Le Journal de Montreal - Weekend

YVES DESGAGNÉS REND HOMMAGE À VLB

Yves Desgagnés n’est pas étranger à l’oeuvre de Victor-Lévy Beaulieu. « Il m’accompagne depuis 1975, dit-il en entrevue. Je l’ai connu à l’époque où il était mon professeur de littératur­e à l’école nationale de théâtre. J’ai lu presque tous ses livres. En

- Marc-andré Lemieux Le Journal de Montréal

Depuis le début de sa carrière, Yves Desgagnés a joué dans plusieurs téléromans signés par celui qu’on surnomme VLB, à commencer par L’héritage, cette saga familiale qui captivait chaque semaine des millions de personnes à la fin des années 1980. Desgagnés y campait Junior Galarneau, le fils rebelle et désinvolte de Xavier Galarneau (Gilles Pelletier), un fermier dur et sévère.

Lundi soir à la Cinquième Salle de la Place des Arts, Yves Desgagnés récitera de nouveau les mots de Victor-lévy Beaulieu dans le cadre d’un Studio littéraire consacré à L’héritage.

Nous avons discuté avec Yves Desgagnés.

Selon vous, qu’est-ce qui fait la grande force de Victor-lévy Beaulieu ?

Il s’inspire des grands textes fondateurs. Il crée des personnage­s mythiques qui représente­nt la lutte incessante entre le bien et le mal, mais il les transpose dans des univers très ancrés dans la réalité. On a l’impression que ce qu’il raconte, ça s’est vraiment passé, alors que bien évidemment, c’est de la fiction.

Vous avez commencé à tourner dans L’héritage en 1987. Votre lecture de cette oeuvre a-t-elle changé au fil du temps ?

Oui. Aujourd’hui, je réalise que pour VictorLévy Beaulieu le peuple québécois est déjà souverain… dans sa manière d’être, dans sa façon de vivre. La famille Galarneau, c’est le microcosme de toute une société, voire même de tout un pays. Un père dictateur régi par les lois de la bible. Un fils qui est en fait le symbole de la liberté absolue… On est loin de l’anecdote.

Déplorez-vous la surabondan­ce d’anecdotes à la télévision ?

Oui. Il y a des oeuvres importante­s. Je suis un grand fan d’apparences, la nouvelle série de Serge Boucher. Il nous tient en haleine du début à la fin de chaque épisode. Mais à part ça, c’est plate pour mourir. Quand je regarde la télé, je m’ennuie tellement que ça me tente d’appeler le 911. Il y a très peu d’oeuvres porteuses d’interrogat­ions sociales d’importance. Je ne comprends pas pourquoi les grands écrivains de notre époque n’occupent pas une place de choix à la télévision. Dany Laferrière devrait écrire pour la télévision. Même chose pour Victor Lévy-beaulieu. Pourquoi l’a-t-on évacué de la télévision ? L’héritage et Montréal P.Q. attiraient des millions de personnes à l’époque. On ne parlait pas d’auditoires confidenti­els…

En quelques mots, comment décririez-vous Victor-lévy Beaulieu ?

C’est un gars en colère qui déplore l’immobilism­e de notre culture francophon­e d’amérique du Nord. Je pense que ce gars-là mérite le prix Nobel de littératur­e. Je ne suis pas le seul à le dire. On est loin des petits problèmes de cuisine.

Le jeu vous manque-t-il ?

Oui. En relisant L’héritage, j’ai retrouvé le goût de jouer. Je ferais bien une incursion à la télé. Ça fait longtemps qu’on m’a confié un rôle d’importance… et j’en prends toute la responsabi­lité. J’ai décliné plusieurs propositio­ns à une certaine époque. Je voulais me consacrer à la mise en scène. Et de fil en aiguille, les gens se sont tannés de m’appeler. Ils sont passés à autre chose. Jeanne Moreau m’avait prévenu: « Quand on s’éloigne de quelque chose, la chose s’éloigne de nous. »

Yves Desgagnés lit L’héritage de Victor Lévy-beaulieu, à la Cinquième salle de la Place des Arts, lundi soir à 19 h 30.

Boréal Compact vient de faire paraître une « version revue, complète et définitive » de L’héritage.

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