Le Journal de Montreal - Weekend

ILEST LONG LE CHEMIN

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Après la guérilla hardcore, Dallas Green se lance seul dans un combat bien plus ardu : comprendre et chanter la complexité humaine, sous City and Colour.

Certains artistes ont le don d’isoler les émotions pour les magnifier et décupler leur force. La liste est longue de ceux qui ont su mettre en musique et en mots les aléas des relations humaines, mais le chanteur de Saint Catharines Dallas Green fait certaineme­nt partie des plus belles additions récentes à cette liste. Pourtant, à le voir se démener toutes ces années au sein de son ancien groupe post hardcore Alexisonfi­re, on n’aurait jamais parié que le guitariste et chanteur tatoué jusqu’aux jointures serait capable de brosser le chagrin si bien ! En fait, s’il est encore un secret bien gardé au Québec (normal, aucune radio ne le fait tourner), il jouit dans le ROC, et même en Europe, d’un statut enviable. Son plus récent disque, Little Hell, a atteint le sommet des palmarès canadien dès sa sortie en juin dernier, propulsé par un blues rythmé qui traite avec candeur des cauchemars de sa femme Leah Miller. Ce #1 n’était pas qu’un feu de paille : après avoir été déclaré meilleur album rock canadien de 2011 par itunes, Little Hell a atteint la marque Platine (80 000 ventes) juste à temps pour la portion nord-américaine de sa tournée qui a débuté il y a deux semaines dans l’ouest.

MALADIE D’AMOUR

Le principal intéressé ne se laisse néanmoins pas impression­ner par les chiffres, tout occupé qu’il est par ses démons et ses questions. « Comment puis-je donner tant d’espoir et ne pas en avoir ? », demandet-il sur la chanson Hope for now qui clôt le disque. C’est là son drame : « en tournée, je parle à tant de gens qui me révèlent que mes chansons les ont aidés à surmonter des tragédies, a avoué Dallas au Vancouver Sun. C’est un sentiment incroyable, mais je me sens désormais une responsabi­lité. Je sais que je pourrais écrire sur vendredi soir et l’alcool, mais je suis ainsi fait. C’est une arme à double tranchant… » Comme son compatriot­e Matthew Good, Dallas semble destiné à porter une croix au nom de l’art, mais il le fait avec tant de talent que le poids de cette croix semble dérisoire. Du moins, pour nous ! « So bright, the flames burned in our hearts, that we found each other in the dark » De telles paroles ne peuvent qu’être un baume, et elles abondent chez City and Colour. À entendre et à voir vendredi au Métropolis.

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