Le Journal de Montreal - Weekend

LE PASSÉ REVIENT

- Marc-andré Lemieux MARC-ANDRE.LEMIEUX@JOURNALMTL.COM

Pascale Picard a commencé à jouer de la guitare à l’âge de 13 ans. Comme toute bonne musicienne autodidact­e, c’est en grattant son instrument sur des titres bien connus du grand public qu’elle a perfection­né sa technique. Parmi ses premières tentatives, citons La poupée qui fait non de Michel Polnareff, Sad Lisa de Cat Stevens, Total Eclipse of the Heart de Bonnie Tyler et plusieurs tubes des Beatles. Elle se souvient aussi avoir repris NOFX, Catch 22 et Rod Stewart. « J’appelais mes amis pour leur jouer ça au téléphone !», raconte-t-elle en riant.

Le talent de la jeune femme n’a pas tardé à éclore. À 18 ans, elle a été engagée par le propriétai­re d’un restaurant situé à quelques pas de la maison familiale afin de divertir les clients pendant le repas.

Pascale Picard garde de bons souvenirs de cette période même si par moments, son emploi du temps lui pesait lourd sur les épaules. « On m’engageait pour que j’aille jouer dans des partys, dans des événements... Mais vers la fin, quand je rentrais chez moi le soir, je n’avais plus envie de jouer de la musique ou de composer de nouvelles tounes. C’est ça le danger: tu veux vivre de ta musique, mais quand tu joues les chansons des autres trois soirs par semaine dans un restaurant, t’as l’impression d’être un juke-box. C’est dur pour l’ego. »

L’auteure-compositri­ce-interprète aborde le sujet dans Annoying, une pièce tirée de Me, Myself & Us, son premier album paru en 2007.

« Après avoir écrit cette chanson-là, j’ai dit: “Ça suffit!” Quand je me suis rendu compte que j’étais écoeurée, pis qu’il y avait des moments dans la soirée où ça ne me tentait pas d’être là, j’ai tout lâché. Après, je me suis retrouvée à classer des radiograph­ies huit heures par jour. La job était pas mal plus plate, ça ressemblai­t beaucoup moins à ce que je voulais faire dans la vie, mais ça m’a donné l’élan qui me manquait. Parce qu’à force de faire quelque chose qui n’avait pas rapport durant toute la journée, j’ai retrouvé le goût de faire de la musique le soir. Je m’ennuyais de ma guitare. »

LA PRESSION

Pascale Picard en connaît un rayon sur la pression du deuxième album. Le printemps dernier, elle lançait A Letter to No One, le successeur de Me, Myself & Us, un premier opus vendu à plus de 300 000 exemplaire­s dans le monde. Voilà sans doute pourquoi la chanteuse et son groupe n’ont pas sursauté, l’automne dernier, quand Fabienne Larouche leur a proposé d’enregistre­r la bande sonore de la troisième saison de Trauma.

La formation québécoise savait dans quoi elle s’embarquait: l’offre d’ariane Moffatt, dont la voix avait bercé les deux premières saisons de la série, s’était écoulée à plus de 40000 exemplaire­s. Le concept demeurait le même: des relectures intimistes et acoustique­s de quelques classiques de la chanson anglophone.

Pascale Picard tenait beaucoup à faire partie de l’aventure. « Je n’aime pas m’éparpiller. Après le succès de notre premier album, on a reçu plein d’offres… et on les a presque toutes refusées. C’est important pour un artiste de ne pas tout accepter », explique la chanteuse.

« Mais quand Trauma est arrivé, j’ai tout de suite contacté notre maison de disques en France. Je ne voulais pas passer à côté de ce projet-là. C’était un beau prétexte pour faire un album de reprises. Et comme c’était une commande de Fabienne, ça nous donnait un cadre, des balises. »

D’ELVIS PRESLEY À BOB DYLAN

Fabienne Larouche et le quintette ont discuté de la sélection des chansons autour d’un café.

Parmi les titres qui se sont taillé une place sur l’album, citons Don’t Think Twice, It’s Alright de Bob Dylan, Hey, That’s No Way To Say Goodbye de Leonard Cohen, The Only Living Boy in New York de Paul Simon et As Tears Go By des Rolling Stones. « Je voulais faire ça le plus épuré possible. Ce n’est pas évident: on est cinq dans le band! s’exclame Pascale Picard. Il ne fallait pas trop en mettre. Ces chansonslà, elles sont déjà bonnes. »

La chanteuse et ses acolytes témoignent d’une grande retenue sur l’opus. « Tu n’as pas le choix de t’incliner devant des chansons comme It’s Now or Never d’elvis Presley, explique-t-elle. Il ne faut pas que t’essaies de voler le show ; tu dois y aller avec modestie. »

Le Pascale Picard Band n’a eu qu’une semaine pour enregistre­r l’album.

« On n’a pas eu beaucoup de temps pour se casser la tête. Ça faisait différent: on a travaillé sur notre deuxième album pendant un an, indique-t-elle. Des fois, tu te poses trop de questions, tu cherches trop. Pour Trauma, il n’y a rien eu de tout ça. « Elle n’est pas bonne, la take? Reprendsen une autre, mais c’est la dernière! » On a lâché prise. Il y a des erreurs qu’on a laissé passer. On s’est donné un break, pis en bout de ligne, on a tripé. »

« On s’était tellement mis de pression pour le deuxième album. On avait oublié que la seule affaire qu’on peut faire, c’est notre possible. »

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