Le Journal de Montreal - Weekend
Le vrai monde de Michel Tremblay
Oubliez les objets, les décors de théâtre, les costumes et préparez-vous à plonger dans L’univers de Michel Tremblay avec un grand U. À l’image de l’auteur, le Musée de la civilisation (MCQ) mise sur le vécu, l’émotion et l’ambiance pour livrer un portrai
Ça me donne un trac différent de celui du théâtre ou d’un livre qui sort. C’est un trac plus personnel parce que c’est la première fois qu’on organise une exposition autour de ma personne. Pourquoi moi ? Qu’est-ce qu’on peut faire autour d’un écrivain ? Je ne sais pas à quoi m’attendre, mais c’est quand même fait par le Musée de la civilisation.
— Michel Tremblay
Aussi dans l’exposition qui sera présentée à Québec dès le 14 mars, il faut s’attendre à voir des images, beaucoup d’images ! Des extraits des Belles-soeurs, bien sûr, mais aussi des nombreuses pièces qu’il a écrites, des téléfilms et films dont il a écrit les scénarios, des témoignages vivants rendus par des comédiennes et des comédiens avec qui il a travaillé, des textes projetés sur les murs : tout ce qui fait partie du... vrai monde de Michel Tremblay.
« Je me plais à dire que ce n’est pas une exposition, mais une installation multimédia. La facture est très technologique et contemporaine, avec une approche impressionniste », explique la chargée de projet Lise Bertrand qui, avec son équipe, travaille sur L’univers de Michel Tremblay depuis près de deux ans. À elle seule, la recherche d’archives a nécessité environ neuf mois.
BOÎTE DE CHOCOLATS
« Comme il y a eu une exposition consacrée à Michel Tremblay il y a deux ans chez Loto-québec à Montréal, justement montée par René-richard Cyr (metteur en scène de l’adaptation musicale des Bellessoeurs) et alimentée par des décors de théâtre, nous ne voulions pas aller de ce côté. On a plutôt choisi d’évoquer le contexte et le climat qui ont inspiré Michel Tremblay, qui l’ont vu grandir », expliquet-elle, rappelant qu’il est l’un des premiers à avoir fait du théâtre en joual et qu’il a su parler des gens simples.
« Il n’y a qu’un seul objet appartenant à Michel Tremblay et c’est la boîte de chocolats dans laquelle sa mère conservait précieusement toutes les photos de famille. Les photographies de ceux qui ont inspiré Michel Tremblay dans toute son oeuvre. L’univers de Michel Tremblay, c’est sa vie à lui. La boîte de chocolats a aussi été le point de départ de notre inspiration et c’est elle qui accueillera les visiteurs », précise la co-idéatrice de l’exposition.
TROIS UNIVERS
Dans la salle encore en chantier, on peut voir trois cubes blancs qui représenteront trois univers différents. Plongés dans le noir, ils serviront d’écrans. Intitulé L’enfant sous la table, le premier cube est consacré à l’imaginaire de Tremblay et à ses sources d’inspiration : les conversations glanées alors qu’il était caché sous la table de la cuisine et les livres qu’il aimait lire, de Jules Verne à Agatha Christie, en passant par Hergé et Gabrielle Roy.
Le second est entièrement consacré aux Belles-soeurs, le chef-d’oeuvre de Tremblay qui, tout en étant joué partout dans le monde, 47 ans après sa parution, connaît une nouvelle vie avec le théâtre musical Belles-soeurs, dont la première parisienne empêchera Michel Tremblay d’être présent lors de l’inauguration de l’exposition au MCQ.
« Le troisième cube, précise Lise Bertrand, rappelle les clubs de la Main. Les amoureux de l’oeuvre de Tremblay seront servis puisqu’ils pourront visionner quelque 90 minutes d’archives sur des postes d’écoute. En entrant, les visiteurs découvriront cinq moments dans la vie de Michel Tremblay, son enfance, son adolescence, l’époque des Belles-soeurs, l’universalité de son oeuvre à travers plusieurs thèmes, dont l’homosexualité, la condition des femmes, les hommes dans le milieu ouvrier... et la diffusion internationale de son oeuvre. »
DANS L’AMBIANCE
« Il y aura des projections géantes d’ambiance. Raymond Saint-jean, concepteur du multimédia avec Jimmy Lakatos, a tourné des images des ruelles, de la vie du Plateau-mont-royal à toutes les saisons. Gaëtan Gravel nous a fait une très, très belle bande sonore. Les gens vont entendre des sons de ruelle, des enfants qui jouent et aussi de la musique. »
« On a trouvé toutes les musiques auxquelles Michel Tremblay fait référence dans ses oeuvres et on lui a aussi demandé de nous fournir la liste de ses musiques favorites. La musique va chercher l’émotion... », soutient la chargée de projet, ajoutant qu’il y a même des bancs du parc Lafontaine prêtés par la Ville de Montréal.
« Je souhaite que les jeunes viennent visiter L’univers de Michel Tremblay, c’est l’une des raisons pour lesquelles on a opté pour une facture très techno et très contemporaine », confie-t-elle en terminant.