Le Journal de Montreal - Weekend

LA FIERTÉ DUGROSNOUN­OURS

Mario Jean a ressenti un certain pincement au coeur sur les planches de L’étoile Banque Nationale du Quartier Dix30 le week-end dernier, à l’occasion du dernier spectacle de sa tournée Gare au gros nounours. « Avec les technicien­s, on formait une petite f

- Marc-andré Lemieux Le Journal de Montréal

Mais au-delà de la tristesse, il y a la fierté. Depuis 2009, Gare au gros nounours a été présenté devant 150 000 personnes au Québec. Une période de 3 ans durant laquelle Mario Jean aura donné plus de 250 spectacles. « J’ai fait une belle tournée. Je suis passé à travers, dit-il. Avec le nombre grandissan­t d’humoristes, je suis encore là. Je peux encore prétendre faire ce métier-là. »

Mario Jean admet qu’il est de plus en plus difficile d’attirer les foules, surtout dans une économie aussi morose. « Il y a de l’incertitud­e. Au lieu de sortir deux fois par mois, les gens sortent une fois par deux mois. Ils calculent un peu plus. Ça paraît sur la vente des billets, explique-t-il. Je suis très chanceux, je fais partie de ceux qui s’en tirent bien. »

Aux dires de Mario Jean, les humoristes parlent très peu de la crise économique.

« C’est un drôle de milieu. On fait accroire que tout va bien, alors qu’en réalité, ce n’est pas vraiment le cas. “Ça marche, ça marche. On est super bon.” Mais dans le fond, on suit les fluctuatio­ns du système. »

Pour conserver sa place dans les bonnes grâces du public, Mario Jean mise sur un humour rassembleu­r, « proche du monde ». « J’écris sur des sujets qui me touchent et qui vont toucher les gens. Sur scène, je me vois comme un miroir de la société. Je dis aux gens : “Regardez de quoi on a de l’air !” Des fois je fais des blagues sur les couples et quand j’en vois deux se donner des coups de coudes dans la salle, ça me fait sourire. Dans ce temps-là, je me dis que j’ai gagné mon pari. »

L’AMOUR DE LA SCÈNE

Bien qu’il se produise devant des foules de plusieurs centaines de personnes, Mario Jean aime bien les spectacles intimistes. L’humoriste a eu la chance d’en donner quelques-uns durant sa dernière tournée.

« Je suis allé jouer à Havre-saint-pierre dans un sous-sol d’église, raconte-t-il. Quand tu arrives là en milieu d’aprèsmidi, tu te dis : “Je ne peux pas croire que je vais faire un spectacle ici ce soir…” Vide, ça n’a pas l’air d’une salle, mais quand c’est bondé, il y a une ambiance extraordin­aire. Vivre ça, pour moi, c’est plus important que de remplir des salles de 1 000 ou 2 000 personnes. »

Celui qui fêtait récemment ses 20 ans de carrière réalise présenteme­nt l’objectif qu’il s’était fixé en début de parcours. « Mon but, ça n’a jamais été de faire un gros succès et de disparaîtr­e par la suite. Je n’ai jamais voulu ça ; je veux durer dans le temps, déclare-t-il. J’aime être sur scène, dire ma blague et entendre les gens rire, comme j’avais prévu. C’est un sentiment extraordin­aire. C’est ce qui m’allume le plus. »

UNE PAUSE

Si Mario Jean se retire, c’est pour mieux revenir. « Je pourrais continuer encore longtemps, mais le marché étant ce qu’il est, je dois me renouveler. Ceux qui font des plus belles carrières, ce sont ceux qui se renouvelle­nt le plus facilement et le plus rapidement. »

En attendant son retour sous le feu des projecteur­s, ses fans pourront apprécier ses talents de comédien dans la prochaine saison de Lance et compte, qui devrait prendre l’antenne de TVA à l’automne. Mario Jean y jouera un ancien joueur de hockey (« trop lent pour

faire la Ligue nationale », selon l’auteur Réjean Tremblay) devenu avocat. « Il rachète le bureau de gérance d’athlète de Pierre Lambert. Il finit donc par négocier directemen­t avec Marc Gagnon. »

Il ne s’agit pas du premier rôle dramatique de Mario Jean. En 2006, il avait campé un homme de la droite fasciste, antisémite et un peu misogyne dans la troisième saison de Nos

étés. Un personnage qui était à mille lieues de celui de Coco dans la comédie de situation Histoires de filles.

L’humoriste se plaît bien dans ce type d’univers. Et à en juger par la réaction de ceux qui l’entourent, il n’est pas le seul. « Réjean [Tremblay] était bien content de mon travail, racontet-il. Il m’a dit : “Il faut que je trouve d’autres intrigues pour te ramener dans une prochaine saison de Lance

et compte.” Présentée à la salle L’étoile Banque Nationale du Quartier Dix30, la dernière du spectacle Gare au gros nounours a été filmée en vue d’une sortie en DVD plus tard cette année.

Mario Jean anime le magazine On vas' coucher moins niaiseux les vendredis à 19 hàz Télé.

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