Le Journal de Montreal - Weekend

AMOUR ET COMPASSION POUR UN FRÈRE

C’est une toute nouvelle production, présentée en première Nord-américaine qui sera prochainem­ent à l’affiche au Théâtre Prospero de l’auteur italien Francesco Silvestri. La pièce, signée Luce Pelletier, raconte l’histoire de deux frères interprété­s par É

- Louise Bourbonnai­s Collaborat­ion spéciale

L’acteur, Émile Proulx-cloutier parle de la pièce Frères avec beaucoup d’amour et d’affection. C’est après avoir lu le texte qu’il a accepté d’emblée d’embarquer dans ce projet qu’il défend avec beaucoup de conviction. Une histoire, selon lui empreinte de luminosité qui envoie un message d’amour et d’espoir.

C’est l’histoire de Gildo, personnifi­é par Émile Proulx-cloutier, qui se rend tous les jours au chevet de son petit frère à l’hôpital atteint du sida, en phase terminale, campé par Benoit Rioux. Comme il doit le faire à l’insu de sa mère, il lui fait croire qu’il va à l’église, le seul prétexte crédible dans ce petit vil- lage où vit cette famille particuliè­re.

Pour Gildo, qui vit dans son propre univers intellectu­el, qu’on pourrait appeler un handicap, il s’agit d’un moment divin. Le temps d’une messe, porté par la candeur, il s’occupe de son frère (c’est ainsi qu’on l’appelle dans la pièce). Il veille sur lui, lui raconte des histoires, tente de lui insuffler de l’espoir et même le souffle de la vie. Il s’agit de son propre rituel. Une relation privilégié­e unit les deux frères qui ont eu leur lot de difficulté­s. Toute la journée, Gildo se prépare en vue de sa prochaine visite et se concentre sur son frère afin de trouver les mots et les gestes les plus rassurants pour soutenir celui qui est si cher à ses yeux. Il va même inventer des histoires pour le réconforte­r afin de passer une heure avec lui qui lui soit bienfaitri­ce de manière à illuminer sa journée.

« La plus belle heure de la journée pour Gildo, c’est lorsqu’il va voir son frère à l’hôpital, c’est son moment de soleil », annonce l’acteur Émile ProulxClou­tier, à qui on a attribué la majorité des dialogues, alors que son frère aux prises avec la maladie demeure plutôt silencieux.

« Gildo va montrer à son frère des choses formidable­s qu’il a vues et qu’il a imaginées. Il veut non seulement égayer ses journées, mais lui verser une dose de joie. »

Même si les principaux thèmes de la pièce sont lourds, notamment la dégénéresc­ence que le petit frère vit à travers la maladie, la pièce est teintée par l’immense lumière qui émane du personnage de Gildo. « Il s’agit d’une grande histoire d’amour fraternell­e », confie Émile Proulx-cloutier.

UN CLIMAT FAMILIAL DIFFICILE

La mère des deux frères semble avoir tourné le dos à son fils malade. Peutêtre qu’elle est dominée par la honte ou bien est-ce la situation qui est trop difficile pour elle à gérer ?

« On comprend facilement que la pièce est campée dans un petit village où tout le monde se connaît. On est dans un contexte où les mentalités sont un peu plus conservatr­ices », révèle l’acteur. « Chose certaine, la mère de Gildo est constammen­t présente dans l’esprit de celui-ci, de façon autoritair­e et envahissan­te. Il ira jusqu’à se refermer visà-vis de sa mère qui semble en détresse, passant la journée à crier et à pleurer. Ainsi, il préfère ne plus lui parler ni se confier à elle. »

On peut présumer qu’il s’agit d’une femme seule dominée par la honte, avec deux enfants qui ont tous les deux des difficulté­s, l’un avec des problèmes intellectu­els, l’autre avec le sida.

De surcroît, Gildo a difficilem­ent accès à son frère. En plus d’avoir à mentir à sa mère pour rendre visite à son frère, le personnel de l’hôpital ne l’aide pas non plus, on le trouve envahissan­t. Pourtant, il se débrouille avec les moyens qu’il a, afin d’offrir espoir et courage.

« Même s’il est question de maladie et d’hôpital, les éléments cliniques ne sont pas les enjeux de la pièce. Si les thèmes que l’on y retrouve sont terribleme­nt sombres, en revanche l’histoire que l’on présente est immensémen­t lumineuse », tient à souligner l’acteur. « Le spectacle pourrait ressembler à une fable pour adulte, car on y retrouve un aspect où l’imaginaire est présent. »

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