Le Journal de Montreal - Weekend

Le plaisir de faire rire

Pour Michel Côté, Marcel Gauthier et Marc Messier, il n’y aurait pas de meilleure date que le 21 mars 2014 pour terminer l’aventure de Broue, 35 ans jour pour jour après la première dans une petite salle de 80 places.

- Denise Martel DENISE.MARTEL@JOURNALDEQ­UEBEC.COM

« Ça serait le fun de se retirer après 35 ans, c’est un beau chiffre et il n’est pas question de jouer devant des demi-salles. On est allés partout où c’était possible d’aller, plusieurs fois à chaque endroit et on a toujours fait salle comble. Si jamais on sent que le public n’est plus au rendez-vous, on va arrêter avant », affirme Michel Côté pendant que Marcel Gauthier et Marc Messier approuvent.

« Si on a la santé, bien sûr, mais pour le moment, il n’y a pas de problème de ce côté... Si jamais, en mai 2015, on est en dépression tous les trois, peut-être qu’on se décidera à reprendre Broue, mais autrement, ce sera la fin », ajoute Messier en rigolant.

Rencontrer les trois gars de Broue a quelque chose d’étourdissa­nt : les blagues fusent de tous les côtés, mais c’est aussi un plaisir unique. Rencontrés à la veille de recevoir le Prix Hommage de la Bourse Rideau au Théâtre Capitole, jeudi, après avoir fait rire plus de 3,2 millions de spectateur­s en près de 33 ans, les trois comparses soulignent que Broue a changé leur vie, mais confient en même temps ne pas avoir vu le temps passer.

« C’est sûr que quand on se regarde dans le miroir, on voit bien qu’on a vieilli. Aujourd’hui, on a l’âge de nos personnage­s, mais eux aussi ils ont vieilli, ils ont évolué. Et comme c’est le même show, on n’a pas l’impression que ça fait si longtemps, que c’est si loin », raconte Michel Côté.

VALORISANT

« On aime tellement ça faire rire les gens ! C’est exigeant, mais tellement valorisant », ajoute Marcel Gauthier. « Il y a des petits mardis de novembre ou de février qu’on a vraiment l’impression de servir à quelque chose, de faire oublier les problèmes des gens », renchérit Messier.

« Vous vous souvenez les gars, cet homme qui était venu nous voir après une représenta­tion en nous disant qu’il n’avait pas ri depuis un an et demi... depuis le suicide de son fils », se rappelle Gauthier.

« Au début, quand on allait en France et qu’on voyait qu’il y avait des pièces à l’affiche depuis deux ou trois ans, ça nous faisait rêver... Aujourd’hui, nous, ça fait 10 fois ça... Quand ça marche à ce point là, il y a des choses qui ne dépendent pas de nous. Nous on a eu le mérite de sauter sur l’occasion. Broue c’est notre affaire, c’est notre bébé », soutient Marc Messier.

UNE FAMILLE

« D’ailleurs, on parle toujours de nous trois, mais en fait, Broue, c’est six personnes. Avec les trois technicien­s qui nous suivent depuis des années – 28 ans, 25 ans et sept ans – on est comme une famille et ils ont juré de nous accompagne­r jusqu’à la fin. Avant la représenta­tion, ça sent le bon café et après, on se croirait dans la chambre des joueurs après un match de hockey », confie Michel Côté.

Tous trois sont conscients d’avoir eu une vie exceptionn­elle grâce à Broue, mais ils rappellent aussi avoir eu la bonne idée de diminuer le nombre de représenta­tions après les 10 premières années pour prolonger le plaisir le plus longtemps possible. « Un jour, on a décidé de donner la priorité à Broue et d’organiser nos autres activités profession­nelles autour de l’horaire de Broue ».

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