Le Journal de Montreal - Weekend

En mouvement

- Raphaël Gendron-martin RAPHAEL.GENDRON-MARTIN@JOURNALMTL.COM

Ariane Moffatt a voyagé. Et elle s’est transformé­e. Son nouvel album, MA, qu’elle a conçu presque entièremen­t seule, reflète bien ses récentes expérience­s vécues à l’étranger. Joliment électro, ce disque pourrait très bien lui ouvrir pour de bon les portes de l’europe, mais aussi des États-unis.

Des entrevues comme celle que l’on a faite avec Ariane Moffatt, dans un café du Mile-end, près de son local de pratique, on en ferait tous les jours.

Artiste allumée et curieuse, l’auteurecom­positrice-interprète de 32 ans parle d’une foule de sujets, de son séjour de six mois à Paris, en 2009 et 2010 (« je restais dans un appartemen­t près de la République »), à ses nouvelles percées du côté du marché anglophone (« je suis terreà-terre, mais je pense que j’ai ce qu’il faut pour faire une carrière de ce côté-là »), en passant par ses inspiratio­ns musicales (« j’aime le côté organique des guitares et batteries des Black Keys et le retour du son des années 1980 m’a beaucoup influencée ») et la trame sonore du film de Bruce Lee, Enter the Dragon (« j’ai mis des échantillo­nnages de la trame sur la chanson Mon

corps, car je cherchais des textures »).

SEULE EN PISTE

Après son séjour en sol européen, Ariane s’est enfermée seule, dans un local du MileEnd — son quartier de prédilecti­on — où elle s’est amusée à composer des chansons, en anglais et français, sans se casser la tête.

Au bout d’un certain temps, elle a présenté son travail à son grand ami et complice, Jean-phi Goncalves (Beast), qui lui a suggéré d’engager un ingénieur de son. C’est ain- si qu’est arrivé Pierre Girard (Marie-pierre Arthur, Catherine Major), avec qui Ariane avait travaillé sur Tous les sens et Trauma. « À seulement deux, il y avait une intimité de collaborat­ion qui devait bien se passer », dit-elle.

Sur MA, Ariane Moffatt indique avoir joué de 85 à 90 % de tous les instrument­s. « Depuis longtemps, je m’imaginais dans un studio avec plein d’instrument­s et je me voyais tout faire. Je voulais avoir quelque chose le plus près possible de ce que j’entendais dans ma tête. »

Oui, elle a douté à quelques occasions, sans céder à la panique. Pour ce qui est de ses chansons anglophone­s et francophon­es, elle a pensé diviser l’album complèteme­nt en deux, afin de ne pas décevoir les francophil­es qui auraient pu être choqués de l’entendre chanter en anglais. « Mais finalement, je ne trouvais pas que c’était dérangeant. L’album était cohérent avec les deux langues », dit-elle.

CONTEMPLER LE VIDE

À ceux qui se demandent ce que signifie « MA », Ariane explique qu’il s’agit d’un concept d’espace-temps japonais. « C’est parti d’un article photograph­ique que j’ai vu dans le Courrier internatio­nal. Ça parle du vide comme substance, de l’espace entre deux choses qui fait en sorte que ces deux choses-là existent. Le vide n’est pas rien. Il y a quelque chose à contempler. En pensant à mes chansons, je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de mouvement. Je voulais parler de cette notion très urbaine de capter l’entre-deux. »

Elle qui touche toujours à plusieurs projets, Ariane a confié à Ghislain Poirier la direction artistique d’un album remix de cinq ou six de ses nouvelles chansons, qui comprendra­it des artistes d’ici et d’europe. Un livre de photos, avec SPG Le Pigeon, est aussi en chantier. Comme quoi, Ariane est toujours en mouvement.

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Ariane Moffatt, dans son local de pratique.
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