Le Journal de Montreal - Weekend

LES DOUTES DE MICHEL SARDOU

Même s’il a vendu 90 millions de disques, rempli des centaines de salles et composé des dizaines de tubes, Michel Sardou continue de douter.

- Marc-andré Lemieux Le Journal de Montréal

Joint à Paris à quelques jours de son départ pour Montréal, le célèbre chanteur français s’inquiète de la réaction du public québécois. « Ça fait très longtemps que je suis passé vous voir, dit-il à l’autre bout du fil. Peut-être que les gens ne s’intéressen­t plus du tout à ce que je fais. Peut-être qu’ils seront contents de me revoir. Peut-être que les gens vont être ravis d’écouter les anciennes chansons. Peut-être qu’ils vont se dire : “On n’en a rien à foutre finalement !” Qui sait ? »

C’est donc « avec prudence » que Michel Sardou foulera les planches des studios Mel’s dimanche soir, à l’occasion du quatrième gala de Star Académie. L’auteur-compositeu­r ne s’en cache pas : il profitera de son passage au Québec pour tâter le terrain en vue d’une possible série de concerts à l’hiver 2013.

Baptisée Les grands moments, cette tournée débutera le 30 novembre en France. Elle sera construite autour des titres les plus marquants de la carrière de cet homme qui n’a pas l’habitude de regarder derrière.

« L’idée ne vient pas de moi, précise-t-il. J’ai toujours tendance à chanter les nouvelles chansons parce que je suis convaincu que les gens se foutent des anciennes…, mais je me trompe complèteme­nt. Lors de ma dernière tournée, les salles étaient remplies, mais les gens étaient déçus de ne pas entendre mes succès. Un jour, on m’a dit : “Fais-en deux ou trois, merde ! Fais leur plaisir !” C’est ce que j’ai fait et l’ambiance de la tournée a complèteme­nt changé. »

C’est le chef d’orchestre du chanteur qui se chargera de la sélection des morceaux qui seront proposés sur scène.

« Je regardais la liste qu’il m’a soumise l’autre jour et je disais : “Merde ! Je n’ai pas chanté ça depuis 15 ou 20 ans…” On va modifier légèrement les arrangemen­ts, mais on ne va pas déformer les chansons parce que si le public ne les reconnaît pas, c’est le bide assuré ! »

Son interpréta­tion apportera également une nouvelle couleur aux Maladie d’amour, Maudits Français, Je vais t’aimer et autres Lacs du Connemara.

« Je ne les interprète plus de la même façon, dit-il. C’est moins dans les clous : je prends des libertés que je ne me permettais pas quand j’étais beaucoup plus jeune. »

DES MÉTÉORES

En entrevue, Michel Sardou n’a pas la langue de bois. Loin de là. Allumé, il ne se gêne pas pour décrier l’enthousias­me volatile de ses compatriot­es envers la relève musicale.

« En France, ça va très vite, explique-t-il. On découvre quelqu’un, on le met sur un piédestal... et on l’oublie aussitôt. C’est injuste. Car dans tous les métiers, y compris le nôtre, il faut du temps pour trouver son style, trouver sa voie. Quand je découvre un artiste, je lui laisse toujours trois ou quatre chances pour voir s’il tient la route, pour voir s’il évolue. »

« Très souvent, on voit des météores qui restent une saison et qui disparaiss­ent tout de suite après. Je trouve ça triste pour eux et pour le métier en général… parce qu’il y a des gens de qualité làdedans. Il faut être patient », ajoute-t-il.

Michel Sardou n’a jamais eu de plan de carrière. Durant toutes ces années, il a gardé la même attitude qu’à ses débuts, à l’époque où il assurait la première partie des spectacles de Jacques Martin et de Sylvie Vartan.

« J’ai pensé que mon premier disque serait le dernier, que mon deuxième disque serait le dernier et ainsi de suite. J’ai suivi mon chemin comme ça, au hasard, tout en continuant à travailler ma voix, ma musique, mes textes, etc. J’ai toujours voulu faire de mon mieux. Je ne prends rien pour acquis. »

LA QUESTION DE L’IMAGE

Bien qu’il ait passé les 40 dernières années sous le feu des projeteurs, Michel Sardou a horreur des caméras. Son photograph­e a récemment discuté de cet état de fait avec un journalist­e du magazine Paris Match dans le cadre d’une entrevue sur son nouveau livre, Les images de ma vie, lequel regroupe les plus beaux clichés du chanteur. Dans l’article, Richard Melloul déclare : « Michel n’aime pas son image, et en plus il s’en fout. »

Le principal intéressé confirme les déclaratio­ns de son ami. « De façon générale, je ne me regarde jamais : je ne revois pas mes émissions de télé, mes concerts ou les films que j’ai faits, dit Michel Sardou. En gros, je n’aime pas ma gueule. Mais je suis ce que je suis, comme je suis. Je n’essaie pas de truquer. »

D’après Michel Sardou, les jeunes coqueluche­s de la pop accordent-elles une trop grande importance à leur look ? « L’image a une importance, notamment pour les jeunes femmes. Mais pour un homme, c’est son talent vocal et la qualité de ses textes qui compte. On se fout complèteme­nt de son apparence. Je ne vais pas aller voir un chanteur parce qu’il est beau ; je vais aller voir un chanteur parce qu’il est bon. Jacques Brel n’était pas un bel homme, mais c’était un artiste exceptionn­el. Aznavour n’est pas un mannequin de mode, mais c’est un auteur, un interprète et un musicien formidable. »

Michel Sardou sera l’un des invités de Julie Snyder au gala de Star Académie, dimanche soir à 19 h 30 à TVA.

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