Le Journal de Montreal - Weekend

DEUX NOMINATION­S EN DEUX ANS

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L’exploit n’est pas négligeabl­e. Pour une seconde année d’affilée, les producteur­s Luc Déry et Kim McCraw, de la boîte micro_scope, ont vu un de leurs films obtenir une nomination pour l’oscar du meilleur film en langue étrangère.

Maxime Demers Le Journal de Montréal

Après avoir vécu l’expérience pour la première fois l’an passé avec Incendies de Denis Villeneuve, les deux producteur­s montréalai­s fouleront donc de nouveau le tapis rouge des Oscars, demain soir, cette fois-ci pour accompagne­r le Monsieur Lazhar de Philippe Falardeau.

« Je crois qu’il y a quelque chose qui tient du hasard du fait que deux de nos films se rendent là deux années de suite, indique Luc Déry, en entrevue au Journal.

« C’est sûr qu’on s’est pincés, le matin ou on a appris la nomination de Monsieur Lazhar, ajoute sa complice, Kim Mccraw.

« De voir qu’on avait été choisis deux années de suite, on s’est trouvés pas mal winners !, lance-t-elle en riant.

Les deux producteur­s ont toujours cru au potentiel du quatrième long métrage de Philippe Falardeau, Mais ils admettent qu’ils n’auraient jamais cru au départ que le film se rendrait aussi loin.

« Monsieur Lazhar est un très beau film, très touchant, mais qui est plus sobre et simple que Incendies, observe Déry.

« On sentait que le film pouvait rejoindre un public plus large. Mais de là à faire l’unanimité dans la presse, les critiques et le public partout ou le film passe, ça nous a pris par surprise.

Il y a d’abord eu les deux prix au Festival de Locarno (en Suisse), là où le film a été lancé en première mondiale. Puis est arrivé un mois plus tard celui du meilleur film canadien au Festival de Toronto.

« Je dirais que c’est là qu’on s’est rendu compte que le film pourrait aller plus loin qu’on le pensait, signale Déry.

« Monsieur Lazhar était quand même en compétitio­n contre des films comme Café de Flore et A Dangerous Method (de David Cronenberg)… Je commençais à me dire qu’il y avait quelque chose qui se passait que je n’avais pas pu venir. »

LE F RUIT D’UNE LONGUE COLLABORAT­ION

Cette nomination aux Oscars a quelque chose de spécial pour Luc Déry qui travaille avec Philippe Falardeau depuis plus de dix ans. Il a produit son premier long métrage (La moitié gauche du frigo, en 2000) alors qu’il travaillai­t à la compagnie Quatre par Quatre.

Déry a par la suite fondé la boîte micro_scope avec laquelle il a produit les trois longs métrages suivants de Falardeau ( Congorama, C’est pas moi, je le jure ! et Monsieur Lazhar).

« J’étais extrêmemen­t content l’année passée avec Incendies, mais je dois dire qu’il y a un petit quelque chose de spécial de revivre cela cette année avec Philippe », admet Déry.

« Philippe est devenu un ami, ajoute Kim Mccraw qui s’est jointe à micro_scope peu de temps après sa création. Quand on fait un film, c’est souvent un processus qui dure deux ans, au moins. C’est notre 4e film avec Philippe, donc, on a fait beaucoup de chemin avec lui. »

La productric­e raconte en riant la réaction de Falardeau quand il a appris la mise en nomination de son film, le mois dernier.

« On était dans un chalet à Park City (en Utah) pour le festival de Sundance et on regardait l’annonce des nomination­s sur Internet. En entendant « from Canada », Philippe est parti à courir et a sauté dans les bras de Luc. À ce moment précis, c’est comme s’il avait huit ans et demi. C’était tellement beau à voir ! Je n’oublierais jamais cette image-là.

« Philippe le mérite tellement. Il travaille si fort et est si soucieux des films qu’il fait. Il ne tient pas à faire du box-office, mais il veut que ça réponde à un certain public. Il avait été un peu déçu avec C’est pas moi, je le jure ! et il ne comprenait pas vraiment pourquoi le film n’avait pas davantage rejoint les gens. Le succès de Monsieur Lazhar l’a donc rassuré dans son art. On était très contents pour lui. »

BON POUR LA SUITE

Cette seconde présence aux Oscars en deux ans attire forcément les projecteur­s sur le travail effectué par les deux producteur­s montréalai­s de micro_scope. Leurs prochains films - dont Inch’allah d’anaïs Barbeau-lavalette - pourraient donc en bénéficier.

« Je crois que les gens vont être intéressés de savoir ce qu’est notre prochain film, note Kim Mccraw. Il y a une petite lumière sur nous en ce moment et il faut en profiter pendant que ça passe. »

« En même temps, c’est le film qui doit faire ses preuves, nuance Luc Déry. Il n’y a pas un distribute­ur qui va acheter Inch’allah parce que c’est le nouveau film des producteur­s de Incendies et Monsieur Lazhar. Mais c’est sûr que ça fait en sorte qu’il y a une curiosité à l’endroit de nos prochains films. » √ Il a été beaucoup question du budget de Monsieur Lazhar la semaine dernière quand une animatrice du réseau anglophone Sun News a jugé que le film coûtait trop cher aux contribuab­les. Or, il est intéressan­t de noter qu’avec un budget minime de 3,7 M$, Monsieur Lazhar est, avec le film iranien Une séparation, le titre le moins coûteux des cinq longs métrages en lice pour le prix du meilleur film en langue étrangère.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Les producteur­s Luc Déry et Kim Mccraw retournent aux Oscars pour une seconde année d’affilée.
PHOTO D’ARCHIVES Les producteur­s Luc Déry et Kim Mccraw retournent aux Oscars pour une seconde année d’affilée.

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