
Q.U.B.E. réussit le pari de soutenir l’intérêt en introduisant constamment de nouvelles couches de complexité aux espaces et leurs énigmes physiques. Lorsque le joueur a saisi la physique fondamentale des cubes de couleur, de nouvelles propriétés sont injectées : des balles roulantes qui doivent être guidées dans des zones de couleur, des miroirs tournants qui servent à rediriger des faisceaux lumineux, des câbles d’énergie qui se branchent dans des cubes dormants pour les réactiver, des cubes blancs qui peuvent être activés pour porter une couleur au choix du joueur, des aimants, des cyber-sphères et bien plus encore.
Une complexité qui peu s’avérer un peu lourde. Parfois, en entrant dans un espace et en y voyant l’assortiment en apparence insoluble de cubes, câbles, boules, blocs, miroirs et aimants qui nous attend, l’angoisse devient presque insoutenable.
Presque. Parce que, à l’exception d’une poignée de casse-tête inexplicablement et excessivement alambiqués, Q.U.B.E. sait conserver un équilibre parfait entre tromper l’ennui du joueur et ne pas le rendre malade d’impuissance. Le jeu n’est pas très long, et des adeptes du genre ne devraient pas mettre plus de trois heures pour se rendre à sa scène vaguement finale. Il y manque, certes, l’atmosphère humoristique et sinistre qui rend les installations d’aperture Science si mémorables, mais il est parfait pour se satisfaire en énigmes, d’ici la sortie de Portal 3.
Verdict : les mini casse-tête physiques de ce jeu indépendant, évocateur des Portal, sont originaux et captivants. Il en aurait peut-être fallu un peu plus ou encore, une histoire de fond pour les relier et leur donner plus de signification.