Le Journal de Montreal - Weekend

NABILA TOURNE LA PAGE

- Marc-andré Lemieux MARC-ANDRE.LEMIEUX@JOURNALMTL.COM

Nabila Ben Youssef aura le coeur serré quand elle montera sur la scène du Théâtre St-denis, ce soir, à l’occasion de la dernière représenta­tion de son plus récent one woman show, Drôlement libre. L’humoriste ne s’en cache pas : tirer la plogue sur une tournée qu’elle a entamée il y a moins d’un an la chagrine énormément, d’autant plus que ses numéros sur la religion, la sexualité et le port du voile l’habitent encore.

« Je ne suis pas tannée de mon show ; je l’aime beaucoup, dit-elle en entrevue. Je n’ai pas fait une très grande tournée. Je commence à peine à m’amuser… »

Nabila essaie toutefois de prendre les choses avec philosophi­e.

« C’est fini, mais c’est comme ça. Il faut passer à autre chose, poursuit-elle. Je ne suis pas assez célèbre pour faire une très grosse tournée. Ça va changer avec le prochain spectacle, j’espère. »

Québécoise d’origine tunisienne, Nabila Ben Youssef a défrayé la chronique en 2005 avec le spectacle Arabe et cochonne, l’ancêtre de Drôle

ment libre. Piquant la curiosité des médias tout en provoquant l’ire des intégriste­s musulmans, la nouvelle venue a galéré pendant quelques années avant de voir sa carrière décoller.

Bien qu’elle n’ait pas encore fracassé de record aux guichets, celle qui fait désormais partie de l’écurie Juste pour rire se dit touchée par l’accueil que lui ont réservé les Québécois.

« J’aime leur ouverture d’esprit : je ris beaucoup d’eux dans le spectacle et ils n’ont aucun problème avec ça. Même si je ne suis pas née ici, je peux me moquer d’eux. C’est super. »

RÉSERVÉS, LES QUÉBÉCOIS !

Femme d’action, Nabila Ben Youssef n’attendra pas des mois avant de commencer l’écriture de son prochain one woman show. Parmi les thèmes dont elle souhaite traiter, signalons la séduction, ou plutôt l’absence de séduction qui prévaut entre les hommes et les femmes au Québec. L’humoriste effleure déjà le sujet dans Drôle

ment libre, mais la réaction du public est si forte qu’elle souhaite prolonger l’aventure.

« Les Québécois ne draguent pas les femmes, les Québécois ne courtisent pas les femmes. Résultat : il y a beaucoup de personnes seules ici. J’aimerais explorer ça dans le prochain show : les raisons derrière toute cette solitude. Pour communique­r, on est obligé d’utiliser Facebook, et d’autres moyens de communicat­ion virtuelle ! »

À 48 ans, Nabila Ben Youssef souhaite que son parcours inspire d’autres immigrants à tenter leur chance dans le milieu de l’humour. « J’espère qu’en me voyant, ils se disent : “si ça marche pour elle, ça peut marcher pour moi aussi.” Il faut foncer, persévérer et ne jamais lâcher. »

Autre preuve de sa déterminat­ion : elle voudrait aller présenter son spectacle au public français. « Je trouve que ça peut bien marcher là-bas, ditelle. Et ça pourrait me permettre d’étirer ma tournée ! » Nabila Ben Youssef met fin à sa tournée Drôle

ment libre ce soir au Théâtre St-denis 2 à 20 h.

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