Le Journal de Montreal - Weekend
Attirer une foule coquette et combien animée
Une tempête de 20 à 30 cm de neige, puis un froid vigoureux de -24 °C, un soleil qui fait scintiller toutes les branches lourdes des conifères et en prime une foule d’oiseaux affamés : quelle belle façon d’agrémenter un weekend dans son jardin.
Par les fenêtres du solarium, j’observe avec fascination un couple de cardinals, qui s’empiffre de tournesol noir. À tour de rôle, lui en plumage rouge éclatant et elle en tenue caramel, ils se succèdent sur le perchoir de leur mangeoire. Ils ont appris sans doute de leurs parents ou d’amis à maîtriser le mécanisme de cette porte qui s’ouvre pour leur permettre d’accéder à leur nourriture préférée. Les écoliers, à qui je présente cette invention magnifique, la décrivent comme étant une mangeoire-balançoire. Elle est spécialement conçue pour ne s’activer que sous le poids du cardinal, qui doit tout de même apprendre à faire osciller son balancier.
UN MÉCANISME ADAPTÉ AU CARDINAL
Le mécanisme, bien protégé des précipitations verglaçantes par un essentiel dôme transparent, leur permet de se servir à volonté en tout temps. Puis il y a tous les autres visiteurs, à com- mencer par d’innombrables pics mineurs, des pics chevelus qui se gavent de suif dont ils raffolent. Encavé dans des orifices d’un bien joli support aménagé dans une branche d’arbre et découvert au salon des métiers d’art de Montréal, le gras de boeuf comble leurs immenses besoins énergétiques. Et que dire de ce grand pic, sans doute entiché de ce nouveau point de ravitaillement, qui vient plusieurs fois par jour faire miroiter son exceptionnelle crête rouge.
UN ACHALANDAGE PAS TOUJOURS DISCIPLINÉ
L’achalandage y est continu et il semble se dérouler selon un horaire aménagé entre les membres des familles regroupées de mésanges à tête noire. Des chiquidi-didi bien sentis viennent rappeler le rang hiérarchique de chacune. Puis il y a ces cris, ces avertissements très nasillards d’un duo de sittelles à poitrine blanche qui, la tête orientée vers le sol, vient réclamer son dû. Des sittelles logées dans un astucieux nichoir muni d’une entrée et d’une sortie selon les exigences de l’espèce.
L’IMPORTANCE D’UN BAIN CHAUFFANT
Et que dire de ce bain chauffant, de ce sauna qu’affectionnent tant les moineaux, le cardinal, un merle d’amérique sans oublier les tourterelles sans cesse épiées par un épervier brun dont il a été question dans la chronique du 31-12-2011
Un bain qui sert d’abreuvoir aux écureuils dont il faut déjouer les incessantes et astucieuses manoeuvres pour dérober la nourriture des oiseaux.
Toute cette animation offerte par des roselins, des juncos, des geais bleus et combien d’autres enjolive nos hivers et nous éloigne des sempiternels « blues » et lamentations.
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