S’OPPOSER AU SYSTÈME

La pièce porte à réfléchir. Si un dissident pose un geste grave pour dénoncer ou éveiller des consciences, est-il un monstre ou bien un héros ? Notre société se trouve-t-elle devant une impasse, menée par l’indifférence ? Un dissident peut choisir de crier et de se révolter. A-t-il raison de le faire ? « On souhaite, par la pièce Dissidents, amener le spectateur à se poser ce genre de questions. L’homme peut engendrer la violence ou le bien. Il y a toujours deux côtés à une médaille. L’homme en général est souvent habité par des contradictions sans en être toujours tout à fait conscient », estime le metteur en scène Patrice Dubois. « L’homme nous apparaîtra tantôt comme un monstre, puis comme un ange pour ensuite passer pour une victime. »

D’ailleurs, durant son interrogatoire, l’homme semblera confus, son esprit est ailleurs. Un dialogue finira par s’amorcer, où des banalités sont évoquées. Son discours laisse croire à un tissu de mensonges. Néanmoins, son mépris envers l’humanité transparaîtra par ses propos, tout comme une certaine détresse à pouvoir agir.

« On a affaire à un militant de gauche qui mène une vie normale sans être un politicien ou un environnementaliste, fait remarquer le metteur en scène. Le spectateur souhaitera découvrir la véritable identité de cet homme et du geste qu’il a potentiellement posé, qui est l’enjeu de la pièce. »

SE RESPONSABILISER

Selon l’auteur, Philippe Ducros, il revient à chacun de poser des gestes et des actes pour changer le monde. La responsabilité d’agir devrait interpeller chacun.

« Sans vouloir tenir un discours strictement écologiste ou essentiellement capitaliste, nous avons tenu dans cette pièce à exposer une situation dramatique tout en laissant la place aux spectateurs à réfléchir sur la position et le rôle qu’il joue dans la société et le potentiel d’action qu’il peut poser pour changer le monde », précise Patrice Dubois.

« Mon personnage réalise qu’il vit dans un monde qui n’est pas totalement en résonances avec ses propres valeurs et qu’il devra essentiellement prendre des actions afin d’agir sur son monde. »

Même s’il s’agit d’un dissident qui va se révolter, selon le metteur en scène, il s’agit d’un citoyen moyen avec qui le spectateur pourra s’identifier. Il tient un discours d’action tenant absolument à faire bouger les choses avec une volonté d’agir. Certains pourront le considérer comme un extrémiste alors que d’autres trouveront qu’il n’a fait que le minimum nécessaire.

Outre, les nombreux voyages que l’auteur a faits, notamment en Afrique, ce dernier s’est inspiré des nombreux faits que l’on retrouve dans notre actualité. « La pièce est inspirée de tout ce que l’on peut voir, entendre et lire à l’heure actuelle. Cependant, l’inspiration première de l’auteur est inspirée du constat de l’homme dans sa course effrénée au progrès à travers le temps qui a failli dans sa quête du toujours plus grand, plus gros et plus vite. Aujourd’hui, nous sommes en mesure de constater des erreurs commises et malheureusement on commet encore les mêmes erreurs », souligne le metteur en scène.

LA MANIPULATION

La pièce a aussi pour thème la manipulation. On peut manipuler tant pour ap- prendre des choses que pour se défendre. « L’homme nous parle de sa fille disparue, mais on se demandera si elle existe réellement. Toutefois, lorsqu’il parle de sa fille, des sentiments d’amour sont évoqués. Il raconte aussi qu’il aime encore sa femme, explique l’acteur. Mais on se demandera si tout cela est vrai. » Est-ce que le spectateur sera aussi manipulé ? Ça reste à voir…

Éveline Gélinas et Patrice Dubois